Ce samedi 26 avril, le monde avait les yeux rivés sur la place Saint-Pierre du Vatican, où plusieurs centaines de milliers de personnes se sont amassées pour rendre un dernier hommage au pape François. Au premier rang, les privilégiés, dont les princes de l’Église et les dirigeants du monde entier, ont pu assister aux funérailles du souverain pontife dirigées par le cardinal Giovanni Battista Re. Plusieurs rois, reines, princes héritiers et autres royautés d’Europe et au-delà, ont assisté aux funérailles du 266e chef de l’Église catholique.
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Le pape François une dernière fois face à ses fidèles sur la place Saint-Pierre
Le lundi de Pâques, le 21 avril 2025, le pape François, né Jorge Mario Bergoglio en Argentine, décédait à 88 ans dans sa résidence, la Maison Sainte-Marthe, au Vatican. Le pape François est mort des suites d’un AVC, alors qu’il était toujours en convalescence, rentré chez lui depuis un mois, après avoir été hospitalisé pendant cinq semaines pour une double pneumonie. D’abord mis en bière à Sainte-Marthe et exposé pour quelques proches et hauts dignitaires dans la chapelle de la résidence, la dépouille avait été translatée vers la basilique Saint-Pierre mercredi, afin que les catholiques puissent lui rendre un hommage devant son cercueil ouvert à la vue de tous. Plus de 250 000 personnes se sont rendues devant son cercueil entre mercredi et vendredi.


Ce samedi 26 avril 2025, les funérailles du pape François, organisées par son camerlingue Kevin Farrell, ont suivi le rituel codifié dans l’Ordo Exsequiarum Romani Pontificis. Le pape François avait lui-même révisé le rituel, il y a un an, afin de simplifier la cérémonie.



Ce samedi, le souverain pontife gisant était exposé une dernière fois sur le parvis de la basilique Saint-Pierre, face à des centaines de milliers de fidèles. Environ 250 000 personnes étaient attendues mais selon certaines estimations, près d’un demi-million de personnes se trouvaient sur la place et dans les rues adjacentes. C’est aussi sur cette place qu’il avait eu le courage de faire sa dernière apparition, le dimanche de Pâques. Depuis la loggia centrale de la basilique, le pape François avait prononcé non sans peine la bénédiction Urbi et Orbi pour Pâques, puis il avait offert un dernier bain de foule à ses fidèles, en se déplaçant à bord de sa papamobile.



Environ 220 cardinaux, considérés comme les princes de l’Église, étaient réunis proches du cercueil pour assister au plus près aux funérailles du chef de l’Église. Des centaines d’évêques et des milliers de prêtres étaient également présents. Au premier rang, les présidents, monarques et chefs de gouvernement ont assisté à la célébration dirigée par le cardinal Giovanni Battista Re, doyen du Collège des cardinaux. Le président américain Donald Trump était présent, ainsi que son prédécesseur, l’ancien président Joe Biden, qui fut le premier président américain catholique depuis John F. Kennedy. Le président français Emmanuel Macron, la présidente indienne Droupadi Murmu, la présidente de l’Union européenne Ursula von der Leyen, le président brésilien Lula ou encore le président ukrainien Zelensky et le président argentin Milei faisaient partie de la soixantaine de présidents présents.



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Les souverains catholiques aux funérailles du pape François
Le roi Philippe de Belgique et le roi Felipe VI d’Espagne, les deux seuls rois catholiques du continent européen, ont assisté aux funérailles du souverain pontife avec leur épouse. Le roi Philippe était accompagné de la reine Mathilde, et le roi Felipe VI était accompagné de la reine Letizia. En janvier 2023, les funérailles du pape Benoît XVI avaient été boudées par les présidents et les monarques. Parmi les royautés, seuls le roi Philippe et la reine Mathilde y avaient assisté, ainsi que la reine émérite Sofia, la mère du roi Felipe.


Autres royautés de premier plan, les chefs d’État d’une monarchie catholique. La principauté de Monaco et la principauté de Liechtenstein sont les deux seuls pays européens à avoir le catholicisme pour religion d’État. Le prince Albert II de Monaco était donc présent avec son épouse, la princesse Charlène. Du côté du Liechtenstein, le souverain Hans-Adam II a légué ses prérogatives à son fils, le prince héréditaire Alois, qui agit en tant que régent depuis 2004. Le prince héritier Alois était accompagné de son épouse, la princesse héritière Sophie. Sophie est née au sein de la très catholique famille royale de Bavière.

La principauté d’Andorre promet la protection du catholicisme dans sa constitution mais ne la considère pas comme religion d’État. Cependant, les liens entre Andorre et l’Église sont très étroits puisque la principauté est dirigée par deux coprinces. Le premier coprince, pour des raisons historiques est le président français Emmanuel Macron. Le deuxième coprince est l’archevêque d’Urgell, Mgr Joan-Enric Vives i Sicília. Parmi les monarques catholiques, se trouvait aussi le grand-duc Henri de Luxembourg. Le souverain luxembourgeois, qui a prévu son abdication pour le mois d’octobre, était accompagné de son épouse, la grande-duchesse Maria Teresa.


Le roi Philippe et la reine Mathilde, ainsi que le grand-duc Henri de Luxembourg et la grande-duchesse Maria Teresa, font partie des derniers monarques ayant eu l’honneur d’inviter chez eux le pape François. Fin du mois de septembre 2024, le pape François a effectué un voyage exceptionnel au Luxembourg et en Belgique. La famille royale belge a un lien spécial avec le Saint-Siège et les papes. Lors de sa venue en septembre, le pape François a annoncé le lancement du processus en béatification du roi Baudouin, oncle du roi Philippe mais aussi oncle du grand-duc Henri. Concernant la famille grand-ducale, elle expose fièrement chez elle la Rose d’or que la grande-duchesse Charlotte avait reçu du pape Pie XII en 1956. Elle est à ce jour la dernière personne à avoir reçu une Rose d’or, un ornement béni et précieux que remettent les papes aux personnes illustres depuis le 11e siècle.

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Les royautés nordiques et protestantes aux funérailles du pape François
D’autres royautés non-catholiques ont assisté aux funérailles. Le roi Carl XVI Gustaf de Suède, qui assistait déjà aux funérailles de son cousin germain, le prince Andreas ce jeudi, était présent au Vatican ce samedi avec son épouse, la reine Silvia.

Le roi de Suède était le seul roi scandinave et luthérien présent aux funérailles, pour des raisons de calendrier. Le roi Frederik X de Danemark n’a pas pu être présent, en raison de son voyage officiel prévu de longue date au Japon. Il était donc représenté par son épouse, la reine Mary. Le roi Harald V, âgé de 88 ans, n’assiste plus à des manifestations internationales de grande ampleur, en raison de ses problèmes de mobilité. Son épouse, la reine Sonja, qui est restée une nuit en observation à l’hôpital en début de semaine, est toujours en convalescence. C’est donc le prince héritier Haakon, qui représentait son père, accompagné de son épouse, la princesse héritière Mette-Marit.

Le roi Charles III du Royaume-Uni était également absent. Les souverains britanniques n’assistent normalement pas aux couronnements et aux funérailles des chefs de monarques étrangers. Une des rares exceptions fut la présence de la reine Elizabeth II aux funérailles du roi Baudouin. Le roi Charles était donc représenté par son fils aîné, le prince William, prince de Galles. Les véritables absents de ces funérailles étaient les souverains néerlandais. Ce 26 avril, le roi Willem-Alexander fête son anniversaire lors de grandes manifestations publiques dans son pays. L’anniversaire du souverain est aussi le jour de fête nationale. Il est de coutume que l’ensemble des membres de la famille Orange-Nassau, y compris les cousins, assistent à des festivités durant toute la journée.

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Les royautés du bout du monde rendent hommage au souverain pontife
Le discret roi Letsie III du Lesotho a assisté aux funérailles du souverain pontife. Sa présence était d’autant plus importante qu’il est l’unique monarque africain de confession catholique. Le Lesotho, petit royaume enclave dans l’Afrique du Sud, compte environ deux millions d’habitants dont la quasi-totalité est chrétienne, grâce au premier roi Moshoeshoe, qui a christianisé son pays dans les années 1830. Aujourd’hui, la population est presque divisée à parts égales entre les courants protestants et le catholicisme, religion dans laquelle sont baptisés les membres de la famille royale.

Le prince Carlos de Bourbon de Parme, duc de Parme, cousin germain du roi Willem-Alexander, a assisté aux funérailles, bien que celui-ci ne soit pas officiellement un représentant du Roi. Le prince Carlos est le fils aîné de la princesse Irène des Pays-Bas, tante du roi Willem-Alexander. C’est à titre privé, en tant que chef de la très catholique famille royale de Parme, que le prince Carlos a assisté aux funérailles du souverain pontife.

C’est également en raison des liens étroits qui lient l’Italie au Saint-Siège que le prince Emmanuel-Philibert de Savoie, actuel chef de la famille royale d’Italie, était présent au Vatican. Le prince Emmanuel-Philibert est le petit-fils du roi Humbert II d’Italie. Depuis la signature des accords de Latran en 1929, durant le pontificat de Pie XI, le Saint-Siège est confiné dans les 44 hectares du Vatican. Autrefois, les États pontificaux s’étendaient sur une large partie du centre de l’Italie et possédaient des territoires morcelés en Europe. Lors de l’unification de l’Italie, le nouveau royaume dirigé par les rois de Sardaigne de la famille de Savoie, ont annexé les États pontificaux puis Rome en 1870, jusqu’à la signature des accords de Latran qui ont mis fin à la question romaine.
Le prince Pedro de Bourbon des Deux-Siciles, descendant des souverains des Deux-Siciles, un royaume qui couvrait la moitié sud de l’Italie avant l’unification de celle-ci en un unique royaume, a assisté aux funérailles avec son épouse, la princesse Sofia, et leurs sept enfants.
Des présidents et monarques au-delà de l’Europe avaient fait le déplacement. Le roi Mohammed VI du Maroc avait envoyé son fils, comme à l’accoutumée. Le prince héritier Moulay El Hassan représente habituellement son père, le roi du Maroc n’était normalement pas habitué à assister à des funérailles de chef d’État étranger. Le roi Abdallah II et la reine Rania de Jordanie, qui ont eu l’occasion de rencontrer le pape François à plusieurs reprises, souhaitaient lui rendre cet hommage. La reine Rania s’était rendue au Vatican en février dernier, une semaine avant la longue hospitalisation du pape, pour participer au sommet dédié aux droits des enfants qu’avait organisé François.
L’émir du Qatar a envoyé l’un de ses frères pour le représenter au Vatican, le cheikh Thani ben Hamad ben Khalifa Al-Thani. Le premier ministre qatari, qui est aussi un prince de la famille royale, le cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al Thani, l’accompagnait. Les Émirats arabes unis étaient représentés par le prince héritier d’Abu Dhabi, le cheikh Khaled ben Mohamed Al Nahyan.
Des funérailles sur le parvis de la basilique Saint-Pierre à l’inhumation dans la basilique pontificale Sainte-Marie-Majeure
La messe des funérailles est la première des neuf messes qui seront célébrées jusqu’au 4 mai, comme le prévoit l’Ordo Exsequiarum Romani Pontificis. Les cardinaux en pourpre portaient leur mitre blanche en tissu damassé et les évêques portaient leur simple mitre blanche et leurs vêtements liturgiques rouges.

Lors de la messe, les actes des apôtres, la lettre de Saint Paul aux Philippiens, et un passage de l’Évangile de Jean ont été lus. L’homélie a été préparée par le doyen du Collège cardinalice qui en a donné la lecture. Les intentions pour la prière universelle ont été prononcées en français, arabe, portugais, polonais, allemand et chinois, avant la liturgie eucharistique, la communion des fidèles et le rite du dernier adieu. La célébration était accompagnée par le chœur de la Chapelle Sixtine.

Après les funérailles le cercueil du pape François a été transporté vers la basilique pontificale Sainte-Marie-Majeure, où selon ses dernières volontés, il a choisi d’être inhumé. Le cortège funèbre a parcouru environ quatre kilomètres dans les rues de la capitale italienne, rappelant que le pape n’était pas seulement le chef d’État du Vatican mais aussi l’évêque de Rome. Un groupe de personnes démunies a accueilli le cercueil devant la basilique, avant de rejoindre l’autel. L’inhumation en elle-même s’est déroulée de manière privée. Le cercueil a été scellé par le camerlingue, avant d’être déposé dans la tombe et une dernière fois aspergé d’eau bénite. Le tombeau est fait dans un marbre provenant du village de Ligurie d’où étaient originaires ses ancêtres italiens.