Ce 3 octobre 2025, le grand-duc Henri de Luxembourg a abdiqué en faveur de son fils aîné, Guillaume, qui a officiellement pris ses fonctions en prêtant serment quelques minutes plus tard face aux députés luxembourgeois. Le grand-duc Guillaume a entamé son règne ce vendredi en jurant « d’observer la Constitution et les lois ».
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Le grand-duc Guillaume prête serment à la Chambre des députés après l’abdication de son père
À 10 heures, ce vendredi 3 octobre 2025, le grand-duc Henri de Luxembourg, 70 ans, tournait officiellement une page de la monarchie luxembourgeoise. En apposant sa signature sous son acte d’abdication, le grand-duc Henri a mis fin à son règne de 25 ans. À 11 heures, son fils aîné, Guillaume, devenait officiellement le nouveau grand-duc de Luxembourg à 43 ans, en prêtant serment devant la Chambre des députés.

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L’abdication des grands-ducs de Luxembourg est devenue une tradition, depuis la première abdication de la grande-duchesse Marie-Adélaïde en 1919. Sa sœur, la grande-duchesse Charlotte a abdiqué en 1964 et le fils de Charlotte, le grand-duc Jean a abdiqué en faveur de son propre fils, Henri, en 2000. Le grand-duc Henri a décidé de laisser son trône à son fils Guillaume après vingt-cinq années de loyaux services. L’abdication s’est déroulée au palais grand-ducal, en présence de toute la famille grand-ducale, du roi Philippe et de la reine Mathilde de Belgique, accompagnés de l’héritière du trône belge, la princesse Élisabeth. Le roi Willem-Alexander et la reine Máxima des Pays-Bas étaient également présents avec leur fille, la princesse Catharina-Amalia.

Quelques minutes plus tard, le temps de traverser la rue du Marché-aux-Herbes, il était temps pour Guillaume d’assumer sa destinée. Guillaume a été grand-duc héritier durant 25 ans. En octobre 2024, le grand-duc Henri avait déjà confié la lieutenance à son héritier. Depuis un an, Guillaume jouissait déjà de l’ensemble des prérogatives du chef d’État en sa qualité de lieutenant-représentant, qui est l’équivalent d’un titre de régent.

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Il y a un an, Guillaume s’était déjà retrouvé face aux députés, dans la salle plénière de la Chambre des députés pour prêter serment en tant que lieutenant-représentant. Le serment prononcé ce vendredi lui a permis d’obtenir le titre de grand-duc de Luxembourg. Guillaume est officiellement devenu le chef d’État du Luxembourg, le dernier grand-duché pays au monde. Selon la constitution luxembourgeoise, entre l’abdication ou le décès du grand-duc, et la prestation de serment du nouveau grand-duc, le gouvernement est officiellement considéré comme le chef d’État temporaire.

Le parlement luxembourgeois est monocaméral, uniquement composé de la Chambre des députés qui compte 60 députés. L’ancien président du Parti populaire chrétien-social (CSV), Claude Wiseler, est le président de la Chambre depuis 2023. La Chambre des députés est élue au suffrage universel dans un pays où le vote est obligatoire entre 18 et 75 ans. Élus pour un mandat de cinq ans, les députés se réunissent dans la salle plénière de la Chambre depuis 165 ans. Ce bâtiment jouxte le palais grand-ducal. Il fut construit entre 1858 et 1860. Avant cette date, le parlement se réunissait à l’Hôtel du gouvernement, qui est à présent devenu le palais grand-ducal. Le grand-duc de Luxembourg étant le roi des Pays-Bas jusqu’en 1893, il n’y avait pas de palais grand-ducal à proprement parler.

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Le premier ministre et le président de la Chambre des députés assistent à ce changement de trône avec confiance
Avant de prêter serment, deux discours ont été prononcés, celui du premier ministre Luc Frieden et celui du président de la Chambre des députés, Claude Wiseler. « En tant que symbole de la Nation, vous êtes le garant de l’unité et de l’indépendance du Luxembourg. En votre qualité de chef de l’État, vous incarnez la continuité de nos institutions. La force de la monarchie constitutionnelle réside précisément dans cette continuité et cette stabilité, indépendantes des contingences du quotidien politique », a rappelé le premier ministre.

« Comme jadis, nous ignorons aujourd’hui ce que nous réservent les années à venir. Cependant, aujourd’hui n’est pas un jour d’incertitude. Bien au contraire : c’est un moment d’assurance. Car, Monseigneur, nous vous connaissons. Je sais que vous serez un chef de l’État soucieux de contribuer au succès de notre pays, attentif aux préoccupations de nos concitoyens et animé d’un intérêt sincère pour la diversité des questions qui marquent notre époque ».

Le président de la Chambre des députés a commencé son discours en remerciant le grand-duc Henri et la grande-duchesse Maria Teresa pour leurs 25 années de travail. Claude Wiseler a ensuite remercié le roi et la reine des Belges ainsi que le roi et la reine des Pays-Bas pour leur présence, sans oublier de rappeler l’importance de la présence de la présidente du Parlement européen et la présence du président du Conseil européen. En s’adressant à Guillaume, Claude Wiseler a déclaré : « Vous êtes né et vous avez grandi ici au Luxembourg. Vous connaissez notre pays et son peuple. Dès votre plus jeune âge, vous avez été préparé à votre rôle de Grand-Duc et de chef d’État et vous avez assumé la fonction de lieutenant-représentant il y a presque un an. Aujourd’hui, le moment est venu. Le grand-duc Henri a décidé de vous céder le trône. Parce que c’est le bon moment. Parce que vous êtes prêt ».

Guillaume de Luxembourg officiellement investi de ses prérogatives de chef d’État
Le grand-duc de Luxembourg est le chef de l’État, tel que le conçoit l’article 44 de la Constitution. Le grand-duc doit prêter serment de respecter la constitution et les lois de l’État. Pour prêter ce serment, le grand-duc Guillaume a levé sa main droite et a répété le serment prononcé par le président de la Chambre : « Je jure d’observer la Constitution et les lois et de remplir fidèlement mes attributions constitutionnelles ». Ce serment est écrit tel quel à l’article 57 de la Constitution et le refus de le prononcer serait considéré comme la renonciation au rôle de chef d’État, précise ce même article. Le serment a été revu au fil du temps, y compris celui prononcé par les fonctionnaires et élus locaux. La formule a été simplifiée et a été rendue laïque en supprimant l’invocation « Ainsi Dieu me soit en aide ! ».

Par ce serment, le grand-duc Guillaume obtient l’ensemble des prérogatives du chef de l’État mais il est aussi tenu de respecter ses devoirs et d’en rendre compte au peuple, représenté par les députés. La Chambre des députés peut, avec consultation du gouvernement et du Conseil d’État, renverser le grand-duc en votant son abdication forcée par une majorité qualifiée. La Constitution liste l’ensemble des droits et devoir du chef de l’État, qui est aussi le commandant de l’armée, sous la responsabilité du gouvernement. Pour garantir sa neutralité, tout acte public doit être validé par un contreseing ministériel et lors de ses déplacements et apparitions publiques, cet aval ministériel est symbolisé par la présence à ses côtés d’un représentant du gouvernement.

Une fois Grand-Duc, Guillaume a prononcé son tout premier discours en tant que souverain. Contrairement à ses prédécesseurs, Guillaume a prononcé son discours du Trône debout devant son trône et non assis sur le trône. Ce trône est un ancien siège confectionné vers 1850, destiné à la salle des chevaliers de l’ancien château de Berg. Il fut utilisé comme trône par la grande-duchesse Charlotte à diverses occasions durant son règne. Son fils, le grand-duc Jean, a utilisé ce trône le jour de sa prestation de serment en 1964. Le grand-duc Henri avait choisi un autre trône. Le nouveau grand-duc Guillaume reprend donc le trône de son grand-père. Le siège a subi récemment des travaux de restauration et le monogramme de Guillaume a été marqué au fer rouge dans un montant un bois du siège. Le trône est le principal objet utilisé dans le décorum luxembourgeois pour symboliser le pouvoir monarchique, contrairement à d’autres monarchies qui utilisent une couronne, un sceptre ou d’autres regalia.

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Le chef de l’État représente son pays et sa présence lors d’un événement national ou international symbolise le soutien du pays tout entier. Lorsque le chef de l’État est à l’étranger, il représente à lui seul tout le Luxembourg car ses actions sont menées au nom de l’État. Le Grand-Duc incarne l’indépendance et l’unité de la nation et donc la continuité de l’État luxembourgeois. Il intervient dans les trois piliers du pouvoir, puisqu’il promulgue les lois (pouvoir législatif), il participe à leur exécution (pouvoir exécutif) et les arrêtes de justices sont exécutés en son nom (pouvoir judiciaire).
Les articles 44 à 55 de la Constitution détaillent l’ensemble des devoirs du souverain. Depuis 2009, le grand-duc de Luxembourg n’a plus de pouvoir de véto et la signature des lois votées par la Chambre des députés doit être apposée trois mois après leur adoption. La dernière modification de la constitution date de 2023 et depuis lors, le Grand-Duc s’est vu confier une tâche supplémentaire. En accord avec le gouvernement, il peut désormais prendre des règlements pour appliquer le droit de l’Union européenne. Le Grand-Duc fait et défait les traités internationaux.
Le Grand-Duc peut fixer des élections anticipées si la Chambre des députés vote une motion de censure contre le gouvernement.
Dans un cas de crise exceptionnelle ou d’une urgence, comme dans une situation de guerre, le Grand-Duc peut prendre des mesures d’urgence en accord avec le gouvernement, dans l’éventualité où la Chambre ne serait pas en mesure de se réunir. Officiellement, c’est le Grand-Duc qui nomme le premier ministre, les membres du gouvernement et les agents les plus hauts gradés des emplois publics. Le Grand-Duc est le commandant des armées, sous la responsabilité du gouvernement. Officiellement, les jugements sont rendus dans les cours à son nom, bien qu’il ne puisse jouer aucun rôle dans les décisions. Enfin, il a le pouvoir de gracier ou réduire une peine, mais cela se fait uniquement dans le respect d’un cadre précis, avec l’accord de différentes instances disciplinaires et judiciaires, et en accord avec le gouvernement.