Margareta de Roumanie perpétue une tradition séculaire en réunissant le corps diplomatique autour de la famille royale au palais royal

La Gardienne de la Couronne a organisé sa traditionnelle soirée en l’honneur du corps diplomatique au palais royal de Bucarest, ce lundi 15 décembre. Margareta de Roumanie perpétue une tradition initiée en 1866 par Carol 1er. Face aux ambassadeurs étrangers en poste à Bucarest, Margareta de Roumanie a fait le point sur l’année écoulée et affirmé le rôle actuel de la famille royale roumaine, qui est « d’assurer une continuité historique dans son dévouement aux intérêts et aux objectifs » de la nation.

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Margareta de Roumanie réunit les ambassadeurs étrangers au palais royal de Bucarest avant Noël

Ce 16 décembre 2025, dans la salle du Trône du palais royal, l’ancien lieu de travail des rois de Roumanie aujourd’hui en partie transformé en musée, Margareta de Roumanie a organisé sa réception annuelle en l’honneur du corps diplomatique en poste à Bucarest. La Gardienne de la Couronne, fille aînée du roi Michel 1er, a pour coutume d’organiser cette soirée de fin d’année qui permet de consolider le lien important que la famille royale de Roumanie maintient avec le monde diplomatique et les hauts dignitaires étrangers accrédités à Bucarest.

Margareta de Roumanie, Gardienne de la Couronne, et son époux, le prince Radu au palais royal de Bucarest ce lundi 15 décembre 2025 (Photo : Daniel Angelescu și Alexandra Curea-Gogu, Casa Majestății Sale)
Quatre des cinq filles du roi Michel 1er réunies au palais royal de Bucarest : la princesse Elena, la Gardienne de la Couronne, la princesse Sofia et la princesse Maria (Photo : Daniel Angelescu și Alexandra Curea-Gogu, Casa Majestății Sale)
Les membres de la Maison de Sa Majesté entourant la famille royale (Photo : Daniel Angelescu și Alexandra Curea-Gogu, Casa Majestății Sale)

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La Gardienne de la Couronne était entourée de son époux, le prince Radu, et de trois de ses quatre sœurs, la princesse Elena, la princesse Sofia et la princesse Maria. Un détachement musical du ministère de la Défense nationale a interprété l’hymne royal, avant le discours de la Gardienne de la Couronne. Comme le veut la tradition, le doyen du corps diplomatique est le nonce apostolique, Mgr Giampiero Gloder, qui répond en prononçant son discours au nom de tous les ambassadeurs présents. Cette année, le président du Sénat roumain, Mircea Abrudean, était présent et a prononcé un discours.

La famille royale accueille le nonce apostolique et les ambassadeurs (Photo : Daniel Angelescu și Alexandra Curea-Gogu, Casa Majestății Sale)
Le président du Sénat roumain salue Margareta de Roumanie (Photo : Daniel Angelescu și Alexandra Curea-Gogu, Casa Majestății Sale)

En février 1866, le parlement roumain élit à l’unanimité le prince Charles de Hohenzollern-Sigmaringen comme chef d’État. Le 10 mai, le nouveau souverain de la principauté, qui a pris le nom de règne de Carol 1er, entre en Roumanie. En décembre 1866, pour clore sa première année de règne, Carol 1er organise une grande réception pour le corps diplomatique. Carol 1er accueille les premiers ambassadeurs étrangers dès décembre 1866.

Les invités saluent un à un les membres de la famille royale à leur arrivée au palais royal de Bucarest (Photo : Daniel Angelescu și Alexandra Curea-Gogu, Casa Majestății Sale)

En 1881, la principauté devient le royaume de Roumanie. Durant les 48 années de règne du roi Carol 1er, de nombreuses légations et ambassades se sont ouvertes à Bucarest. Durant les règnes de ses successeurs, les rois Ferdinand 1er, Carol II et Michel 1er, ont continué à organiser des réceptions de fin d’année en l’honneur des ambassadeurs. La monarchie a été abolie en 1946 et dès le retour définitif de la famille royale au pays, le roi Michel 1er a repris cette tradition. Une résidence avait été mise à sa disposition en décembre 1997 pour qu’il puisse organiser sa réception.

Discours de Mircea Abrudean, président du Sénat roumain (Photo : Daniel Angelescu și Alexandra Curea-Gogu, Casa Majestății Sale)

Actuellement, sa fille aînée, Margrareta perpétue cette tradition en organisant chaque année cette réception en l’honneur du corps diplomatique, au palais royal de Bucarest, souhaitant privilégier les contacts directs, comme elle l’a expliqué dans son discours. « À l’ère des fausses vidéos et des fausses informations, les contacts personnels que vous représentez entre nos nations n’ont jamais été aussi essentiels, et la voix authentique que vous portez à nos relations diplomatiques est aujourd’hui plus indispensable que jamais ».

Mgr Giampiero Gloder, nonce apostolique en poste à Bucarest est traditionnellement le doyen du corps diplomatique (Photo : Daniel Angelescu și Alexandra Curea-Gogu, Casa Majestății Sale)

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La Gardienne de la Couronne prononce un discours attendu à l’issue d’une année politique mouvementée

La cérémonie est l’occasion pour la Gardienne de la Couronne d’apporter son éclairage sur la situation dans le pays. En cette année d’élection présidentielle en Roumanie, le discours était très attendu. Margareta a ouvert son discours en revenant sur un autre événement marquant de cette année, l’élection du nouveau pape Léon XIV, qu’elle a félicité pour « ses voyages courageux dans les zones de conflit et de danger, ainsi que son soutien sans faille à la dignité des citoyens et des nations ». La Gardienne de la Couronne a également abordé la consécration de la nouvelle grande cathédrale nationale de Bucarest, rappelant l’importance de la foi pour la population roumaine. « Même à une époque où le cynisme est de mise, la foi inébranlable en l’humanité et en certains principes moraux reste essentielle. Nous célébrerons bientôt la naissance du Christ, notre Sauveur. Mais quelles que soient nos croyances, n’oublions jamais que ce qui nous unit est bien plus important que ce qui nous divise. Ces deux événements spirituels majeurs de cette année nous le rappellent avec force. »

Un dîner est offert au corps diplomatique en poste à Bucarest (Photo : Daniel Angelescu și Alexandra Curea-Gogu, Casa Majestății Sale)

Sur le plan politique, des événements majeurs ont eu lieu dans la région : l’élection présidentielle en mai et les élections législatives en septembre en Moldavie. « Ces deux scrutins étaient perçus – et l’ont été – comme des épreuves cruciales non seulement pour notre classe politique, mais aussi pour les fondements mêmes de notre système démocratique. Et, dans l’ensemble, nous avons réussi ces épreuves.»

« Les citoyens ont le sentiment de disposer du droit de vote, mais pas du pouvoir d’influer sur leur destin. Ils sont donc attirés par des politiques promettant une rupture radicale avec le passé et proposant des solutions prétendument gratuites. Et même ceux que cette diversité de politiques ne séduit pas souhaitent voir du sang neuf et expérimenter de nouvelles approches de la gouvernance. À cet égard, la situation en Roumanie est similaire à celle de la plupart des autres pays européens. Néanmoins, à la fin de cette année et avec le recul, il convient de mentionner plusieurs aspects positifs de notre récente expérience politique. »

« Premièrement, nos institutions démocratiques demeurent solides. Malgré les nombreuses critiques adressées à nos tribunaux et à nos organes de surveillance électorale, il n’en reste pas moins que des élections ont eu lieu, que les votes ont été comptabilisés et que les résultats définitifs sont reconnus comme exacts. Comme beaucoup d’entre vous s’en souviennent, compte tenu des passions suscitées par les récents scrutins, rien de tout cela n’était garanti ni évident à l’époque.

Margareta de Roumanie et le prince Radu lors de la soirée en l’honneur du corps diplomatique (Photo : Daniel Angelescu și Alexandra Curea-Gogu, Casa Majestății Sale)

Le deuxième résultat positif qu’il convient de mentionner est que les élections roumaines ont servi d’alerte précoce pour tout un continent quant à l’ampleur du danger que représentent l’ingérence étrangère dans les élections et la manipulation électorale via les réseaux sociaux. Ce qui s’est passé en Roumanie lors des derniers cycles électoraux est désormais étudié par les gouvernements du monde entier ; nous n’avons manifestement pas su anticiper les tentatives de saper notre système électoral, mais nous avons aussi manifestement réussi à les déjouer. »

« Mais l’une de nos victoires communes les plus importantes a sans doute été les élections en République de Moldavie, qui ont consolidé la voie et la vocation européennes du pays, et, espérons-le, définitivement, face à une campagne similaire, financée par l’étranger, visant à le déstabiliser et à discréditer son processus électoral. Ce fut une victoire pour les Moldaves et leurs dirigeants. Mais ce fut aussi une victoire pour tous les Roumains, pour le gouvernement roumain, qui est resté inébranlable dans sa détermination à soutenir l’économie moldave, et pour les responsables politiques de Chișinău, qui n’ont pas cédé à la violence et à l’intimidation. La voie de l’unité, de l’adhésion des Roumains des deux côtés du Prut à l’Union européenne, est donc grande ouverte. »

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La Gardienne de la Couronne met en garde l’Europe et sa position vis-à-vis de Washington

La Gardienne de la Couronne est aussi revenue sur les épreuves de cette année et les défis qui nous attendent l’année prochaine. « L’invasion de l’Ukraine par la Russie s’est poursuivie sans relâche. Je suis fière que mon pays soit resté inébranlable dans son soutien à l’Ukraine et ait accru son aide militaire et humanitaire. Mais nous devons garder à l’esprit que les sacrifices de ces dernières années risquent d’entraîner des sacrifices encore plus importants dans les années à venir. »

« La guerre en Ukraine dure presque aussi longtemps que la Première Guerre mondiale, et ses conséquences se feront sentir bien plus longtemps. Quoi qu’il arrive – qu’un cessez-le-feu soit instauré ou que les combats se poursuivent – ​​la reconstruction de l’Ukraine sera une entreprise colossale, exigeant des sacrifices de la part de toutes les nations européennes. Mais ces sacrifices seront impossibles sans l’unité européenne et sans le maintien de liens étroits entre l’Europe et nos proches alliés nord-américains, le Canada et les États-Unis. »

« Comme chacun sait, cette année a été marquée par de vifs débats sur ce sujet, suscitant des opinions divergentes et des passions passionnées de part et d’autre de l’Atlantique. Cela n’a rien d’étonnant, ni de nécessairement négatif : plus de quatre-vingts ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale et plus de trente ans après la fin de la Guerre froide en Europe, il est opportun de faire le point sur nos accords. »

« Personne ne doute que les Européens devraient contribuer davantage à notre propre dispositif de sécurité ; la véritable surprise n’est donc pas que les États-Unis exigent désormais ce réajustement, mais plutôt que les Américains aient fait preuve d’une telle patience alors que des générations de dirigeants européens ont ignoré de telles demandes de Washington. Si nous voulons que les autres prennent notre sécurité au sérieux, nous devons la prendre nous-mêmes au sérieux. »

« Mais nous devons aussi redoubler d’efforts pour rappeler à nos alliés américains et canadiens que nos liens dépassent le simple cadre des échanges économiques ou des calculs financiers relatifs aux contributions à l’OTAN. » À ce sujet, Margareta ne pouvait manquer de parler de son père, le roi Michel 1er, qui dans la dernière partie de sa vie a endossé un rôle d’ambassadeur et a joué un rôle important dans l’adhésion de la Roumanie à l’Union européenne et à l’OTAN. « Malgré de nombreux espoirs déçus, le roi Michel n’a jamais douté de l’engagement des États-Unis envers la liberté de l’Europe. L’un de ses premiers voyages à l’étranger après son exil par les dirigeants communistes roumains fut aux États-Unis, afin de plaider pour la liberté des Roumains. Et bien que ces derniers aient subi quatre décennies supplémentaires de dictature communiste, le roi Michel a toujours cru que la Roumanie ne pourrait prospérer que lorsqu’elle serait solidement ancrée dans un lien fort entre les nations européennes et les États-Unis. »

« Cette génération de dirigeants n’est plus parmi nous. Il est du devoir de la génération actuelle de raviver cet esprit de coopération transatlantique en rappelant à nos alliés américains qu’ils n’ont pas de partenaires plus solides et plus fiables que les Européens. Certes, convaincre Washington ne sera pas chose aisée. Mais c’est un travail indispensable, et la famille royale roumaine, de concert avec le gouvernement et les diplomates de notre pays, demeure déterminée à le mener à bien. »

En conclusion de son discours, Margareta de Roumanie a expliqué le rôle de la famille royale dans le contexte actuel. « L’un des devoirs explicites de la famille royale est d’assurer une continuité historique dans son dévouement aux intérêts et aux objectifs de notre nation. Nous n’avons donc aucune hésitation à nous engager, au cours de l’année à venir, à faire ce que nous avons toujours fait : préserver notre confiance nationale et consolider la position internationale de la Roumanie. »

« Nous agissons ainsi non seulement par fierté, mais aussi par nécessité. Malgré nos problèmes et nos défis, la Roumanie n’a jamais été aussi sûre et prospère qu’aujourd’hui. Ses citoyens n’ont jamais été aussi libres de voyager et de s’adonner à leurs passions. Pourrions-nous faire mieux ? Certainement, mais nous ne pourrons améliorer notre situation que si nous avons confiance en notre position actuelle. C’est ce que nous nous engageons à continuer de faire, ici comme à l’étranger, grâce à votre aide et votre amitié. Toute ma famille vous souhaite, ainsi qu’à vos proches, un joyeux Noël et une bonne année ! »

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Nicolas Fontaine

Rédacteur en chef

Nicolas Fontaine a été concepteur-rédacteur et auteur pour de nombreuses marques et médias belges et français. Spécialiste de l'actualité des familles royales, Nicolas a fondé le site Histoires royales dont il est le rédacteur en chef. nicolas@histoiresroyales.fr