La semaine dernière, un incendie criminel a été déclaré à Donaustauf, près de Ratisbonne, en Bavière. Un ancien pavillon de chasse de la famille princière de Tour et Taxis, utilisant comme restaurant dans un club de golf, a été incendié, en raison des positions conservatrices de la princesse Gloria. Un groupe se présentant comme « antifasciste » a revendiqué l’acte criminel.
Le pavillon des Tour et Taxis incendié par un groupe voulant « exproprier » la noblesse
Dans la nuit du 5 au 6 octobre, un manoir situé dans un club de golf de l’arrondissement de Ratisbonne a été incendié. Le pavillon de chasse de Thiergarten, qui abritait le restaurant gastronomique du club, a été totalement réduit en cendres. Il appartenait à l’illustre famille princière de Tour et Taxis. Quelques jours après l’incendie, le groupe portant le nom d’un célèbre résistant communiste, le « Kommando Georg Elser », a publié une lettre ouverte sur le site Indymedia pour revendiquer les faits.
« Depuis des siècles, les Tour et Taxis incarnent la monarchie, le mépris de l’humanité et une société de classes », écrit le groupe dans sa lettre de revendication. La famille princière est originaire d’un hameau près de Bergame, en Italie. Taxis est la version francisée du patronyme Tassi, dont la première mention écrite de la famille date de 1117. La famille développera un réseau de cavaliers à travers toute l’Europe, ce qui deviendra le réseau postier.
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L’incendie est un « avertissement » lancé à la princesse Gloria de Tour et Taxis
« Plusieurs engins incendiaires ont entraîné la destruction complète du château », se réjouit le groupe, qui se présente comme « antifasciste ». La personne visée par l’incendie était la princesse Gloria de Tour et Taxis, 65 ans, personnalité fantasque bien connue des médias allemands. Née comtesse de Schönburg-Glauchau, Gloria a épousé en 1980 Johannes, 11e prince de Tour et Taxis. Son époux meurt en 1990, laissant la famille dans des difficultés financières. Le prince Albert, fils de Gloria et Johannes, est devenu le 12e prince de Tour et Taxis à 7 ans. Gloria a vendu de nombreuses propriétés et biens ancestraux pour préserver la fortune familiale.
Les incendiaires ont déclaré que leur acte devait être considéré comme un « avertissement » pour la princesse douairière, qu’ils surnomment la « grande capitaliste ». Le groupe dénonce les prises de position conservatrices de la princesse, qui lors d’une interview à la télévision a comparé l’avortement à un meurtre. Autre « motif » évoqué dans la lettre, la proximité de la princesse avec l’écrivain américain Steve Bannon. L’ancien conseiller de Donald Trump avait invité la princesse Gloria à participer à une réunion qu’il avait organisée pour rencontrer diverses personnalités européennes en 2018 à Rome.
« La noblesse allemande doit enfin être expropriée et les locaux d’habitation du château d’Emmeram doivent être transformés en logements sociaux », peut-on lire dans la lettre de revendication, relayée par Welt. La princesse Gloria est également accusée d’avoir autorisé l’ancien président de l’Office fédéral de protection de la Constitution, Hans-Georg Maaßen, à organiser en 2023 un dîner de charité à Saint-Emmeram, le fief historique de la famille princière. Hans-Georg Maaßen avait été écarté de la présidence de cette institution suite à ses critiques à propos des émeutes pro- et anti-étrangers de Chemnitz en 2018.
Au 16e siècle, la famille a revendiqué une parenté douteuse avec la famille della Torre (de la Tour) et a formé son double patronyme. En 1608, la famille, déjà anoblie dès 1512, a obtenu le titre de baron. En développant le système postal impérial, les chefs de la famille obtiennent le titre de « maîtres de poste héréditaires » de l’Empire à partir de 1615. En 1624, la famille est élevée au rang comtal. La famille lombarde a déménagé vers Bruxelles où le service postal a pris de l’ampleur considérable. Le roi Charles II d’Espagne, qui régnait aussi sur les Pays-Bas espagnols (notamment la Belgique actuelle), a accordé le titre de prince à Eugène Alexandre de Tour et Taxis en 1681. Une principauté lui avait même été accordée, créée autour du château de Braine-le-Château (aujourd’hui en Belgique). Charles II fut le dernier roi habsbourgeois d’Espagne et sous le Saint-Empire, l’empereur Léopold 1er accorda lui aussi le titre de prince (Fürst) à Eugène Alexandre. Le siège postal fut par la suite transféré de Bruxelles à Francfort.
