Le roi Willem-Alexander des Pays-Bas a prononcé un discours fort et engagé au Suriname. Le souverain néerlandais était de retour dans l’ancienne colonie néerlandaise, 50 ans après sa déclaration d’indépendance. Lors du banquet d’État, le roi Willem-Alexander a demandé pardon au nom de ses ancêtres, les stathouders et rois des Pays-Bas, pour leur implication durant la période coloniale, marquée par l’esclavage des autochtones.
Lire aussi : La reine Máxima porte une nouvelle robe et son discret diadème bandeau au banquet d’État au Suriname
Le roi Willem-Alexander prononce un discours fort au Suriname
Ces dernières années, les Pays-Bas ont adopté une position claire vis-à-vis de leurs anciennes colonies. L’heure est à la demande de pardon. En 1595, les Néerlandais ont effectué leur première expédition dans les Indes orientales, un premier voyage menant à la création d’un empire colonial. Dès 1602, les Pays-Bas fondent la Compagnie néerlandaise des Indes orientales pour gérer leurs activités commerciales dans leurs colonies de l’Asie du Sud-Est et du sud de l’Afrique et en 1623, ils fondent la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales pour gérer les colonies en Amérique, y compris dans les Caraïbes.

Ce 1er décembre 2025, le roi Willem-Alexander a réitéré ses excuses présentées en 2023 pour les actions commises durant la période de colonisation au Suriname. Le chef d’État néerlandais effectue une visite d’État de trois jours dans ce pays d’Amérique du Sud, qui a pris son indépendance des Pays-Bas en 1975, il y a 50 ans. Le roi Willem-Alexander a profité de la parole qui lui était donnée par la présidente surinamaise Jennifer Geerlings-Simons lors du banquet d’État pour demander pardon au nom de ses ancêtres.
Lire aussi : Le roi Willem-Alexander inaugure le musée du Suriname pour le 50e anniversaire de l’indépendance du pays
Le souverain néerlandais demande pardon pour l’inaction de ses ancêtres
Entre 1620 et 1640, les Néerlandais occupaient de nombreux territoires de la côte américaine. Au Nord, ils avaient créé la Nouvelle-Néerlande avec notamment la ville de Nouvelle-Amsterdam, qui deviendra New York. Un peu plus au sud, ils possédaient plusieurs îles dans les Caraïbes. Au nord de l’Amérique du Sud, ils possédaient la Guyane et encore plus au sud, ils possédaient des territoires au Brésil. Les Néerlandais se sont emparés de la Guyane au 17e siècle. Les Britanniques la récupéreront en 1796, puis elle redeviendra néerlandaise en 1816. La Guyane néerlandaise désigne un ensemble de colonies, dont la colonie du Suriname, qui est devenu un territoire autonome au statut particulier en 1954, puis a pris son indépendance définitive en 1975.

Lire aussi : La reine Máxima radieuse en rouge et parée de son diadème de rubis au banquet d’État à Prague
« Votre histoire porte la marque de l’esclavage au nom de l’État néerlandais », a reconnu le souverain néerlandais dans son discours. « Le gouvernement néerlandais a présenté ses excuses à ce sujet et, personnellement, j’ai ajouté à cela une demande de pardon pour l’inaction des stathouders et des rois de la maison d’Orange-Nassau face à ce crime contre l’humanité », a-t-il ajouté. En 2022, le roi Willem-Alexander en personne a commandé une enquête indépendante afin de connaître exactement le rôle de la Maison d’Orange-Nassau dans l’histoire coloniale. Cette recherche devait durer trois ans et elle couvrirait la période allant de la fin du XVIe siècle au présent postcolonial. L’esclavage fut officiellement aboli au Suriname et dans les autres colonies néerlandaises le 1er juillet 1863, mais ne prit fin définitivement qu’en 1873, après une période de transition de dix ans.
Plus tôt dans la journée, le roi Willem-Alexander avait tenu une réunion avec des représentants des descendants d’esclaves et des communautés autochtones du Suriname. Durant cette réunion, « j’ai réitéré ces excuses et cette demande de pardon », a déclaré le roi. Sa visite au Suriname est historique. Le dernier chef d’État néerlandais à avoir visité le Suriname était la reine Juliana en 1978 et elle l’a ensuite visité en 1984, après son abdication, en tant que princesse Juliana. Le Suriname est un pays dont la superficie est deux fois supérieure à celle de l’Autriche, où on y compte seulement 600 000 habitants.
Le quotidien GVA affirme qu’au 17e siècle, les Néerlandais ont déporté environ 600 000 Africains vers l’Amérique du Sud et les Caraïbes pour les soumettre à l’esclavage dans leurs colonies. Une étude de 2023 a estimé que la famille royale avait tiré des revenus équivalents à environ 545 millions d’euros de l’esclavage colonial entre 1675 et 1770. En marge de cette visite d’État, le ministre des Affaires étrangères néerlandais, David van Weel, a annoncé la création d’un fonds de 66 millions d’euros destiné à des projets sociaux bénéficiant aux descendants d’esclaves et aux communautés autochtones.
En 1579, suite à la dislocation de l’empire des Habsbourg, une partie des Pays-Bas actuels est devenue la République des sept Provinces-Unies des Pays-Bas. Cet État fédéral était composé de plusieurs provinces dirigées par des stathouders, une fonction de gouverneur qui revenait principalement à un membre de la famille d’Orange-Nassau. La fonction deviendra héréditaire et le prince d’Orange sera considéré comme le chef d’État. Lorsque le royaume des Pays-Bas est créé en 1815, le premier roi est Guillaume 1er, fils du stathouder Guillaume V. Le roi Willem-Alexander est un descendant du roi Guillaume 1er et des stathouders qui ont contribué à l’expansion de l’Empire colonial néerlandais.