Ce 23 octobre est une date importante dans l’histoire. Le roi Charles III est devenu le premier monarque britannique à effectuer une visite d’État au Vatican. Accompagné de la reine Camilla, Charles a rencontré le pape Léon XIV au palais apostolique, un demi-millénaire après la rupture du roi Henri VIII avec l’Église catholique.
Le roi Charles III et la reine Camilla reçus au palais apostolique par le pape Léon XIV
L’année 2025 est une année de fête pour tous les catholiques. L’année 2025 est une année jubilaire, une célébration qui a lieu tous les 25 ans. Lancée au début de l’année par le pape François, placée sous le thème de l’espérance, l’année 2025 se terminera sous la direction du pape Léon XIV. Le roi Charles III, soucieux dès le début de son règne de devenir le monarque de toutes les confessions, tenait absolument à participer au Jubilé de l’espérance.

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Le roi Charles III et la reine Camilla ont effectué une visite d’État en Italie au mois d’avril et ils devaient en profiter pour inclure à leur programme une visite d’État au Vatican. Cette deuxième partie du programme avait été annulée en raison de la santé précaire du souverain pontife, qui sortait tout juste d’une hospitalisation de plusieurs semaines. Le couple royal britannique avait finalement rencontré le pape François lors d’un moment plus intime. Le pape François est décédé quelques jours plus tard, le 21 avril. Le roi Charles III tenait à effectuer cette visite d’État coûte que coûte et elle se déroulera finalement sous le pontificat du pape Léon XIV.


Ce 23 octobre, le roi Charles III, 76 ans, et la reine Camilla, 78 ans, ont rencontré le pape Léon XIV, 69 ans, au Palais apostolique, cinq mois après son accession au trône de Saint-Pierre. Le roi Charles III et la reine Camilla ont eu droit à un accueil protocolaire dans la cour Saint Damase, puis ils ont rejoint la bibliothèque du palais pour rencontrer le pape. Le roi Charles III s’est aussi entretenu avec le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège. Le secrétaire d’État est l’équivalent du poste de premier ministre.
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Découverte des fresques de Michel-Ange dans la chapelle paulinienne
Durant l’entretien entre le roi Charles et le secrétaire d’État du Saint-Siège, la reine Camilla a visité la chapelle paulinienne, qui abrite les deux dernières fresques de Michel-Ange. La chapelle doit son nom à Paul III, qui la fit construire entre 1537 et 1539. Les deux fresques peintes par Michel-Ange sont des représentations de la conversion de saint Paul et du martyre de saint Pierre. Elles ont été peintes entre 1542 et 1550 et ce sont les dernières peintures de l’artiste.

Cette visite d’État est historique car jamais aucun monarque britannique n’en a effectué une au Vatican. Charles III et Léon XIV sont tous les deux à la fois chef d’État et chef de leur Église respective. Le souverain britannique est le gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre, ce qui peut être comparé à la fonction de primat des Anglicans. Le pape est bien évidemment le chef du pouvoir spirituel du Saint-Siège mais aussi le chef du pouvoir temporel du Vatican. Dès le 8e siècle, les papes sont devenus les princes souverains des États pontificaux. Ceux-ci ont été annexés au nouveau royaume d’Italie en 1870. Après des décennies de conflits, la Cité du Vatican, en tant que sujet souverain doté d’une personnalité juridique internationale, a été fondée en 1929 par les accords de Latran.

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Les relations entre les papes et les monarques britanniques ont été compliquées mais se sont améliorées en cinq cents ans d’histoire. En 1982, la reine Elisabeth fut, par exemple, la première monarque britannique a accepté la présence d’un pape sur le sol britannique.
Cette rencontre s’inscrit dans les valeurs véhicules par l’année jubilaire 2025, intitulée « Pèlerins de l’Espérance ». Plusieurs événements marquants auront lieu ce jeudi. Il y aura une prière commune, la première en cinq cents ans d’histoire, dans la chapelle Sixtine. Le couple royal visitera aussi la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, une des quatre églises majeures de Rome. Les rois saxons Offa et Æthelwulf y assuraient l’entretien du tombeau de l’apôtre Paul durant leur règne. À l’occasion de cette visite, avec l’autorisation du pape, le roi Charles recevra le titre de « confrère royal » sur proposition de l’abbé et de l’archiprêtre de la basilique. Un trône orné de ses armoiries restera à jamais dans l’abside de la basilique. La chaise lui sera réservée pour lui et tous les monarques britanniques qui lui succéderont.
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Une visite d’État historique à plus d’un titre
La visite du roi Charles III se déroule en cette fin d’Année sainte. Depuis 1300, la papauté invite les catholiques à se concentrer sur leur vie spirituelle lors des Années saintes ou Années jubilaires, qui ont lieu tous les 25 ans. Le jubilé de cette année 2025 porte sur le thème de l’espérance. Certains papes ont aussi déclaré des années jubilaires exceptionnelles, comme ce fut le cas en 1933 et 1983.
Le roi Charles III multiplie les gestes d’ouverture envers l’Église catholique. Le Vatican a lui aussi tendu la main au nouveau souverain. Par exemple, en 2023, le pape François a offert deux bouts de bois provenant de la véritable croix sur laquelle le Christ aurait été crucifié. Ce cadeau inestimable a été inséré dans la Croix du pays Galles, un objet cérémoniel utilisé lors de l’ouverture de la procession de la cérémonie de couronnement du roi Charles. En septembre 2025, le roi Charles III a effectué une rare visite auprès d’une congrégation catholique, pour rendre hommage à John Henry Newman, qui sera prochainement proclamé docteur de l’Église par le pape Léon XIV. En décembre 2024, le roi Charles III avait assisté exceptionnellement à une messe catholique en soutien aux chrétiens d’Irak. Récemment, il a également assisté aux funérailles catholiques de la duchesse de Kent, une branche de la famille royale dont plusieurs membres ont rejoint l’Église catholique.
En 1531, le roi Henri rompt les liens avec l’Église catholique, pour des raisons surtout politiques. En 1534, il signe l’Acte de suprématie qui lui gouvernance de sa propre Église. Ce même Henri VIII avait lutté contre les idées protestantes quelques années plus tôt et s’était même vu offrir le titre de « Défenseur de la Foi » par le pape Léon X, un titre qui figure toujours dans la titulature complète du souverain britannique. L’Église d’Angleterre est communément appelée Église anglicane.
Dès le début de son règne, Charles a annoncé qu’il serait le souverain de toutes les confessions, bien que dans les faits, le souverain est surtout attaché à l’Église d’Angleterre. Il est aussi le protecteur de l’Église d’Écosse. Les deux Églises sont distinctes, celle d’Écosse étant presbytérienne. La loi régissant les règles de succession au trône britannique a été modifiée en 2013 afin d’assouplir les conditions mais être de confession catholique reste l’unique critère qui entraîne automatiquement l’exclusion de l’ordre de succession.
En tant que prince de Galles, Charles s’est rendu au Saint-Siège à cinq reprises : en avril 1985, en avril 2005 pour les funérailles du Pape Jean-Paul II, en avril 2009 pour une audience avec le pape Benoît XVI, en avril 2017 pour une audience avec le pape France et octobre 2019 pour la canonisation du cardinal John Henry Newman. En 1982, Charles était aussi à côté de sa mère pour accueillir le pape Jean-Paul II à Canterbury, alors qu’il s’agissait de la toute première visite officielle d’un pape sur le sol britannique.