Une princesse hawaïenne de 93 ans se bat pour que sa femme gère sa fortune de 215 millions $

Abigail Kawānanakoa est considérée comme étant l’une des dernières princesses en vie, appartenant à une famille royale devenue américaine. Elle porte le titre de princesse, en tant que descendante d’une branche cadette de la maison royale de Kalākaua. Aux États-Unis et à Hawaï en particulier, Abigail Kawānanakoa, née en 1926, bénéficie d’une certaine notoriété, notamment grâce à sa grande fortune. Cette mondaine est très appréciée dans l’archipel, car elle finance de nombreuses associations et est engagée pour la vie locale. Depuis toujours, elle sait que son héritage familial « l’oblige à prendre soin des Hawaïens ». Malheureusement, la princesse âgée de 93 ans est au cœur d’une affaire juridique. Depuis quelques années, son conseiller juridique a demandé à gérer son immense fortune, alors que la princesse souhaiterait nommer sa femme Veronica Gail Worth, 66 ans, comme mandataire.

La princesse Abigail Kawānanakoa a perdu la gestion de sa fortune

En 2017, la princesse Abigail Kawānanakoa a fait une attaque cérébrale dont elle a heureusement survécu. Néanmoins, ce souci de santé a alerté son entourage et son conseiller juridique, qui a fait la demande de confier sa fortune à un trustee. Immédiatement, la princesse a renvoyé son conseiller et a épousé sa compagne avec laquelle elle partageait sa vie depuis 20 ans. Abigail s’est mariée à Veronica Gail Worth, de 27 ans sa cadette, pensant qu’en étant légalement mariées tout rentrerait dans l’ordre. Malheureusement, pour changer de mandataire, la manipulation semble plus compliquée que prévue. En 2018, un juge a accepté la demande de la princesse d’empêcher Jim Wright, son conseiller juridique qui s’était attribué le rôle de gestionnaire de patrimoine, de continuer à gérer son argent. Cependant, la démonstration du conseiller qui plaidait la perte des facultés de la princesse a tout de même convaincu le juge, qui a décidé de placer la vieille dame sous la tutelle d’un gestionnaire de la First Hawaiian Bank, en attendant un nouveau procès. Depuis lors, les deux femmes vivent avec de l’argent géré par un conseiller bancaire. La fortune est estimée à 215 millions $, une fortune héritée du côté de son père, qui l’avait lui-même héritée de son grand-père, James Campbell. James Campbell est un Irlandais qui avait fait fortune à Hawaï dans les plantations sucrières. Rapidement, la famille est devenue l’une des plus grandes propriétaires foncières de l’archipel.

Mais la bataille continue et une nouvelle audience a eu lieu la semaine dernière. La princesse souhaiterait créer une fondation, qui gérerait sa fortune, et dans laquelle elle pourrait nommer un certain nombre de personnes de confiance. En devenant la principale bénéficiaire de cette fondation, sa femme pourrait prétendre à environ 40 millions $ ainsi qu’à l’ensemble de ses biens fonciers.

Vendredi, la princesse et sa femme se sont à nouveau déplacées au tribunal afin de demander l’annulation de la décision de 2018. La princesse Abigail Kawānanakoa habillée d’une chemise pourpre avançait péniblement à l’aide d’une canne. Veronica Gail Worth est arrivée avec leur chihuahua Girlie Girl, qu’elle poussait dans une poussette mauve. Son nouvel avocat, Bruce Voss, a qualifié de « spéculations de la pire sorte », les allégations selon lesquelles elle n’était plus en capacité de gérer son argent. L’avocat de Veronica Gail Worth a continué : « Les gens n’aiment pas Madame Worth, peut-être à cause de son âge, peut-être parce qu’il s’agit d’une relation entre personnes de même sexe, peut-être à cause de la somme d’argent qu’elle pourrait avoir ». À la fin de l’audience, le juge a décidé que la princesse devrait subir un examen médical afin de déterminer ses capacités mentales. Le résultat de cet examen influencera le jugement définitif.

Qui est la princesse Abigail Kawānanakoa d’Hawaï ?

C’est à Hawaï que se trouvent le seul palais royal américain et les anciennes résidences royales. C’est sur ces îles, qui comptent aujourd’hui 1,5 million d’habitants, qu’ont vécu de nombreuses dynasties royales. Pendant plusieurs siècles, six petits royaumes se partageaient ces îles, jusqu’en 1810 où ils furent réunifiés en un seul royaume. Cinq rois du nom de Kamehameha se sont succédé, puis il y eut Lunalila, Kalākaua et enfin, la première reine Lili’uokalani. Elle fut également la dernière monarque, renversée en 1893.

Abigail Kawānanakoa est l’arrière-petite-nièce de la dernière reine Lili’uokalani. À l’âge de 6 ans, Abigail a été adoptée par sa grand-mère, comme le permet la tradition du hānai. Le grand-père d’Abigail, déjà décédé à sa naissance, était le prince David Kawānanakoa, fils de la sœur de la reine Kapi’olani, qui était l’épouse du roi Kalākaua. À la mort du roi Kalākaua, c’est sa sœur Lili’uokalani, qui fut la reine et dernière souveraine du royaume d’Hawaï. En adoptant Abigail, sa grand-mère faisait d’elle son héritière directe, devenant également la fille posthume de son grand-père, le prince David Kawānanakoa. Celui-ci avait été conforté par le roi Kalākaua (son oncle par alliance) comme figurant dans l’ordre de succession. Le roi lui avait accordé le titre d’Altesse royale, en 1883, et lui avait donné tous les privilèges princiers, voyant que la lignée risquait de s’éteindre. D’ailleurs, à la mort de Kalākaua, c’est sa sœur Lili’uokalani qui fut la dernière reine d’Hawaï. Si la monarchie n’avait pas été abolie, c’est leur troisième sœur, la princesse Ka’iulani qui aurait été reine car Lili’uakalani n’avait pas d’enfants. Enfin Ka’iulani, elle non plus n’avait pas de descendance. C’est donc, le prince David Kawānanakoa, grand-père naturel d’Abigail (père d’adoption posthume) qui aurait était désigné comme successeur le plus direct au trône. Le prince David ayant eu plusieurs enfants, ce serait l’un d’eux ou l’un de leurs descendants qui serait sur le trône actuellement. La princesse Abigail aurait été une petite-cousine ou petite-nièce du roi ou de la reine.

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Nicolas Fontaine

Rédacteur en chef

Nicolas Fontaine a été concepteur-rédacteur et auteur pour de nombreuses marques et médias belges et français. Spécialiste de l'actualité des familles royales, Nicolas a fondé le site Histoires royales dont il est le rédacteur en chef. nicolas@histoiresroyales.fr