La congrégation de Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur et un couvent néerlandais sont accusés d’avoir organisé le travail forcé de femmes, entre 1951 et 1979. Dix-neufs Néerlandaises trainent en justice la congrégation et le couvent, les accusants d’avoir abusé d’elle, en les gardants prisonnières et en profitant de leurs services comme des esclaves. Plusieurs organisations extérieures profitaient des services du couvent, comme la famille royale néerlandaise, qui confiait ses travaux de blanchisserie, de couture et de repassage à la congrégation.
Un nouveau procès contre les Sœurs du Bon Pasteur
La congrégation de Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur, également connue comme les Sœurs du Bon Pasteur, est active dans 70 pays dans le monde. Elle compte déjà plusieurs procès à son encontre, notamment en Irlande, en Australie ou aux États-Unis. Le film Les diablesses sorti en 2007, raconte le calvaire que vivaient les jeunes filles dans l’un des couvents de cet ordre. Le célèbre film The Magdalene Sisters, lauréat d’un Lion d’or à la Mostra de Venise, en 2002, dénonce les agissements des sœurs de cette congrégation, qui avait ouvert des blanchisseries Marie-Madeleine dans toute l’Irlande. En France, jusque dans les années 60, des hautes instances de l’État collaboraient avec cet ordre, notamment le ministère de la Justice, qui plaçait les femmes délinquantes dans ces couvents pour les rééduquer.
À présent, un groupe de 19 femmes néerlandaises s’est formé, espérant trouver justice pour le travail forcé, non rémunéré, effectué durant leur jeunesse. Aux Pays-Bas, 15 000 femmes jugées comme « perdues », « asociales », « délinquantes » ont été confinées dans les murs de ce couvent, forcées à travailler. Souvent, il s’agissait d’ateliers de couture ou de blanchisserie. Au lieu de les « rééduquer », les nonnes employaient la violence et les contraignaient au travail. Des jeunes filles de 11 ans ont été placées dans l’un des couvents de la congrégation, souvent par décision de justice ou sous l’ordre de leurs parents qui souhaitaient les endurcir ou les faire retrouver le droit chemin.
La famille royale des Pays-Bas faisait appel à la congrégation pour sa blanchisserie
Dans un rapport d’enquête de Jon Exalto et Anton van Renssen, pour l’Université Libre d’Amsterdam, on peut y lire un passage dans lequel ils s’entretiennent avec l’une des victimes du couvent. Celle-ci raconte avoir cousu pour la famille royale néerlandaise, qui faisait appel aux services de l’ordre des Sœurs du Bon Pasteur. Elle a notamment cousu la lingerie de la princesse Margriet des Pays-Bas. La famille royale y faisait également nettoyer sa literie et son linge.
Bien entendu, la famille royale est loin d’être la seule à avoir confié du travail à l’ordre, celui-ci étant considéré comme un moyen mis à disposition de l’État et d’organismes privées, qui offre une éducation et une correction à des délinquantes.
En 2019, le gouvernement néerlandais a reconnu avoir bénéficié des services de l’ordre et d’avoir confié des milliers de femmes à cette institution. En guise de dédommagement, le gouvernement a offert 5 000 € à chacune des victimes. Quant à l’ordre des Sœurs du Bon Pasteur, il s’est excusé et a reconnu quelques débordements « inappropriés » à l’époque. Aujourd’hui, Liesbeth Zegveld et Brechtje Vossenberg, sont les deux avocats qui représentent le groupe de plaignantes. Elles veulent la reconnaissance par la justice, des actes cruels qu’elles ont subis. « Enfin, ces femmes ont le courage d’aller en justice et de demander la reconnaissance des dommages irréparables qu’elles ont subis dans leur jeunesse ».
Source : Dutch News, The Guardian