Cela fera bientôt un an que le journaliste dissident Jamal Khashoggi est décédé dans des conditions troubles, après avoir été torturé et démembré au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, en Turquie par un commando saoudien. Après avoir longtemps nié l’implication des autorités saoudiennes dans ce meurtre, le prince héritier d’Arabie saoudite vient d’avouer sa responsabilité dans la mort du journaliste. Mohammed ben Salman, que l’on surnomme MBS, a accordé une interview à la chaine publique américaine PBS, qui sera diffusée le 1e octobre, à l’occasion de l’anniversaire de la disparition de Jamal Khashoggi.
MBS avoue la responsabilité du gouvernement saoudien dans le meurtre du journaliste dissident
Les gouvernements occidentaux et la CIA l’affirment depuis le début… Les autorités saoudiennes et en particulier le prince Mohammed ben Salman auraient commandité le meurtre du journaliste critique Jamal Khashoggi. Des images du journaliste entrant pour la dernière fois dans le consulat saoudien en Turquie ont été diffusées dans le monde entier. Il aurait été torturé à mort dans le bâtiment, des images qui mettent encore aujourd’hui en péril les relations entre l’occident et l’Arabie saoudite. Depuis ce meurtre, MBS se faisait plutôt discret et n’était plus invité ni en Europe ni aux États-Unis.
Malgré sa responsabilité, le prince saoudien affirme qu’il n’était pas au courant de ce qu’il se passait
Le 1e octobre sera diffusé le documentaire sobrement appelé The Crown Prince of Saudi Arabia, soit Le prince héritier d’Arabie saoudite, sur PBS. Il s’agit d’un documentaire et d’une interview menée par le journaliste Martin Smith auquel le prince a accepté de se livrer. « C’est arrivé sous ma surveillance », avoue le fils du roi Salman pour la première fois. « J’en ai toute la responsabilité, parce que c’est arrivé sous ma surveillance », confirme-t-il. Par contre, le prince insiste pour dire que cela s’est déroulé sans qu’il en ait connaissance et qu’il aurait appris la mort du journaliste par après.
Quelques semaines après la mort de Khashoggi en octobre 2018, MBS avait qualifié ce crime de « haineux » et avait promis de mener une enquête. À cette époque, son gouvernement affirmait que le prince n’avait aucune connaissance de cette « opération indésirable ». Lorsque le prince a été questionné pour savoir comment un meurtre avait-il pu être commis par son gouvernement sans qu’il le sache, il a répondu. « Nous sommes 20 millions d’habitants. Nous avons 3 millions d’employés travaillant pour le gouvernement ». Lorsque le journaliste lui rappelle que c’est un groupe d’employés du gouvernement, agissant sous sa surveillance, qui est monté à bord d’un avion royal pour se rendre à Istanbul, le prince répond : « J’ai des officiels, des ministres qui font le suivi des choses, ce sont eux les responsables qui ont l’autorité de faire ça ».