La parution prochaine des mémoires du roi Juan Carlos d’Espagne n’était plus un secret. Après une fuite dans la presse il y a un an, l’éditeur espagnol Planeta a officiellement annoncé la sortie prochaine de l’autobiographie intitulée « Réconciliation », écrite grâce à l’aide de la journaliste française Laurence Debray. Juan Carlos souhaite rester maître de son histoire, tout en offrant un récit sans concession sur sa propre vie.
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Il est venu le temps de la « confession finale »
Il y a un an, l’information s’était répandue dans la presse : le roi Juan Carlos 1er s’apprête à publier ses mémoires. Ce lundi 30 juin, l’éditeur espagnol Planeta a annoncé officiellement la sortie à l’automne du livre « Reconciliación ». Le livre sortira simultanément en France chez Stock, le 25 novembre, sous le titre « Réconciliation ». Le livre a été écrit en français, la langue maternelle de Laurence Debray, journaliste parisienne d’origine vénézuélienne par sa mère, qui connaît le roi Juan Carlos depuis plusieurs années.

Laurence Debray n’en est pas à son premier essai. En 2013, la journaliste avait écrit « Juan Carlos d’Espagne », la biographie du souverain espagnol, parue juste avant son abdication en faveur de son fils Felipe. En 2020, l’ancien monarque quitte l’Espagne et part s’installer à Abu Dhabi, en raison des polémiques et des enquêtes en cours, à l’époque, qui auraient pu entacher le règne de son fils. Laurence Debray raconte alors la vie d’exil de Juan Carlos dans le livre « Mon Roi déchu : Juan Carlos d’Espagne », paru en 2021.

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Il s’agit cette fois-ci d’une autobiographie. « C’est un livre sincère et honnête », explique l’auteure à Hola. Dans ce livre, Juan Carlos, âgé de 87 ans, « se livre à fond. Il reconnaît ses erreurs. Mais il parle aussi de ses réussites ». Pour mener à bien ce projet, Laurence Debray a déménagé avec sa famille aux Émirats arabes unis et a vécu à Abu Dhabi durant deux ans pour être proche de l’ancien monarque. Cette démarche était très particulière et l’écriture du livre fut différente des précédents ouvrages. Les deux précédents livres « étaient le fruit de recherches historiques ou d’impressions personnelles », explique Laurence Debray, alors qu’ici « l’objectif était vraiment de faire entendre sa voix ». Juan Carlos offre ici « sa version des événements ».
Laurence Debray a longuement interviewé Juan Carlos, puis elle lui fournissait les transcriptions, et lui les relisait et corrigeait. « Il a abordé cette tâche avec beaucoup de rigueur et une extrême précision dans le choix des mots et du style. La structure s’est faite naturellement ». Le livre est structuré comme une autobiographie classique et aborde sa vie de manière chronologique.
Le communiqué de l’éditeur Planeta reprend une citation du roi Juan Carlos qui s’étonne lui-même de sa décision de publier une autobiographie. « Mon père m’a toujours conseillé de ne pas écrire mes mémoires », admet Juan Carlos. « Les rois ne se confessent pas, et encore moins publiquement. Leurs secrets restent enfouis dans l’ombre des palais. Pourquoi lui désobéis-je aujourd’hui ? Pourquoi ai-je changé d’avis ? Parce que j’ai l’impression qu’on me vole mon histoire ». La chaîne de télévision TVE rapporte que ce livre doit être considéré comme une « confession finale » d’un monarque « au crépuscule de sa vie » et loin de sa famille.
Il était temps pour l’ancien chef d’État d’offrir sa vérité. L’ancien roi était extrêmement populaire, considéré par les Espagnols comme le monarque ayant remis l’Espagne sur les rails de la démocratie après la période franquiste. Malheureusement, les dernières années de son règne ont entaché la réputation du monarque. Il l’admet lui-même, « ses propres erreurs » ont fini par « éclipser sa carrière et ses contributions fondamentales au succès de la démocratie espagnole ». Quand il pense à son sort, né en exil et à présent terminer sa vie en exil, Juan Carlos reste digne : « Je n’ai pas le droit de pleurer. »