Le roi Willem-Alexander des Pays-Bas a participé la cérémonie de commémoration nationale du 80e anniversaire de la capitulation du Japon, une capitulation qui signait la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le souverain néerlandais a prononcé un discours poignant, appelant à repenser la paix et à s’interroger sur la manière dont chacun d’entre nous œuvre pour la liberté d’autrui.
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Le roi Willem-Alexander prononce un discours pour marquer le 80e anniversaire de la capitulation du Japon
Depuis la capitulation du Troisième Reich en mai 1945, l’Europe renaissait, libérée du joug allemand. Dans d’autres parties du monde, les conflits ont poursuivi jusqu’à la capitulation du Japon, le 15 août 1945. La capitulation du Japon entrera en vigueur le 2 septembre. Pour plusieurs grandes puissances impliquées sur plusieurs continents, dont l’Asie, la capitulation du Japon permit de mettre fin au conflit sur tous les fronts. Les Pays-Bas étaient impliquées en Asie, aux Indes orientales néerlandaises.

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Le roi Willem-Alexander des Pays-Bas, 58 ans, a participé à la cérémonie de commémoration nationale de la capitulation du Japon, le vendredi 15 août au Monument indien de La Haye. Le souverain néerlandais a prononcé un long discours lors de cette cérémonie qui rendait hommage à toutes les victimes de la guerre. Dès le 17 août 1945, l’Indonésie proclamait son indépendance politique mais les Pays-Bas ne reconnaîtront le pays qu’en décembre 1949.
« Il y a 80 ans, le 15 août 1945, cette horrible guerre prenait fin », a rappelé le chef d’État néerlandais dans son discours. « Et quatre-vingts ans ne suffisent pas à contenir et à traiter l’océan de souffrances humaines qu’elle a engendré. Dans l’histoire des Pays-Bas, les expériences de la guerre dans les Indes orientales néerlandaises occupent une place essentielle. Je suis reconnaissant d’être avec vous en ce jour et je me joins à vous pour rendre hommage à toutes les victimes. »
Le roi Willem-Alexander a expliqué que cette cérémonie était une façon de se recueillir tous ensemble pour se souvenir « de tous ceux qui ont été touchés par la violence, la terreur, le travail forcé, l’humiliation et la faim. Leur douleur et leur chagrin, leurs traumatismes, leurs peurs et leur solitude vibrent encore aujourd’hui. Ils vibrent encore dans le cœur de leurs enfants et petits-enfants. Ils restent palpables sous la peau de vos familles. Et pas seulement dans la vôtre. Car autour de vous, il y a plus de deux millions de Néerlandais qui ont un lien avec les anciennes Indes orientales néerlandaises. »
Le roi Willem-Alexander a eu une pensée pour tous les soldats, les prisonniers de guerre, les travailleurs forcés, les familles séparées, et tous ceux les civils qui ont été torturés. « Tant de souffrances se sont accumulées sous la chape de plomb du silence. Elle a détruit des vies, même après la guerre. La capitulation japonaise du 15 août 1945 marque la fin de la guerre. Mais ce n’est pas le début de la paix. La violence, la misère et le mépris de la souffrance humaine sont loin d’être terminés ». Le roi Willem-Alexander a ensuite parlé de sa rencontre avec un vétéran, un moment émouvant qui l’a marqué à vie.
Le roi Willem-Alexander a exhorté le monde entier à prendre exemple sur ceux qui se sont battus pour nos libertés il y a 80 ans. « Il nous appartient désormais de défendre ceux qui souffrent dans des conditions inhumaines et désespérées qui nous transpercent l’âme. Je pense à la population de Gaza, aux otages israéliens qui y sont détenus, aux Ukrainiens victimes de l’agression russe et à tous ceux qui souffrent de la guerre et de la violence partout dans le monde. »
Le souverain a rappelé que « la paix commence par la reconnaissance et l’acceptation des différences. Différences dans les origines des personnes. De croyances et d’idéaux. Différences de pensées et d’actions. Une société pacifique n’est pas une société dans laquelle nous sommes tous censés être semblables. Au contraire, la paix dépend de notre capacité à vivre ensemble avec des personnes différentes de nous. De notre capacité à considérer la diversité non pas comme un danger, mais comme une caractéristique essentielle de notre vie en liberté et comme une source de force. »
« Au cœur de notre coexistence démocratique se trouve la volonté de s’attaquer ensemble aux problèmes et de trouver les meilleures solutions possibles. Ce faisant, chacun est autorisé à s’exprimer et à défendre ses idéaux, ses points de vue et ses intérêts. Les conflits et les contradictions en font partie. Mais il y a une chose que nous ne devrions jamais oublier : seul l’État constitutionnel démocratique, que nous avons retrouvé il y a quatre-vingts ans après tant de souffrances et de sacrifices, permet de gérer ces conflits et ces contradictions, de tirer les leçons de nos expériences et d’aller de l’avant ensemble. »
Le roi Willem-Alexander a conclu son discours engagé en exigeant le respect et la protection de l’État de droit démocratique. « Cette responsabilité incombe à chacun d’entre nous et ne fait que se renforcer à mesure que les valeurs démocratiques et les droits fondamentaux sont soumis à des pressions dans le monde entier. Les quatre-vingts dernières années nous ont appris que ce n’est pas facile. Et cela n’a certainement pas été plus facile ces dernières années. Mais nous pouvons le faire, j’en suis convaincu. L’esprit est vainqueur ! N’oublions jamais la chance que nous avons. Ceux que nous commémorons aujourd’hui ont dû se frayer un chemin à tâtons dans une guerre implacable et destructrice. Ici, nous avons – encore – la paix de notre côté. »