Ce jeudi, le roi Willem-Alexander et la reine Máxima concluent leur visite d’État de trois jours au Kenya. La première visite de cette dernière journée s’est déroulée à la Cour suprême, la plus haute instance judiciaire du Kenya. Il s’agissait du moment le plus délicat du séjour pour le chef d’État néerlandais, en raison du malaise qui plane depuis le début de cette visite d’État très controversée.
Visite tendue à la Cour suprême du Kenya pour le roi Willem-Alexander et la reine Máxima
Comme le veut la tradition diplomatique, le chef d’État étranger a pour habitude d’organiser une contre-performance au deuxième jour du séjour, un événement qui a pour objectif de remercier le chef d’État hôte pour son hospitalité. Ce mercredi 19 mars, le roi Willem-Alexander des Pays-Bas n’a pas failli à la tradition en organisant une soirée musicale à Nairobi, au deuxième jour de sa visite d’État au Kenya, pour remercier le président Ruto pour son accueil, malgré les controverses.

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La visite d’État de trois jours du roi Willem-Alexander, accompagné de la reine Máxima, au Kenya a engendré des polémiques aux Pays-Bas. La visite d’État était initialement prévue en 2024 mais elle avait été reportée en raison de la situation politique critique au Kenya. Durant l’été, un projet de réforme des impôts porté par le président William Ruto avait provoqué des manifestations meurtrières. Rappelons qu’en 2007 déjà, en réponse aux violences qui avaient suivi l’élection présidentielle contestée, William Ruto avait été accusé d’avoir orchestré des crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale (CPI) mais il avait été acquitté par manque de preuves.

Comme le rapporte HLN, des centaines de Kenyans ont envoyé des e-mails de protestation au ministère néerlandais des Affaires étrangères en apprenant la visite d’État des souverains néerlandais dans leur pays. Une pétition en ligne pour annuler la visite a aussi recueilli plusieurs milliers de signatures.

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Ce jeudi, lors de la troisième journée de la visite d’État, le roi Willem-Alexander s’est rendu à la Cour suprême, auprès de Martha Koome, la première femme qui occupe la plus haute fonction judiciaire du pays. Cette visite se déroule sous haute tension car elle cristallise à elle seule toutes les critiques qu’il y a pu avoir autour de ce voyage. Des dizaines de Kenyans ont été tués et auraient été enlevés par des policiers lors de manifestations en lien avec le projet de réforme des impôts. Jusqu’ici, personne n’a encore été condamné.

Martha Koome dirige la Cour suprême depuis 2021, un poste qu’elle a obtenu grâce à sa nomination par le président. De nombreuses pétitions circulent en ligne, demandant sa démission. Des pétitions, qui selon le pouvoir actuel, auraient été lancées par Raila Odinga, l’opposant du président Ruto. Martha Koome a notamment confirmé l’élection de William Ruto en 2022, suite à un recours déposé par son opposant devant la Cour suprême.

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Un incident diplomatique des plus embarrassants s’est produit lors du banquet d’État
Déjà mardi, un événement inattendu s’est produit lors du banquet d’État. Le protocole a été rompu par un événement inédit, normalement interdit lors d’une visite d’État. Habituellement, seuls les deux chefs d’État prennent la parole et portent un toast avant le repas. Chacun prononce alors un discours faisant l’éloge de son homologue. Ce 18 mars, le roi Willem-Alexander n’a pas manqué de souligner la beauté du pays mais il s’est aussi montré courageux en tenant des propos modérés à propos du président Ruto.

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Soudain, un sentiment de malaise s’est répandu dans l’assemblée lorsqu’une troisième personne a été invitée, à l’initiative des autorités kényanes, à prendre la parole à l’heure des toasts. Le roi Willem-Alexander a été totalement surpris mais il a tenté de ne rien laisser paraître sur son visage. Le troisième homme est le professeur Verkooijen, un citoyen néerlandais qui occupe des hautes fonctions auprès du président Ruto, et qui a fait l’éloge du président, tout en se présentant comme « un fier sujet du roi ».
Dans son discours prononcé en anglais, le roi Willem-Alexander avait déclaré : « La stabilité, la paix et la confiance mutuelle sont indissociables de l’État de droit, de la bonne gouvernance et du respect des droits de l’homme. La liberté d’expression et le respect des procédures régulières sont des principes fondamentaux inscrits dans votre constitution – et dans la nôtre. » En s’adressant à son homologue kényan, le roi des Pays-Bas avait courageusement déclaré : « Vous connaissez nos préoccupations concernant les signalements d’enlèvements et l’impunité. En tant que partenaires égaux, nous pouvons aborder ces questions en toute franchise. Nous encourageons tous les efforts visant à garantir la responsabilité des violations des droits humains. »
Mercredi soir, le roi Willem-Alexander et la reine Máxima organisaient une soirée de remerciement à l’hôtel Marriott de Nairobi, un événement qui a lui aussi apporté son lot de critiques. Les souverains ont fait venir le groupe néerlandais Fuse jusqu’au Kenya. La violoniste du groupe, Julia Philippens, a été interrogée à propos des controverses. À l’agence ANP, elle a dû justifier son voyage dans le pays. « Nous sommes convaincus que des personnes qui savent de quoi elles parlent ont pris la décision de procéder à cette visite avec les bonnes intentions. L’avenir nous dira si c’était le bon choix ».