Des distinctions exceptionnelles du roi Joachim 1er de Naples mises aux enchères chez Christie’s

À partir du 2 avril, la maison de ventre Christie’s mettra en vente une collection de décorations uniques provenant de la famille Murat. Quatre distinctions royales octroyées au roi Joachim 1er de Naples par les souverains germaniques au début du 19e siècle passeront sous le marteau. Certains insignes de ces ordres royaux sont de véritables bijoux sertis de diamants. Une bonbonnière sentimentale ayant appartenu à Napoléon 1er sera également mise en vente.

Lire aussi : Des objets inattendus du dernier roi du Portugal réapparaissent lors d’une vente aux enchères

Les distinctions du roi Joachim 1er vont être mises aux enchères

La maison de vente Christie’s va ouvrir à la vente sa série Collections, dans ses branches de New York, Londres et Paris dans les jours à venir. La collection parisienne réserve quelques belles surprises, notamment un ensemble d’insignes provenant de distinctions germaniques ayant appartenu au roi Joachim 1er de Naples. La vente parisienne aura lieu du 2 au 15 avril.

Joachim Murat représenté dans son uniforme de grand amiral de l’Empire (Photo : musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand-Palais)

Joachim Murat, né en 1767 dans le Quercy, se distinguera par ses faits militaires durant la période napoléonienne. Après avoir participé aux campagnes de Napoléon, puis commandé des batailles importantes, il sera fait général en chef des troupes stationnées en République cisalpine en 1801 et lieutenant-général de l’empereur en 1808. Murat devient maréchal d’Empire en 1804 et sur le plan personnel, il devient aussi le beau-frère de Napoléon 1er en épousant sa sœur, Caroline Bonaparte, en 1800.

En décembre 1805, Joachim Murat deviendra le grand-duc de Berg et le 1er août 1808, il deviendra le roi de Naples. Le roi Joachim 1er de Naples fut un souverain bâtisseur et réformateur et Naples a totalement changé de visage durant son règne. « Parcours extraordinaire dont la fin illustre son courage puisque Joachim Murat se fait fusiller alors qu’il tente de défendre son royaume en 1815 », nous rappelle Christie’s dans la brève biographie faite du monarque. Pour ses faits d’armes, ses actions diplomatiques et ses alliances avec d’autres royaumes germaniques alliés à Napoléon, Joachim 1er reçut un certain nombre de distinctions. Quatre d’entre elles sont proposées à la vente chez Christie’s.

Les quatre distinctions remises à Joachim Murat et la bonbonnière de Napoléon qui seront mises en vente prochainement chez Christie’s (Photo : Christie’s)

Lire aussi : Le prince Emmanuel-Philibert vend aux enchères des souvenirs de ses parents

L’ordre de Saint-Hubert de Bavière serti de diamants est un véritable bijou

Les objets ont été transmis au fils du roi Joachim, jusqu’aux descendants actuels, qui les mettent à présent en vente. Plusieurs insignes, outre leur valeur symbolique, sont aussi de véritables bijoux. C’est le cas de l’ordre de Saint-Hubert de Bavière, estimé entre 30 000 et 40 000 euros.

Le bijou de l’ordre de Saint-Hubert, décerné par le roi de Bavière à Joachim 1er, serti de diamants, mis en vente chez Christies (Photo : Christie’s)

L’ordre de Saint-Hubert a été fondé en 1444 par le duc de Berg et de Juliers. L’ordre est passé dans la famille de Wittelsbach des souverains de Bavière et le futur roi Maximilien 1er en fait usage dès 1800, alors qu’il est encore électeur de Bavière. L’insigne de l’ordre remis à Joachim Murat est une véritable prouesse technique s’apparentant à un bijou puisqu’il est serti de diamants.

Le roi Joachim 1er de Naples, peint par le baron Gérard en 1805, porte le ruban orange de l’ordre de l’Aigle noir de Prusse sur ce tableau exposé aujourd’hui au musée de l’Armée à Paris (Photo : musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand-Palais)

La famille Murat met aussi en vente les insignes de l’ordre de l’Aigle noir de Prusse. Le roi Joachim 1er a porté ces insignes sur un portrait réalisé par le baron Gérard. Le tableau a été peint en 1805 et a été commandé par Dominique-Vivant Denon, directeur des musées impériaux. Le tableau était destiné à rejoindre les 18 portraits des maréchaux de la première promotion dans le palais des Tuileries. Il est exposé au musée de l’Armée à Paris. La décoration se compose d’un cordon orange porté en écharpe duquel pend un insigne sous forme de croix pattée bleue. Ce lot est estimé à la vente entre 20 000 et 30 000 euros.

Le ruban orange de l’ordre de l’Aigle de Prusse avec sa croix bleue et des aigles couronnées entre les branches. Au centre de l’insigne se trouve un médaillon qui comprend les initiales « FR » pour « Fredericus Rex », en mémoire du roi Frédéric 1e, fondateur de l’ordre en 1701. Outre le ruban et son insigne, l’ordre se porte aussi avec le badge étoilé qui entoure un aigle couronné autour duquel on peut lire la devise « Suum Cuique » (« À chacun ses mérites ») (Photo : Christies)

Autre lot, celui des insignes de l’ordre de la Couronne de Rue, qui est un ordre fondé en 1807 par le roi Frédéric-Auguste 1er de Saxe. Le ruban de l’ordre est vert duquel pend une croix de Malte verte avec les lettres « FA » au centre du bijou, rappelant les initiales du fondateur de l’ordre. Ce lot est estimé entre 20 000 et 30 000 euros.

Les insignes de l’ordre de la Couronne de Rue décerné par le roi de Saxe, qui comprennent le ruban vert et son insigne avec croix de Malte avec les initiales « FA » ainsi qu’une plaque étoilée comprenant la devise « Providentiae memor » (Photo : Christie’s)

Symbole d’un savoir-faire français qui se diffuse dans cette Europe napoléonienne, la plaque de la Couronne de Westphalie est estimée entre 15 000 et 20 000 euros. Il s’agit du quatrième et dernier lot de cette collection de distinctions ayant appartenu à Joachim 1er de Naples. L’ordre de la Couronne de Westphalie a été fondé le jour de Noël 1809 par le roi de Westphalie, qui n’était autre que Jérôme Bonaparte, le frère de Napoléon 1er. Le roi Jérôme de Westphalie a remis les insignes de cet ordre au roi Joachim, lui offrant un modèle entièrement en argent, or et émail réalisé par Biennais, qui était l’orfèvre attitré de Napoléon.

Détails de l’ordre de la Couronne de Westphalie, créé par le roi Jérôme 1er en 1809. Sur la plaque, qui est une étoile rayonnante à six branches, on y distingue l’aigle impérial français surmontant le lion de Cassel, le cheval de Westphalie, l’aigle de Magdebourg et le lion de Brunswick, le tout entouré d’un ouroboros. La devise est «Charakter und aufrichtigkeit» (« Caractère et sincérité ») (Photo : Christie’s)

Lors de cette vente, un ultime objet impérial sera proposé sous le marteau. Il s’agit d’une rare bonbonnière en écaille blonde à réglisse de l’empereur Napoléon 1er que sa sœur Caroline lui avait offerte. Cette bonbonnière, probablement achetée quelques dizaines de francs chez Biennais, contenait de la réglisse anisée, hachée finement pour « ne pas noircir la salive ». 

La bonbonnière à réglisse en écaille ayant appartenu à Napoléon, porte l’étiquette en papier des collections Murat, et le numéro « 182 » en maroquin rouge des collections (Photo : Christie’s)

La bonbonnière en écaille de tortue semblait si importante pour l’empereur qu’il l’avait emmenée avec lui à Sainte-Hélène, puis elle figurera dans l’inventaire de son héritage à son fils, le roi de Rome. Le legs au roi de Rome n’ayant pu être exécuté (celui-ci est mort en 1832), les objets ont été conservés par la mère de l’Empereur, Madame Mère, jusqu’à sa mort en 1836. Le duc de Padoue, chargé d’exécuter les volontés de Madame Mère, transmet certains objets de l’héritage à Caroline, l’ancienne reine de Naples, veuve du roi Joachim 1er.

Avatar photo
Nicolas Fontaine

Rédacteur en chef

Nicolas Fontaine a été concepteur-rédacteur et auteur pour de nombreuses marques et médias belges et français. Spécialiste de l'actualité des familles royales, Nicolas a fondé le site Histoires royales dont il est le rédacteur en chef. nicolas@histoiresroyales.fr