Le prince Emmanuel-Philibert de Savoie préside ce week-end le chapitre des ordres dynastiques de la Maison royale de Savoie à Rome. Le chef de la famille royale d’Italie a remis la plus haute distinction, le collier de l’ordre suprême de la Très Sainte Annonciade, au grand-duc Georges Mikhaïlovitch de Russie et au prince Pedro Tiago d’Orléans-Bragance. En échange, l’héritier de la Maison impériale russe a remis l’ordre de Saint-Alexandre Nevski au prince de Venise.
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Le grand-duc Georges Mikhaïlovitch reçoit le collier de l’ordre suprême de la Très Sainte Annonciade à l’université pontificale du Latran
Le prince Emmanuel-Philibert de Savoie, 53 ans, grand maître des ordres dynastiques de la Maison royale de Savoie, préside actuellement le chapitre des ordres familiaux à Rome. Ce vendredi 26 septembre, avant l’assemblée générale, le prince de Venise a remis les insignes des ordres aux nouveaux membres, au cours d’une cérémonie à l’université pontificale du Latran.
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Dans l’auditorium Benoît XVI, le petit-fils du roi Humbert II d’Italie a notamment distingué des personnalités et des membres de familles royales étrangères. Le grand-duc Georges Mikhaïlovitch de Russie, fils unique et héritier de la grande-duchesse Maria Vladimirovna, a reçu le collier de l’ordre suprême de la Très Sainte Annonciade. L’épouse du tsarévitch, la princesse Victoria Romanovna, a reçu les insignes de dame grand-croix de l’ordre des Saints-Maurice-et-Lazare. Le prince Emmanuel-Philibert est le parrain de la princesse Kira Leonida, la fille du grand-duc Georges et de la princesse Victoria. Le prince Emmanuel-Philibert avait assisté à son baptême en juillet dernier en la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou.
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Le prince Emmanuel-Philibert de Savoie reçoit l’ordre de Saint-Alexandre Nevski
Le grand-duc Georges Mikhaïlovitch a, à son tour, distingué le chef de la dynastie savoyarde, en lui remettant l’ordre de Saint-Alexandre Nevski. Au cours de cette cérémonie, le prince Pedro Tiago d’Orléans-Bragance, prince impérial de la Maison impériale du Brésil de la branche Petropolis, a lui aussi été distingué du collier de l’ordre suprême de la Très Sainte Annonciade. Enfin, l’homme d’affaires Omar Harfouch, également compositeur du Concerto pour la Paix dont la partition est dorénavant conservée à la Bibliothèque apostolique du Vatican, a été reçu commandeur de l’ordre des Saints-Maurice-et-Lazare. Le prince impérial a remis le ruban vert au liseré blanc ainsi que la plaque étoilée de l’ordre de Pierre 1er au prince Emmanuel-Philibert.
Le chef de la famille royale de Savoie est garant du maintien des ordres dynastiques, à savoir l’ordre suprême de la Très sainte Annonciade, l’ordre des Saints-Maurice-et-Lazare et l’ordre civil et du Mérite de Savoie. L’ordre suprême de la Très Sainte Annonciade a été fondé par le comte Amédée VI de Savoie lors du mariage de sa sœur Bianca avec Galeazzo II Visconti en 1362. Le duc Charles III de Savoie lui a donné sa forme actuelle et son nom complet actuel en 1518. Entre ces deux dates, les comtes de Savoie sont devenus ducs. Ils deviendront ensuite princes de Piémont, puis rois de Sardaigne et enfin rois d’Italie en 1861. Il s’agit de la plus haute récompense au sein de la Maison de Savoie. Cette distinction n’est remise qu’à des chefs d’État, des souverains ou des héritiers de familles royales.
Distinctions au sein de l’ordre des Saints-Maurice et Lazare pour la princesse Victoria Romanovna et Omar Harfouch
Le principal ordre dynastique dans lequel le grand maître reçoit aujourd’hui ses membres est l’ordre des Saints-Maurice-et-Lazare. L’ordre de Saint-Maurice a été fondé en 1434 par le comte Amédée VIII de Savoie. Le comte régnait sur la Savoie, depuis sa capitale de l’époque, Chambéry. Amédée VIII fut un souverain important pour la dynastie. Sous son règne, ses États connaîtront une expansion conséquente en s’emparant du comté de Genève et de la principauté de Piémont. L’empereur Sigismond 1er éleva alors son comté au rang de duché. Il est le premier duc de Savoie, qui après avoir abdiqué en 1440 en faveur de son fils, se retira et vécut une vie monastique. Il fut même proclamé antipape sous le nom de Félix V. Quelques années auparavant, il avait fondé l’ordre de Saint-Maurice, réunissant six nobles d’âge mûr qui lui avaient promis fidélité.
L’ordre qui réunissait ces fidèles chevaliers-ermites prit le nom de Maurice, saint patron de la famille de Savoie. Maurice dirigeait au 3e siècle, sous l’Empire romain, une légion de l’armée thébaine, venue d’Égypte. Maurice et ses hommes avaient conservé leur foi chrétienne et refusèrent de massacrer les habitants d’Agaune, dans le Valais, dont le seul crime était d’être des chrétiens. L’empereur Maximien ordonna l’exécution de toute la légion, dont Maurice. Dès 449, l’évêque de Lyon parle de foules qui viennent, depuis déjà des décennies, en pèlerinage dans l’église d’Agaune, pour prier en mémoire des légionnaires martyrs qui ont été exécutés à cet endroit. Saint Maurice est devenu le saint patron des fantassins de plusieurs armées dans le monde ainsi que de la famille de Savoie.
L’ordre de Saint-Maurice a fusionné en 1572 avec une branche de l’ordre de Saint-Lazare venue de France. L’ordre des Saints-Maurice-et-Lazare a été créé par une bulle papale de Grégoire XIII, le 13 novembre 1572. Quelques mois plus tard, le 15 janvier 1573, le duc Emmanuel-Philibert de Savoie reçut la charge de grand maître et souverain héréditaire de cet ordre. L’ordre de Saint-Lazare, quant à lui, tire son origine des chevaliers hospitaliers qui venaient en aide aux malades dans les léproseries de Jérusalem. En 1146, le roi Louis VII de France participa à la deuxième croisade et fut témoin du travail remarquable de ces chevaliers. Il ramena en France des chevaliers de Saint-Lazare, qu’il installa à Boigny pour y ouvrir une commanderie. Rapidement, les chevaliers ont fait des émules et d’autres commanderies se sont installées un peu partout en Europe. Le Prieuré de Capoue s’est détaché de Boigny, a pris son indépendance puis s’est uni en 1572 à l’ordre de Saint-Maurice, d’où la création de ce nouvel ordre.
Les ordres dynastiques sont le prolongement des ordres chevaleresques d’abord, puis des ordres nationaux (récompenses) que décernaient les souverains à des citoyens méritants. Les souverains de la famille de Savoie dirigent leurs ordres familiaux depuis des siècles, ordres qui ont servi de distinctions au sein de leurs territoires, le dernier étant l’Italie. Après l’abolition de la monarchie italienne en 1946, les ordres ont continué à appartenir à la famille mais sont dorénavant détachés de toute juridiction étatique. Le grand maître des ordres est le chef de famille. Les ordres continuent à distribuer des distinctions, en fonction des mérites humanitaires et caritatifs des membres. Les ordres de la Maison de Savoie fonctionnent parallèlement avec leurs œuvres de bienfaisance qui sont actives dans le monde entier.
