La famille royale grecque se bat pour obtenir la nationalité grecque

La reine Anne-Marie et ses descendants pourront-ils un jour redevenir Grecs ? La famille royale grecque aurait entamé une procédure auprès des plus hautes institutions pour retrouver sa nationalité. Une loi de 1994 avait privé le roi Constantin II de son passeport.

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La reine Anne-Marie, le prince héritier Pavlos et le prince Nikolaos demandent la restitution de leur nationalité grecque

Le journal dominical grec Κυριακάτικη Απογευματινή a consacré la une de son édition du 7 juillet à la demande de restitution de la nationalité grecque pour la famille royale grecque. Le dernier roi des Hellènes, Constantin II, est décédé en janvier 2023. Depuis lors, c’est son fils aîné, le prince héritier Pavlos, 57 ans, qui dirige la famille royale. Le nouveau chef de famille compte bien poursuivre le combat de son père et enfin retrouver sa nationalité de naissance, dont il fut privé en 1994.

Le roi Constantin II, le prince Constantine Alexios (fils aîné du prince héritier Pavlos) et la reine Anne-Marie en 2021 (Photo : Jose Ruiz/Europa Press/ABACAPRESS.COM)

Selon le journal grec, « les procédures institutionnelles nécessaires ont déjà été engagées ». La demande concernerait la reine Anne-Marie, 77 ans, veuve du roi Constantin II, et deux de leurs cinq enfants. Le prince héritier Pavlos souhaiterait retrouver sa nationalité grecque, ainsi que son frère, le prince Nikolaos. Nikolaos est le seul membre de la fratrie à vivre de façon permanente en Grèce, tandis que Pavlos, en tant que chef de famille, est de plus en plus impliqué sur le territoire et sa nationalité lui permettrait de faciliter ses voyages, ses projets, ses actions en Grèce.

La princesse héritière Marie-Chantal, le prince héritier Pavls, et deux de leurs fils, le prince Achileas Andreas et le prince Aristidis Stavros en 2021 (Photo : Albert Nieboer/DPA/Abacapress)

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Les médias grecs ont largement relayé l’information en ce début de semaine, expliquant que la demande d’obtention de la nationalité qui aurait été introduite par la famille, ne suit aucune procédure classique de demande de nationalité. Selon TOC, la demande doit être discutée auprès des plus hautes institutions du pays car de « nombreux paramètres juridiques et une sémiologie particulière, doivent être pris en compte, en plus des autres dimensions ».

Newsbomb rappelle qu’une décision favorable avait déjà été prise en 2004 pour que le prince Michel de Grèce, petit-fils du roi Georges 1er, retrouve la nationalité grecque. Il l’a obtenue grâce au ministre de l’Intérieur Prokópis Pavlópoulos, et il est inscrit civilement sous le nom de « Μιχαήλ Ντε Γκρες ». « Ντε Γκρες » est la transcription phonétique de la prononciation française du nom « de Grèce » et non une traduction. Il ne s’agit donc pas de « της Ελλάδας » qui serait la version grecque du titre prince « de Grèce ».

Le prince Michel de Grèce et son épouse Marina Karella (Photo : Albert Nieboer/DPA/Abacapress)

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Un passeport confisqué en 1994

La monarchie fut abolie en 1973 en Grèce, contraignant le roi Constantin II, la reine Anne-Marie et leurs cinq enfants à vivre en exil. Les biens de la famille royale, y compris les biens personnels, furent saisis par l’État. En février 1981, le roi Constantin II reçut une autorisation exceptionnelle de rentrer au pays afin d’assister aux funérailles de sa mère, la reine Frederika.

En 1992, l’ancien roi des Hellènes réussit à négocier des conditions plutôt favorables pour sa famille avec le premier ministre libéral-conservateur Konstantinos Mitsotakis. Un accord fut trouvé pour que la famille puisse récupérer les biens se trouvant à l’intérieur des palais confisqués par l’État. En échange, il était question que les biens immobiliers confisqués soient concédés à une fondation grecque. En 1993, la famille royale obtint aussi l’autorisation de rentrer en Grèce pour les vacances d’été. En 1994, Andreas Papandreou (du parti social-démocrate PASOK) devient le nouveau premier ministre et révoque tous les accords que son prédécesseur avait passés avec la famille royale.

Papandreou signe la loi 2215/1994 qui déchoit le roi Constantin II et les membres de la famille royale grecque de leur nationalité grecque. Cette même loi brise aussi tous les accords précédents concernant l’éventuelle restitution des biens confisqués. Une clause aurait permis de récupérer cette nationalité mais le roi devait alors accepter de renoncer à sa prétention au trône pour lui et ses descendants. Il devait surtout accepter le patronyme Glücksbourg qui lui était attribué.

La reine Anne-Marie, le prince héritier Pavlos et son épouse au couronnement du roi Charles III en mai 2023 (Photo : Stephen Lock/i-Images/ABACAPRESS.COM)

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Le roi Constantin II a refusé le patronyme Glücksbourg qui lui était attribué

Dans les années qui ont suivi cette déchéance de nationalité et de confiscation des biens, le roi Constantin a épuisé tous ses recours devant les tribunaux nationaux pour récupérer les biens acquis personnellement par ses ancêtres. Le roi Constantin avait pourtant obtenu la reconnaissance de préjudices subis auprès de la Cour suprême grecque, reconnaissance par la suite abrogée par le Conseil d’État qui confirma la confiscation.

Après des années de combat, la Cour européenne des droits de l’Homme a reconnu les discriminations subies par la famille royale, aboutissant à l’obligation d’une compensation financière de la part de l’État grec, plutôt qu’a une restitution des biens. Loin des 200 millions d’euros réclamés par la famille royale, l’État grec versa 12 millions d’euros à l’ancien Roi, ainsi que 900 000 euros à la princesse Irène et 300 000 euros à la princesse Catherine. Le Roi utilisa les 12 millions d’euros pour créer une fondation au nom de son épouse, qui sert encore aujourd’hui à financer des projets en Grèce. Concernant les passeports et la citoyenneté, l’État grec n’est jamais revenu sur sa décision.

La famille royale grecque (bleu pâle) descend de Christian IX de Danemark, lui-même né au sein de la branche Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glücksbourg (gris) de la famille royale danoise (famille Oldenbourg) (Image : Histoires Royales)

La famille royale a toujours refusé la condition d’utiliser le patronyme Glücksbourg qui leur était proposé. Glücksbourg fait référence au nom de la branche cadette de la famille royale danoise. Cette branche devint la branche principale lorsqu’en 1863, le prince Christian de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glücksbourg monta sur le trône danois en tant que Christian IX, succédant à son cousin, décédé sans héritier direct. L’un des fils de Christian IX, le prince Guillaume, fut élu en 1863 pour devenir le nouveau roi des Hellènes. Il régna sous le nom de Georges 1er.

Le nom de Glücksbourg désignait une branche de la famille royale danoise mais aucun membre de cette famille n’a réellement utilisé ce nom à l’État civil. Au Danemark, la famille royale ne possède pas de nom. Suite à la confiscation de la nationalité en 1994, la reine Anne-Marie s’est tournée vers sa sœur, la reine Margrethe II de Danemark, pour délivrer un passeport danois à son époux. La reine Anne-Marie et le roi Constantin II (décédé en janvier 2023) étaient citoyens danois, inscrits à l’État civil sans patronyme, en tant que « SM la reine Anne-Marie » et « SM le roi Constantin II ». Les enfants du roi et de la reine ont d’autres passeports, suite à leur mariage, lieux de résidence, etc.

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Nicolas Fontaine

Rédacteur en chef

Nicolas Fontaine a été concepteur-rédacteur et auteur pour de nombreuses marques et médias belges et français. Spécialiste de l'actualité des familles royales, Nicolas a fondé le site Histoires royales dont il est le rédacteur en chef. nicolas@histoiresroyales.fr