Le prince héritier Mohammed Reda El Senussi a profité des dernières manifestations en Libye et de la prochaine expiration de la feuille de route du Forum de dialogue politique libyen (LPDF) pour exhorter les Nations Unies à agir. Le prétendant au trône libyen vante les mérites du régime monarchique en place lors du règne de son grand-oncle, seule période démocratique Libye, dans une tribune signée dans le Wall Street Journal. Le prince se dit prêt à monter sur le trône.
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Le prince héritier Mohammed Reda El Senussi souhaite restaurer la constitution d’avant 1969
Le 22 juin, la feuille de route du Forum de dialogue politique libyen, expirera. Le prince héritier Mohammed Reda El Senussi, petit-neveu du roi Idris 1e de Libye, a écrit une tribune dans le Wall Street Journal, appelant à ce que les Nations Unies aident le pays de ses ancêtres à entamer une nouvelle transition démocratique. Le prince héritier, actuel prétendant au trône de Libye, en réfère à l’aide apporter par l’ONU en 1947, qui a permis l’indépendance du pays et l’instauration d’un régime démocratique en 1951. Au vu des dernières manifestations de grande ampleur dans le pays, le prince espère que la population se retourne vers l’ancien modèle, celui de la monarchie, seule période prospère pour le pays.
« Toutes les tentatives pour former un gouvernement légitime ont échoué parce que toutes les tentatives ont ignoré l’histoire particulière de la Libye. Cela doit changer, et l’histoire récente de la Libye est un bon point de départ », écrit le prince Mohammed Reda El Senussi dans le journal américain.
L’héritage, propre à chaque pays et chaque culture, a influencé le développement d’institutions spécifiques à chaque nation. Chaque pays a ses propres institutions, ses lois, son régime, construits sur base d’une réalité historique. « Comme tout autre pays, la Libye a besoin de liens avec le passé et elle les a. Les Libyens ne construisent pas un pays à partir de zéro, mais ils reprennent là où ils se sont arrêtés il y a plus de 50 ans. »
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L’ONU pourrait aider à préparer cette transition comme en 1947
Le prince héritier rappelle aussi le contexte d’indépendance de la Libye, qui est née en tant que pays démocratique après des décennies de colonisation et de guerre, en 1951. « À l’époque, comme aujourd’hui, la Libye était déchirée par des différences géographiques et tribales. Pour trouver une solution, le négociateur en chef de l’ONU, Adriaan Pelt, avait négocié avec des centaines de Libyens, faibles et puissants. Pelt et ses collègues ont conclu qu’une monarchie constitutionnelle serait le moyen le plus efficace d’unir trois régions et plus de 100 tribus. La famille Senussi, qui avait dirigé la résistance de la Libye face au colonialisme et qui n’avait aucune affiliation tribale, a fourni une base solide pour une identité nationale. » En 1951, le pays s’appelait officiellement Royaume-Uni de Libye, faisant référence à l’unification des trois provinces historiques qui sont la Tripolitaine, le Fezzan et la Cyrénaïque.
La Libye a été une démocratie parlementaire en voie de développement pendant 18 ans. Il y avait le suffrage universel, un système judiciaire indépendant, des élections régulières, la liberté de religion et la liberté de la presse. « Les femmes pouvaient voter en Libye avant de pouvoir voter en Suisse ou au Portugal », souligne Mohammed Reda El Senussi. « Mais en 1969, deux jours avant que mon père, le prince héritier Hasan, ne devienne roi, la jeune démocratie libyenne dirigée par un monarque constitutionnel a été renversée par un coup d’État et engloutie dans une vague de panarabisme et de guerre froide. La Libye a été une dictature pendant 42 ans ».
Après avoir replacé le contexte historique Mohammed Reda El Senussi mentionne les manifestations récentes, dans la rue et les protestations, sur les réseaux sociaux. Selon lui, les manifestants auraient pour seule idée « que la restauration de la Constitution d’avant 1969 est le seul moyen viable de restaurer l’unité du pays, la légitimité de ses institutions et le sentiment d’identité nationale. »
« Bien que cela puisse sembler sans espoir, il existe une chance de reprendre la voie démocratique de la Libye. La Constitution d’avant 1969 et le précédent historique ont déjà ouvert cette voie. » Il n’aura pas échappé au prétendant au trône libyen que cette constitution instaure une monarchie. « Et lorsque les Libyens choisiront à nouveau une monarchie constitutionnelle, ce sera mon devoir sacré de les servir, un devoir envers mes ancêtres, ma famille et ma nation. Au nom de tous les Libyens, je demande que nous soyons enfin autorisés à décider par nous-mêmes. »
« Il y a 70 ans, les Nations Unies ont aidé les Libyens à créer leur propre démocratie en tenant compte de la culture libyenne, de la société et du besoin d’une identité unifiée. Elles peuvent le refaire en écoutant les Libyens ordinaires et non une petite élite corrompue », conclut le fils du dernier prince héritier. Lors de son traditionnel discours de fin d’année, Mohammed Reda El Senussi, s’était déjà dit prêt à monter sur le trône si les Libyens le lui demandaient.
Le 24 décembre 1951, la Libye prenait son indépendance de l’administration britannique. Mohammed Idris El-Mahdi El-Sanussi, l’ancien émir de Cyrénaïque (l’une des trois provinces historiques), est devenu roi de Libye sous le nom de règne d’Idris 1e. En août 1969, il transmet au Sénat son désir d’abdiquer en faveur de son neveu, le prince héritier Hassan Reda, à qui il avait déjà transféré une partie de ses prérogatives. La date de passation de pouvoir était prévue au 2 septembre 1969.
Un jeune capitaine, Mouammar Kadhafi, profite de l’absence du roi qui suit un traitement médical en Turquie et de l’affaiblissement de son pouvoir transmis à son neveu, pour le renverser. Le royaume de Libye prend fin le 1e septembre 1969. Le roi Idris 1e est mort en exil au Caire à 94 ans en 1983. Son neveu, le prince héritier Hassan Reda est décédé en 1992 à Londres. Son fils, le prince Mohammed El-Senussi est son successeur et l’actuel prétendant au trône de Libye. Sa prétention est soutenue par tous les monarchistes libyens et ne fait l’objet d’aucune querelle.
L’idée de restaurer la monarchie est régulièrement abordée dans la presse politique spécialisée. « Un monarque pourrait-il guérir la Libye ? », s’interrogeait Foreign Policy en 2021. « Une monarchie constitutionnelle peut-elle sauver la Libye du chaos ? », pouvait-on lire en titre du National Interest l’année dernière. Ou encore, l’Atlantic Council a récemment écrit qu’un « retour à une monarchie constitutionnelle peut résoudre les problèmes de la Libye ».