Pour la première fois, des chercheurs se sont penchés sur les caractéristiques physiques des Habsbourg, dont plusieurs membres de la famille ont été peints avec des mâchoires proéminentes au fil des générations. Ils sont arrivés à la conclusion que la mâchoire des Habsbourg serait due à des problèmes de consanguinité qui ont perduré pendant plusieurs siècles, entre membres des familles royales européennes.
Une étude scientifique et médicale s’est penchée sur la mâchoire proéminente des Habsbourg
Des générations d’inter-mariages ont permis aux membres de la grande famille des Habsbourg de devenir une dynastie qui a dominé un vaste empire européen pendant plusieurs siècles. Mais à force de jouer avec la génétique, leurs relations de consanguinité ont également mené à la fin des Habsbourg, en Espagne. Charles II, roi d’Espagne, souverain des Pays-Bas, roi de Naples, de Sardaigne, de Sicile et de monarque de bien d’autres territoires était un homme chétif, de très mauvaise santé et stérile. Son physique était tellement préoccupant qu’il portait le surnom de l’Ensorcelé. À sa mort en 1700, les Habsbourg perdent la couronne espagnole, Louis XIV profitant pour y proposer son petit-fils, Philippe comme roi. C’est ainsi que les Bourbon arrivèrent sur le trône espagnol.
Jusqu’à aujourd’hui, aucune étude sérieuse n’avait été capable de confirmer que le menton propre aux Habsbourg était le résultat de consanguinité. Le professeur Roman Vilas, qui a dirigé cette étude a déclare : « La dynastie des Habsbourg fut l’une des plus influentes en Europe mais fut aussi connue pour sa consanguinité, qui a mené à sa chute. Pour la première fois, nous avons démontré qu’il y avait une corrélation entre la consanguinité et la mâchoire des Habsbourg ».
Des chirurgiens ont étudié le visage des Habsbourg sur 20 générations
Pour cette étude, les chercheurs ont fait appel à dix chirurgiens spécialistes du visage qui ont analysé les mâchoires sur 66 peintures des membres de la dynastie. Les chirurgiens ont diagnostiqué 11 caractéristiques précises qui appartiennent aux Habsbourg, dont le prognathisme mandibulaire. Il ont également identifié sept caractéristiques propres à une déficience maxillaire, dont les plus reconnaissables sont la lèvre inférieure imposante et les arrêtes nasales tombantes.
La déficience maxillaire a été diagnostiquée chez Maximilien 1e, qui fut régent en 1493, sa fille Marguerite d’Autriche, son neveu Charles 1e d’Espagne. Mais aussi chez le petit-fils de Charles 1e, Philippe IV et chez le fameux Charles II. Pour mieux cadrer le degré de consanguinité, un arbre généalogique comprenant plus de 6000 individus sur plus de 20 générations, a été étudié. Les chercheurs ont été capables de prouver qu’au plus le degré de consanguinité était important, au plus les membres avaient une mâchoire proéminente.
Cette étude peut intéresser la sphère scientifique, au-delà des historiens et des amateurs de têtes couronnées comme l’explique le professeur Vilas : « Bien sûr notre étude se base sur des personnages historiques, mais la consanguinité est toujours d’actualité dans certaines régions du monde et parmi certaines religions ou groupes ethniques. C’est pourquoi, il est important d’en étudier les effets. La dynastie des Habsbourg a servi de laboratoire à nos recherches car le degré de consanguinité est très élevé ».