Il y a cinq mois, le sultan Ibrahim de Johor, prêtait serment en tant que 17e roi de Malaisie, entamant son règne de cinq ans. Ce 20 juillet 2024, le nouveau roi a été couronné devant les plus hauts dignitaires du royaume et en présence de royautés étrangères. La reine Zarith Sofia était à côté du roi Ibrahim lors de cette fastueuse cérémonie de couronnement à Kuala Lumpur.
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Le 17e roi de Malaisie couronné avec faste à Kuala Lumpur
Le 31 janvier 2024, le sultan Ibrahim Iskandar de Johor succédait au roi Abdullah Shah en tant que Yang di-Pertuan Agong, soit le roi de Malaisie. Le roi Abdullah achevait ainsi son mandat de cinq ans et retrouvait sa fonction de sultan de Pahang. Ce 20 juillet 2024, cinq mois après sa prise de fonction, le roi Ibrahim de Malaisie organisait son couronnement comme le veut la tradition.
La Malaisie, pays d’Asie du Sud-Est qui compte 33 millions d’habitants, a un système de gouvernance unique au monde puisque le roi est élu et effectue un mandat d’une durée de cinq ans. Son élection n’est qu’une formalité. Les rois se succèdent selon un ordre prédéfini, en choisissant à tour de rôle l’un des neuf monarques qui règnent sur les territoires fédérés du pays. En raison de ce système de désignation par rotation, le sultan du Kedah, Abdul Halim, a même régné deux fois en tant que roi de Malaisie, une première fois dans les années 70 et une seconde fois de 2011 à 2016.
En janvier dernier, le nouveau roi Ibrahim de Malaisie, 65 ans, avait pris ses fonctions suite à une série d’actes officiels, comme sa proclamation par le premier ministre, la présentation du Coran et son premier discours. Le couronnement de ce samedi est une cérémonie traditionnelle, militaire et religieuse, qui sacralise et formalise sa fonction.
Les sultans de Malaisie assistent au couronnement du roi Ibrahim
Les dirigeants de tous les territoires fédérés de Malaisie ont assisté à cette cérémonie, accompagnés des épouses qui portaient leur diadème. Sur les 13 États fédérés, 9 sont dirigées par un souverain, dont 7 sont des sultans. Les 9 souverains sont ceux qui peuvent prétendre au rôle de roi, quand leur tour viendra, selon l’ordre préétabli. Les sultanats sont dirigés par des dynasties ancestrales qui régnaient déjà sur ces territoires avant que les Britanniques ne les réunissent vers 1795.
Le nouveau roi Ibrahim est l’un des hommes les plus riches du pays. Il possède un empire commercial varié, allant de l’immobilier aux télécommunications. Durant son règne de cinq ans à Kuala Lumpur, c’est son fils aîné, le prince héritier Ismail, qui assure la régence au sultanat de Johor. Peu avant 10 heures du matin, heure locale, le nouveau roi et son épouse sont arrivés à l’Istana Negara, le palais royal de Kuala Lumpur, accueillis par le salut royal au canon et l’hymne national joué par le détachement musical du régiment royal malais.
Les plus hauts dignitaires du royaume malais et des différents États fédérés ont assisté à la cérémonie, qui a débuté par l’entrée solennelle du couple royale dans le Balairung Seri, la salle du Trône. Le roi et la reine ont traversé l’allée, admirés par leurs invités. Le roi Ibrahim portait un muskat, un long manteau noir, ainsi que le Tengkolok Diraja, qui est un tengkolok noir. La reine Zarith Sofiah, issue d’une autre famille royale, est diplômée d’Oxford et écrivaine. Elle portait un kurung doré, une tenue traditionnelle de Johor.
Le sultan de Brunei et le roi de Bahreïn assistent à la cérémonie
Ce pays très majoritairement musulman, de la branche sunnite, entretient d’excellentes relations avec les autres pays asiatiques, pour des raisons géographiques, et avec des pays arabes, pour des raisons religieuses. La Malaisie est un pays divisé en deux parties. Une partie continentale est le prolongement de la péninsule au sud de la Thaïlande et la partie insulaire est la moitié nord de l’île de Bornéo. La moitié sud appartient à l’Indonésie. Le micro-État de Brunei est aussi enclavé dans la partie malaise de Bornéo.
Le roi Ibrahim avait invité son voisin et ami, le sultan Hassanal Bolkiah de Brunei, à assister à son couronnement. Le sultan Hassanal Bolkiah était accompagné de son épouse, la reine Saleha ainsi que de l’un de ses fils, le prince Mateen Bolkiah. Le roi Hamed de Bahrein avait lui aussi fait le voyage jusqu’à Kuala Lumpur avec certains de ses fils.
Le grand chambellan du palais royal a ouvert la cérémonie, une fois le nouveau roi assis sur son trône. Le grand chambellan a accompagné le premier ministre malais, Anwar Ibrahim, jusqu’à sa stèle pour lire la lettre de déclaration officielle. Dans son discours, le premier ministre a expliqué que cette cérémonie de couronnement « crée une nouvelle page de l’histoire et rehausse la dignité du pays ». Le premier ministre a aussi souligné « que le roi joue un rôle clé dans le renforcement des liens avec les pays asiatiques, la communauté islamique et au niveau international ». Le chef du gouvernement en a aussi profité pour faire des promesses politiques, en parlant de l’éradication de la pauvreté dans le pays.
Le 17e roi de Malaisie a pris la parole, après avoir reçu l’assurance que « le gouvernement et le peuple prêtent allégeance et loyauté au roi ». Dans son discours, le nouveau chef de l’État malais a remercié le roi de Bahreïn pour sa présence, « qui souligne les liens étroits qui unissent les deux pays ». Il a également remercié le sultan de Brunei pour sa présence. Le roi Ibrahim sultan a déclaré qu’il s’engageait « à remplir ses fonctions avec honnêteté, sincérité, équité et compassion envers le peuple et la nation ». Il a aussi exprimé son souhait que le « gouvernement actuel continuera à alléger les fardeaux du peuple et à développer le pays ».
L’influence politique du roi de Malaisie s’est accrue ces dernières années sous le règne du roi Abdullah Shah. Le précédent Roi est par exemple intervenu pour décider qui devait devenir Premier ministre. Le roi Ibrahim avait déclaré au Singapore Straits Times, juste avant de monter sur le trône national qu’il ne voulait pas perdre cinq ans en tant que « roi fantoche ». La cérémonie, qui a duré environ une heure et demie, s’est déroulée conformément à l’article 32(1) de la Constitution fédérale.