C’est une première en France. Un château privé est placé sous la gestion de l’État. La princesse Minnie de Beauvau-Crao, fille du dernier prince de Beauvau, a signé hier l’accord qui permet à une institution publique de gérer le château d’Haroué, fierté de l’ancien duché de Lorraine.
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Le château d’Haroué confié au Centre des monuments nationaux
Marc de Beauvau, marquis de Beauvau, prince de Craon, marquis de Haroué, grand connétable de Lorraine, grand d’Espagne, et vice-roi de Toscane, fit construire en 1720 un château digne de sa noblesse au sud de Nancy. Le château d’Haroué a été construit en intégrant certaines ruines d’un précédent château du 16e siècle.
Le mobilier conçu par l’ébéniste Pierre-Antoine Bellangé est classé, avec d’innombrables autres objets, monument historique par décret, en 2018. Le château lui-même est classé monument historique depuis 1983. C’est en 1982, que Marc de Beauvau-Craon, 7e et dernier prince de Beauvau est décédé, laissant à sa fille, la princesse Minnie, alors âgée de 29 ans, ce somptueux château.
« C’était un privilège et ça a été toute ma vie. Aujourd’hui, mes enfants, Victoria et Sébastian, ont 33 et 34 ans, ils sont très attachés à Haroué mais n’ont pas absolument pas les moyens de le reprendre », a expliqué la princesse Minnie, en exclusivité au Figaro. « Il a fallu de longues années pour que nous nous rendions à l’évidence. Il a fallu aussi du réalisme sur nous-mêmes, et sur nos limites. » C’est ainsi que la princesse s’est tournée vers une solution inédite en France. Ce 23 mars, toujours selon Le Figaro, Minnie de Beauvau-Craon, a cédé la gestion de son château à l’État.
La sage décision de la princesse Minnie de Beauvau-Craon
L’accord conclu avec une institution publique permet notamment d’assurer une gestion française, sans que ce joyau du patrimoine n’entre dans les mains d’un acquéreur fortuné étranger. Le château d’Haroué, appelé aussi château de Craon et surnommé le Chambord lorrain, sera à présent géré par une institution publique, le Centre des monuments nationaux (CMN). Selon le site du CMN, sa mission est de « conserver, restaurer et entretenir, les monuments et les collections placés sous sa responsabilité en y conduisant, sous le contrôle scientifique et technique des services du ministère de la Culture et de la Communication, des opérations visant à prévenir leur dégradation et à étendre leur durée de vie. » La princesse et ses deux enfants continueront à vivre dans une aile du château.
La famille de Beauvau est une très ancienne famille originaire d’Anjou. Parmi ses membres les plus célèbres, il y a Isabelle de Beauvau, qui épousa Jean VIII de Bourbon, comte de Vendôme. Isabelle et Jean sont les ancêtres du roi Henri IV de France. Cette parenté de leur descendance avec la famille royale vaudra à la famille Beauvau d’être reconnus par Louis XIV comme cousins du Roi.
Au 15e siècle, la famille s’est scindée en deux branches : celle des Beauvau du Rivau et celle des Beauvau-Craon. Les deux branches sont élevées au rang de marquis par Louis XIV, lorsqu’ils deviennent cousins du Roi en 1664. Pour la deuxième branche, installée en Lorraine, le marquisat devint une principauté du Saint-Empire en 1722, dans le but d’élever Marc de Beauvau, qui fut gouverneur et vice-roi de Toscane, mais aussi le tuteur du prince héréditaire François de Lorraine (futur empereur François Ie).
La princesse Marie Isabelle, dite Minnie, est l’une des deux filles du dernier prince de Beauvau-Craon et de sa première épouse Maria Cristina Patiño y de Borbón. Leur mère est la fille de l’homme d’affaires bolivien Anténor Patiño et de Marie-Christine de Bourbon, duchesse de Dúrcal, cousine du roi Alphonse XIII.