La reine Mathilde de Belgique a prononcé ce jeudi 8 juillet un discours inaugural d’une conférence de l’ONU, à propos de l’impact de la violence sur la santé mentale des enfants. En période de crise sanitaire, les violences ont augmenté, et en particulier dans les milieux défavorisés. La reine Mathilde a tiré la sonnette d’alarme et exhorte les autorités à «créer des environnements où les enfants dans le besoin sont en sécurité, où ils savent vers qui ils peuvent se tourner pour obtenir une protection».
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Allocution de la reine Mathilde sur l’impact de la violence sur la santé mentale des enfants
La reine Mathilde, ambassadrice des Objectifs du développement durable des Nations unies (ODD), a pris la parole lors d’une conférence sur les violences faites aux enfants et l’impact de ces violences sur leur santé mentale. Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a pris part à ce colloque tenu de façon virtuelle.
Dans son allocution, la reine des Belges, a rappelé que «la pandémie de COVID-19 a dévasté des vies, des communautés et des économies entières. (…) La pandémie a également mis à nu les inégalités et les fragilités de nos sociétés. Elle a touché de manière disproportionnée les plus faibles. Afin de mieux reconstruire, nous devons prioriser les besoins des plus vulnérables et les soutenir dans la construction de leur propre résilience.»
La reine Mathilde a donné pour exemple le fait qu’habituellement, ce sont les familles et la société qui sont là pour protéger les jeunes et subvenir à leurs besoins. «Pendant la pandémie, cependant, de nombreux enfants et jeunes se sont retrouvés en première ligne. À cause du confinement, ils ont été frappés par la pauvreté, privés de protection, de scolarisation et de contacts avec leurs pairs. Souvent, ils ont été forcés de travailler, d’être exploités sexuellement, de se livrer à des activités criminelles ou de se marier précocement. La violence domestique, les abus en ligne et les problèmes de santé mentale étaient déjà endémiques. Ils ont considérablement augmenté pendant la pandémie.»
La reine Mathilde s’est réjouie que les Nations Unies aient rapidement tiré sur l’alarme à ce sujet. Il est donc aujourd’hui impossible d’ignorer ce problème. Nous qui «avons un problème de société généralisé entre nos mains», avons aussi «un défi aux proportions immenses à relever. Nous devons mettre à profit cette prise de conscience et passer à l’action.»
L’épouse du roi Philippe a expliqué que les violences se voyaient d’abord physiquement mais à long terme c’est sur la santé mentale et le bien-être que l’on découvre des séquelles bien plus importantes. «Les blessures émotionnelles peuvent être la cause d’anxiétés durables, de dépression ou de comportements d’automutilation. Ils peuvent altérer de façon permanente la capacité des enfants et des jeunes à réaliser leur potentiel et à mener une vie enrichissante, en tant que membres d’une famille, en tant qu’élèves et étudiants, et plus tard en tant que citoyens ou parents responsables. Les conséquences de leurs traumatismes peuvent avoir un impact sur la vie de leurs propres enfants et des enfants de leurs enfants, génération après génération.»
La reine Mathilde a exhorté à «créer des environnements où les enfants dans le besoin sont en sécurité, où ils savent vers qui ils peuvent se tourner pour obtenir une protection et où ils peuvent facilement accéder à des conseils et à des soins appropriés. Mais nous devons également investir massivement dans leur bien-être mental, et dans la prévention de toutes les formes de violence et de leurs conséquences dramatiques pour les enfants».
Pour faire changer les mentalités, la Reine renvoie à différents documents et rapports, scientifiques et institutionnels à ce sujet. «Ce dont nous avons besoin maintenant, c’est de la volonté de mettre en œuvre des stratégies efficaces, basées sur l’interaction entre tous les acteurs. Il s’agit d’agir sur le développement, sur la pauvreté, sur la nutrition, sur la santé – et en particulier la santé mentale – sur l’éducation, mais aussi sur la protection sociale, la gouvernance et la justice. Ces stratégies devraient être ancrées dans les ODD, qui fournissent un cadre prêt à l’emploi, cohérent et accessible pour leur mise en œuvre.»
La Reine conclut : «Alors que nous avançons, écoutons aussi les voix des enfants. Faisons attention à la puissance de leur résilience. Regardons, pour une fois, le monde de leur point de vue. Le monde que nous, les adultes, avons construit pour eux. Un monde qui aurait dû être protecteur et sûr pour tout le monde. Demandons-nous où nous n’avons pas tenu ces promesses et comment nous pouvons rectifier la situation.»