Le roi Abdallah II a effectué un aller-retour dans l’est de la France en début de semaine. Le souverain hachémite était invité à s’exprimer dans l’hémicycle du Parlement européen à Strasbourg. Le discours du roi de Jordanie portait sur les développements au Proche-Orient, dans le contexte des entre Israël, Gaza et l’Iran, et sur la position que l’Europe devrait adopter selon lui.
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Le roi Abdallah II de retour à la tribune européenne cinq ans après son premier discours fédérateur
Le roi Abdallah II de Jordanie, 63 ans, a quitté son pays lundi 16 juin pour rejoindre la France. Le roi Abdallah était invité le lendemain, le 17 juin, à prononcer un discours important face aux eurodéputés à Strasbourg. Le roi Abdallah a rencontré mardi la présidente du parlement, Roberta Metsola, avant de prendre la parole dans l’un des hémicycles européens.
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Le roi Abdallah a commencé son discours en rappelant qu’il se tenait à cette même tribune il y a cinq ans, et qu’à l’époque, il avait déjà exhorté les dirigeants à trouver des solutions concernant les grands conflits en cours. « Depuis lors, de multiples bouleversements politiques, technologiques et économiques ont mis à l’épreuve notre communauté internationale », a déclaré le Roi. « Une pandémie mondiale, de nouvelles menaces sécuritaires, une accélération technologique sans précédent, une désinformation généralisée et hyper-chargée, une guerre qui fait rage en Ukraine, une guerre cruelle à Gaza, et maintenant, les attaques contre l’Iran, qui menacent d’une dangereuse escalade des tensions, dans ma région et au-delà ».
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« Les règles s’effritent, la vérité change d’heure en heure, la haine et la division prospèrent, et la modération et les valeurs universelles cèdent du terrain face aux extrêmes idéologiques », constate le roi de Jordanie. « Dans le chaos, nous risquons d’oublier qui nous sommes et ce que nous représentons. Mais c’est précisément à ces tournants de l’histoire que nous devons nous réengager envers nos valeurs. »
« L’histoire nous enseigne que les guerres ne se résument pas à une simple question de territoire. Ce sont des batailles autour de visions du monde, autour des idées et des idéaux qui façonneront notre avenir. Et l’Europe le comprend. » Le roi Abdallah a expliqué comment l’Europe s’est reconstruite, en choisissant la paix et la dignité humaine. « Tout au long de l’histoire arabe et européenne, le respect, la responsabilité, la bienveillance et la bonne foi ont guidé des collaborations qui ont conduit à notre bien commun. Et ils peuvent également guider notre réponse aux défis actuels. »
« Aujourd’hui, ce monde est en déclin moral. Une version honteuse de notre humanité se dévoile sous nos yeux en temps réel, et nos valeurs mondiales se dégradent à un rythme effarant, avec des conséquences dévastatrices ». Le roi Abdallah a alors retracé l’historique du conflit en Palestine et les récentes attaques sur Gaza. « Nous nous trouvons à un autre carrefour décisif de notre histoire, un carrefour qui exige un choix : pouvoir ou principe, primauté du droit ou primauté de la force, déclin ou renouveau. »
« Il ne s’agit pas seulement de Gaza. Et ce n’est pas un simple événement politique. Il s’agit d’une lutte pour savoir qui nous sommes en tant que communauté mondiale et qui nous deviendrons. Cette année sera probablement une période de décisions cruciales pour le monde entier. Le leadership de l’Europe sera crucial pour choisir la bonne voie. Et vous pouvez compter sur la Jordanie comme partenaire indéfectible. »
« Il existe deux domaines d’action essentiels. Premièrement, soutenir le développement, car un Moyen-Orient prospère crée des opportunités bénéfiques pour tous. Mais, comme nous l’avons constaté à maintes reprises, cette réalité est réciproque. Lorsque l’espoir s’amenuise, les conséquences se font sentir au-delà des frontières. Deuxièmement, il s’agit d’une action forte et coordonnée pour garantir la sécurité mondiale. »
« Notre sécurité mutuelle ne sera pas assurée tant que notre communauté internationale n’agira pas, non seulement pour mettre fin à la guerre de trois ans en Ukraine, mais aussi au conflit israélo-palestinien le plus long et le plus destructeur du monde, qui dure depuis huit décennies. Parce que, mes amis, les Palestiniens, comme tout le monde, méritent le droit à la liberté, à la souveraineté et, oui, à un État. »
« Si notre communauté internationale n’agit pas avec détermination, nous deviendrons complices d’une réécriture de la notion d’humanité. Car si les bulldozers israéliens continuent de démolir illégalement les maisons, les oliveraies et les infrastructures palestiniennes, ils abattront également les barrières qui définissent la conduite morale. Et maintenant, avec l’extension de l’offensive israélienne à l’Iran, nul ne sait où s’arrêtera ce champ de bataille. Voilà, mes amis, une menace pour les populations du monde entier. En fin de compte, ce conflit doit cesser. Et la seule solution viable est celle fondée sur une paix juste, le droit international et la reconnaissance mutuelle. » Le roi Abdallah a conclu son discours d’une vingtaine de minutes en exhortant les dirigeants européens à faire des choix courageux ensemble.
