Une proposition législative demandant l’organisation d’un plébiscite national en 2026 sur la restauration de la monarchie au Brésil est en cours d’examen par une commission du Sénat. La proposition est étudiée suite à une pétition en ligne ayant reçu plus de 30 000 signatures. En 1993, un référendum similaire avait déjà eu lieu, aboutissant à une victoire écrasante du maintien du régime républicain.
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La Commission des droits de l’homme (CDH) du Sénat brésilien étudie la possibilité d’organiser un référendum pour la restauration de la monarchie
Le portail e-Cidadania, ouvert en 2012, permet aux Brésiliens d’envoyer des requêtes au Sénat sous forme de pétitions. Si la pétition obtient un nombre suffisant de signatures – soit au moins 20 000 signatures en quatre mois -, la proposition est formellement étudiée. En 2024, un citoyen originaire de São Paulo, utilisant le pseudonyme d’Ilgner ADL, a rédigé une proposition pour étudier la possibilité de restaurer la monarchie au Brésil car « la république présidentielle s’est avérée inefficace, en dépensant des budgets qui pourraient être investis pour le peuple ». Cette pétition a obtenu plus de 30 000 signatures.

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En février 2025, le Sénat a examiné cette demande et l’a renvoyée à la Commission des droits de l’homme (CDH), qui est actuellement en train d’analyser la proposition. Selon la pétition de ce citoyen, dans un système de monarchie parlementaire, « le parti élu aurait plus d’autonomie pour gouverner, sans avoir besoin d’utiliser l’argent public pour obtenir des soutiens ». Il estime que dans des pays comme l’Espagne, le Royaume-Uni et le Danemark, « le parlementarisme monarchique s’est avéré efficace, les taux de corruption sont faibles et l’investissement public est élevé, car le parti élu par le peuple a plus d’autonomie pour gouverner dans un système parlementaire ». Notons qu’une proposition citoyenne identique, formulée en 2017, avait été rejetée en 2019 par la CDH et n’avait donc pas abouti à l’organisation d’élections.
En 1808, le prince Jean (futur roi Jean VI de Portugal) installe le siège de l’empire portugais au Brésil, fuyant les troupes de Napoléon au Portugal. En 1815, le Congrès de Vienne crée le royaume uni de Portugal, du Brésil et des Algarves. La reine Marie 1re devient la première reine du Brésil. Quand son fils Jean VI monte sur le trône, il est appelé à rentrer vivre au Portugal en 1821, lui qui vivait au Brésil depuis l’invasion française. Il désigne alors son fils Pierre en tant régent afin de le représenter au Brésil. Pierre proclamera l’indépendance du Brésil en 1822, devenant le premier empereur du pays. Son fils, l’empereur Pierre II, sera renversé en 1889 par un coup d’État. Aujourd’hui, deux branches de la famille d’Orléans-Bragance se disputent la prétention au trône avec plus ou moins de rivalités. La branche la plus active et la plus présente médiatiquement est celle de Vassouras, dont l’actuel chef est le prince Bertrand, âgé de 84 ans.
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Le retour à la monarchie est-il probable au Brésil ?
Le Comité des droits de l’homme (CDH) analyse à présent la proposition citoyenne envoyée au Sénat et pourrait concrétiser la demande en organisant un plébiscite national en 2026. Il ne s’agirait pas d’une première puisqu’en 1993, un référendum semblable avait déjà été organisé. À l’époque, le député fédéral Antônio Henrique Bittencourt da Cunha Bueno avait mené une campagne médiatique importante et malgré les remous provoqués par la proposition, les 67 millions d’électeurs qui s’étaient rendus aux urnes s’étaient prononcés contre la restauration de la monarchie.

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Plus de 44 millions de Brésiliens avaient voté en faveur de la République, soit 66% des voix. Le retour de la monarchie avait séduit 6,8 millions de Brésiliens, soit seulement 10,2% des votants, étant donné que les votes blancs avaient obtenu 10,5% des voix et plus de 13% de votes nuls avaient été comptabilisés. Toutefois, plus de 25% des Brésiliens en mesure de voter s’étaient abstenus de se rendre aux urnes.
Le Cercle Monarchique Dom Luiz, qui soutient le prince Bertrand d’Orléans-Bragance comme candidat potentiel au titre d’empereur du Brésil, se prononce lui-même défavorablement à la tenue d’un tel référendum. « Il est tout à fait vrai, et il n’y a aucun doute là-dessus, qu’en tant que monarchistes invétérés, nous aspirons au retour de la monarchie dans notre pays », explique le secrétariat de ce mouvement monarchiste, tout en ajoutant : « Cependant, conscients des défis qui traversent cette entreprise, nous nous plaçons dans une position défavorable face à ce plébiscite réalisé si rapidement ».
Le cercle monarchiste estime qu’il n’est pas envisageable, à l’heure actuelle, de poser cette question au peuple, en raison de la précipitation de la proposition. Le prince Betrand, âgé de 84 ans, a seulement succédé à son frère aîné il y a deux ans à la tête de la famille impériale, et au vu de son âge, le prince n’a pas pu être très actif ni médiatisé. Son successeur actuel est son neveu, le prince Rafael, en qui les monarchistes placent un grand espoir en raison de son âge – 38 ans – , qui pourrait insuffler un vent de fraîcheur dans sa manière de diriger la famille impériale. Quant à la branche opposée, celle de Petrópolis, les membres de la famille ne sont pas réellement engagés publiquement dans des activités de représentation.
Le cercle monarchiste souligne que les obstacles qui avaient empêché la cause monarchiste de remporter le référendum de 1993, sont toujours d’actualité aujourd’hui. Ces obstacles sont principalement : « les faibles ressources des monarchistes et de la Maison impériale pour la diffusion ostensible de la cause au niveau national, la désinformation idéologique antimonarchiste systématiquement perpétrée par la presse et par les établissements d’enseignement, le peu de temps nécessaire pour préparer une campagne d’information et de sensibilisation efficace sur ce qu’est la monarchie et ce qu’elle a réellement représenté pour le Brésil pendant sa période monarchique, etc. » Le cercle se veut réaliste et prédit déjà une défaite de la cause monarchiste et craint que ce soit peut-être la dernière fois qu’un tel référendum soit organisé. Le cercle monarchiste veut mettre toutes ses chances de son côté pour restaurer la monarchie et estime qu’en l’état actuel, un tel référendum serait prématuré.
Le cercle monarchiste déplore également qu’une telle défaite de la cause monarchiste est principalement due à « la vague de fausses nouvelles historiques concernant l’Empire qui a pris, au cours de près d’un siècle et demi, des proportions dignes d’un tsunami ». Le cercle constate toutefois que « la proportion de monarchistes répartis dans tout le Brésil est croissante, que ce soit dans des groupes de militantisme, d’études et de propagation des idéaux monarchistes, ou même parmi des sympathisants dispersés », sans être toutefois suffisante pour obtenir une majorité lors d’un vote éventuel.