Le prince Nugzar Bagration-Gruzinski, homme de théâtre et prétendant au trône de Géorgie, est décédé à 74 ans. Le prince Nugzar était un descendant du roi Georges XII, dernier souverain du royaume de Kartl-Kakhétie. Le décès du prince met également fin à une querelle dynastique de longue date au sein de la famille Bagration. La dispute familiale empêchait jusqu’ici l’éventualité de la restauration de la monarchie en Géorgie.
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Le monde du spectacle géorgien perd son prince
Le prince Nugzar Bagration-Gruzinski est né le 25 août 1950, fils du prince Pierre, un poète géorgien de renom. Le prince Nugzar, diplômé de la Faculté d’interprétation de l’Institut national de théâtre de Tbilissi en 1971. Diplômé de la même école, cette fois-ci en 1976 à la Faculté de mise en scène, le prince Nugzar a mené une brillante carrière en tant que réalisateur à la télévision et metteur en scène au théâtre. Le prince Nugzar a été directeur de plusieurs théâtres.

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Le Théâtre des acteurs de cinéma de Tumanishvili, où il travaillait comme directeur, a annoncé le décès du prince Nugzar, ce 1er mars 2025. « Nugzar Bagration-Gruzinski était l’un des fondateurs et gardiens du Théâtre des acteurs de cinéma de Tumanishvili, le meilleur élève de Mikheil Tumanishvili et son compagnon constant, réalisateur et professeur », a rappelé le théâtre dans son avis de décès, en plus du détail de son curriculum.
En 1971, le prince Nugzar a épousé l’actrice de cinéma Leila Kipiani, avec laquelle il partageait l’affiche du film « Quelle jeunesse » de Rézo Tchkhéïdzé. Le couple a eu deux filles, la princesse Ana (1976) et la princesse Maia (1978). Depuis le décès de son père en 1984, le prince Nugzar revendiquait la position de chef de la famille royale de Géorgie, en tant que descendant des rois de Kakhétie et des rois de Karthli. Les deux royaumes géorgiens ont fusionné en 1762, sous Héraclius II. Son fils, Georges XII sera le dernier souverain du royaume de Kakhétie-Karthli (Géorgie), qui fut annexé à l’Empire russe en 1800. La prétention au trône de Géorgie est disputée depuis longtemps entre la branche Gruzinski, descendante du dernier roi Georges XII et la branche Moukhrani, descendante d’une branche cadette des princes de Moukhran. Bien qu’étant une branche cadette, les Moukhrani sont devenus la branche sénior de toute la dynastie Bagration au début du 20e siècle. Cette branche descend aussi du roi Héraclius II par son fils cadet.

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Vers la fin de la querelle dynastique au sein de la famille royale de Géorgie ?
Le prince Nugzar n’ayant eu que deux filles, la succession dynastique était une préoccupation au sein de la famille. Toutefois, selon la règle Zedsidzeoba au sein de la famille royale, cela permet aux potentiels enfants masculins de la princesse Ana d’hériter de la prétention au trône. La princesse Ana, alors divorcée et mère de deux filles, a épousé en 2009, son cousin de la branche Moukhrani, le prince David, qui est l’autre prétendant au trône de Géorgie. Ana et David ont eu un fils, le prince Giorgi, né en 2011. Au baptême de Giorgi en 2013, dirigé par le patriarche Élie II de Géorgie, à la cathédrale de Mtskhéta, son grand-père, le prince Nugzar était présent, confirmant sa reconnaissance comme héritier dynastique. Ana et David ont divorcé en 2013.
Aujourd’hui âgé de 13 ans, le prince Giorgi devient donc le nouveau prétendant au trône de Géorgie, selon les partisans de la branche Gruzinski, en tant que descendant le plus direct du roi Georges XII. Le prince Giorgi, est d’autre part, le fils et héritier dynastique du prince David, actuel chef de la branche Moukhrani et à la tête de la branche la plus ancienne des Bagration.

Depuis l’indépendance de la Géorgie en 1991, les tourments politiques du pays ont réveillé des intentions monarchiques, ce qui a également cristallisé la querelle dynastique, dans l’éventualité d’un retour à la monarchie. En octobre 2007, le patriarche Élie avait prononcé un important sermon à la télévision, dans lequel il s’était prononcé en faveur de la restauration de la monarchie, prenant pour exemple la réussite espagnole. Comme le rapporte Eurasianet, le patriarche avait déclaré que « les monarchies constitutionnelles occidentales agissent comme des garanties de stabilité et d’unité nationale. Le roi régnera, il ne gouvernera pas ». La querelle dynastique entre les deux branches a jusqu’ici empêché d’avoir un consensus sur le candidat au trône qui satisfasse les deux parties.
Le royaume de Géorgie en tant que tel est un royaume médiéval ayant existé de 1010 à 1490. Par la suite, le territoire s’est divisé en plusieurs autres royaumes, principalement l’Iméréthie, le Karthli et la Kakéthie. Hiéraclius II, roi de Kakhétie depuis 1744, devient aussi roi de Karthli en 1762. Il règnera ainsi sur les deux territoires de Géorgie orientale, à présent réunis sous une même couronne. Raison pour laquelle ce royaume est parfois simplement appelé royaume de Georgie, bien qu’il s’agisse officiellement du royaume de Kartli-Kakhéthie. Son fils, Georges XII, fut le dernier roi de ce royaume annexé à l’Empire russe en 1800, et donc le dernier souverain de l’illustre dynastie des Bagrations.