Il y a quelques jours, la princesse Karina Bagration-Moukhransky a épousé le prince Alexis Andronikof à Vannes, en France. La princesse, membre important de la famille royale de Géorgie, s’est unie au petit-fils du célèbre prince Constantin Andronikof. La mariée portait une robe de confection ukrainienne, en soutien aux femmes stylistes d’Ukraine.
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Des mariés aux histoires de famille communes
Le 7 octobre 2023, la princesse Karina Bagration-Moukhransky, née Karina Kharissof, qui fut l’épouse d’un prince de Géorgie, a épousé le prince Alexis Andronikof, à Vannes. La mariée est une célèbre femme d’affaires, philanthrope, artiste et mannequin. Le marié est un descendant direct de l’empereur byzantin Alexis 1er Comnène (1170-1199). Il est aussi le petit-fils du prince Constantin Andonikof, un aristocrate russe réfugié en France en 1920.
Le prince Constantin Andronikof fut le neveu de la mondaine, égérie, muse et poétesse géorgienne, devenue princesse dans l’Empire russe, Salomeïa Nikolaïevna Andronikova. Le prince Constantin, qui en France a mené une carrière de conseiller, diplomate et traducteur, fut l’interpète de trois présidents français : Charles de Gaulle, Georges Pompidou et Valéry Giscard d’Estaing. Au-delà du coup de foudre entre Karina et Alexis, leur histoire a commencé bien avant leur naissance car leurs ancêtres avaient déjà noué des liens.
Après la révolution de 1918, Nikolai Kharisov (ou Kharisoff), arrière-grand-père de Karina, a quitté sa patrie avec sa famille. Nikolai Kharisov, issu de la noblesse militaire cosaque du Don, avait pour projet de rejoindre les États-Unis mais c’est en France qu’il s’est installé. Son fils, Georgi, qui plus tard sauvera sa femme Lydia des camps de concentration, est devenu un homme d’affaires prospère. En 1945, Lydia et Georgi ont eu un fils, Volodymir, père de Karina. C’est alors que le destin du jeune Volodymir a basculé lorsque ses parents ont pris la décision de rentrer vivre en Ukraine, qui était en URSS. L’histoire tragique de ce retour au pays est semblable à celle du film Est-Ouest du réalisateur Régis Wargnier, avec Catherine Deneuve et Sandrine Bonnaire. Karina, quant à elle, est retournée vivre définitivement en France au début de la guerre en Ukraine.
Le petit-fils du prince Constantin Andronikof épouse la princesse Karina Bagration
Les ancêtres des mariés se connaissaient. Vassili, un grand-oncle de Karina, avait profité d’un retour en Ukraine pour donner des nouvelles de Paris où il vivait. Vassili avait notamment parlé à la jeune Karina des bonnes manières de Consantin Andronikof, qui avait fait forte impression auprès de la famille Khroutchtchev, en utilisant des tournures de langages de l’aristocratie. Une anecdote dont se souvient encore Karina aujourd’hui et qui a forgé une partie de son éducation, sans savoir que des années plus tard, elle unirait son destin au petit-fils de Constantin.
Le prince Alexis garde lui aussi des souvenirs émus de son grand-père, dont il a hérité son amour pour les langues, la foi orthodoxe, l’histoire et les études culturelles. Son père, le prince Emmanuel, était l’un des mathématiciens les plus éminents de son époque et sa mère, Betsy Biedebach, issue d’une grande famille de Californie, lui a donné une éducation polyvalente et internationale.
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Le prince Nugzar Bagration-Gruzinski, actuel chef de la Maison royale de Géorgie, et descendant des rois de Géorgie, avait publié en 2017 un décret de reconnaissance que nous nous sommes procuré. Ce décret rappelait qu’en vertu du Recueil des lois de l’Empire russe d’avant 1917 et selon les lois civiles ukrainiennes actuelles, la princesse Karina pouvait continuer à porter son nom de mariage, même après son divorce. « Nous reconnaissons, une fois de plus, le droit légitime de Karina Bagration-Moukransky à un titre de princesse et à un nom de famille historique complet », peut-on lire dans ce décret.
« La princesse Karina Bagration-Moukhransky mérite le respect pour son service à la société et son dévouement à l’image positive de la promotion de la dynastie Bagrationi. Elle est un membre légitime et populaire de la dynastie, respectée et bien connue de la communauté internationale », écrit le chef de la famille. « J’ai pris cette décision en ma qualité de chef légitime de la Maison royale de Géorgie et de descendant direct des rois de Géorgie au pouvoir. Cette décision et cette reconnaissance sont définitives et ne font l’objet d’aucune discussion ultérieure », conclut le prince Nugzar dans son décret de 2017.
Dans un nouveau document, publié il y a quelques jours, avant le remariage de la princesse Karina, le prince Nugzar a une fois de plus accordé le droit à la mariée de continuer à porter le nom Bagration, cette fois-ci accolé au nom d’Andronikof. « Cette union a une belle signification symbolique puisque les princes Andronikof n’ont pas seulement assuré des positions diplomatiques et militaires stratégiques, ils se sont aussi distingués pour leur loyauté exemplaire envers la famille royale de Géorgie, avec laquelle ils ont de nombreux liens maritaux ». Le prince précise que Karina reste princesse, puisqu’elle est à présent une princesse Andronikof et qu’elle reste membre de la Société de la Maison royale Bagration.
Karina Bagration-Andronikof est une survivante de guerre, une personnalité publique, une interprète et une pédagogue. Elle est également philanthrope (présidente et fondatrice d’une association caritative basée à Genève, aidant les femmes et les enfants dans les sociétés d’après-guerre), titulaire d’un doctorat (Université d’État de Kiev) et diplômée de l’Université de Cambridge (CELTA). Le prince Alexis, qui a vécu aux quatre coins du monde et a étudié dans de prestigieuses écoles, travaille à présent dans le secteur immobilier.
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Après avoir découvert Yvan Tellier et son étonnant projet dédié aux femmes des pays d’Europe de l’Est et de Géorgie, Karina s’est installée en Bretagne. C’est là qu’Alexis et Karina se sont rencontrés, tout à fait par hasard mais avec un solide bagage commun. La mère de la princesse n’a malheureusement pas pu assister au mariage, toujours installée en Ukraine. « Nous voulions garder notre relation discrète pour prendre le temps de nous découvrir davantage. Je me soucie beaucoup de notre héritage commun, mais ce qui compte le plus pour moi, c’est son cœur immense et son engagement à changer le monde pour le meilleur », a déclaré le prince Alexis concernant son épouse. « Nous avons tous les deux un sentiment de compassion et espérons que nous parviendrons à soutenir ceux qui en ont le plus besoin ». Le couple a décidé de reporter la grande célébration du mariage jusqu’à la fin de la guerre en Ukraine.
En soutien aux marques de mode ukrainiennes dirigées par des femmes, Karina portait une robe ukrainienne VOVK lors de la cérémonie. Le couple nous a annoncé qu’il réduira le nombre de mécénats et d’engagements sociaux dans un premier temps, afin de profiter quelque temps d’une vie de famille tranquille, loin de la politique. Cependant, ils pourraient tous deux lancer un projet dédié à l’héritage culturel byzantin qui les inspire beaucoup tous les deux.