Depuis plusieurs jours, l’annonce du divorce du roi Misuzulu des Zoulous fait couler beaucoup d’encre en Afrique du Sud. Le roi coutumier a entamé les procédures pour se séparer de sa première épouse, alors que des rumeurs parlent d’un nouveau mariage dans les semaines à venir. Le divorce est, en principe, interdit au sein de son Église et n’est pas culturellement accepté par les Zoulous.
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Le roi des Zoulous demande le divorce de sa première épouse
Il y a quelques jours, la presse sud-africaine avait appris que le roi Misuzulu ka Zwelithini, 50 ans, roi des Zoulous depuis 2021, envisageait de divorcer. « Les raisons du divorce ne sont pas claires », écrivait d’abord le journal The Citizen, évoquant toutefois des désaccords de la reine par rapport au mariage polygame du roi. Ce qui n’était qu’une rumeur est à présent confirmé par la demande de divorce qui a été envoyée à la haute cour de Pietermaritzburg. La motivation officielle est une « rupture irrémédiable du mariage ».
Le roi Misuzulu avait épousé la reine Ntokozo KaMayisela peu de temps après son accession sur le trône. Il a ensuite épousé la reine Nozizwe Mulela la même année, puis la reine Nomzamo MaMyeni comme troisième épouse en 2024 (Mise à jour : le mariage officiel avec cette dernière aura lieu en janvier 2025). La première reine n’apparaissait plus en public depuis quelques mois et plusieurs rumeurs ont couru à son sujet. Après des mois de spéculations, elle avait exceptionnellement publié un communiqué pour confirmer son attachement à la nation zouloue. Selon elle, son absence était purement « personnelle » et le roi était au courant de la raison. Concernant les autres mariages de son époux, elle avait affirmé n’avoir « aucune objection » à la polygamie, appelée localement isithembu. « Cependant, j’ai appris le mariage de mon mari sur les réseaux sociaux, comme le reste de l’Afrique du Sud. Je n’ai jamais rencontré sa nouvelle reine et, très honnêtement, je ne sais rien d’elle », avait-elle ajouté.
Le divorce du roi des Zoulous fait couler beaucoup d’encre en Afrique du Sud. Contrairement à la polygamie, qui est culturellement acceptée par la nation zouloue, le divorce est relativement mal perçu. En réalité, le divorce n’existe pas et les différends entre époux sont réglés en famille, suivant des arrangements privés. « Les changements sociétaux et juridiques, ainsi que l’influence omniprésente des médias sociaux, ont rendu les résolutions privées plus difficiles », explique un expert culturel à Mail & Guardian. Et d’un point de vue religieux, le divorce est même interdit au sein de l’Église dont est membre le roi. Le roi Misuzulu est membre de l’Église baptiste de Nazareth, une Église d’institution africaine également connue sous le nom d’Église Shembe.
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Un remariage en vue pour le roi Misuzulu ?
Bien que le divorce soit mal perçu par les Zoulous et interdit par cette Église, il existe un précédent de taille dans l’histoire de la famille royale. Le roi Cyprian Bhekuzulu kaSolomon, grand-père du roi Misuzulu, qui a régné entre 1948 et 1968, avait lui-même divorcé d’une de ses épouses. La nouvelle rumeur qui fait suite à cette annonce de divorce, serait un nouveau mariage. Selon certaines sources, un nouveau mariage serait prévu pour le mois de février. Jusqu’ici, le roi Misuzulu n’avait pas encore célébré de grand mariage rituel. Celui-ci pourrait être un mariage royal et dans le respect des traditions zouloues.
Le document envoyé à la haute cour de Pietermaritzburg précise que « les parties n’ont pas vécu ensemble en tant que mari et femme pendant une période continue d’au moins un an immédiatement avant la date d’introduction de l’action (la procédure de divorce) ». Le roi Misuzulu propose aussi de verser une compensation sous forme d’une rente mensuelle de 20 000 rands (environ 1035 euros) pendant un an à son ex-épouse. Le roi Misuzulu et sa première épouse ont eu deux fils ensemble. Selon Mail & Guardian, les deux princes ne perdront pas leur statut ni leur place au sein de la famille royale après le divorce de leurs parents.
Le règne de Misuzulu n’est pas de tout repos. Son accession au trône elle-même a sucité de nombreuses polémiques, créant une fraction au sein de la famille royale. Plusieurs princes et princesses de la famille considèrent Misuzulu comme illégitime. Le roi Misuzulu a été reconnu officiellement comme le roi des Zoulous par le président sud-africain Cyril Ramaphosa. Son règne est aussi légitimé par son oncle maternel, qui n’est autre que le très décrié roi Mswati III d’Eswatini.
L’Afrique du Sud est une république mais l’article 212 de la constitution sud-africaine reconnaît un certain nombre de royaumes traditionnels, dans lesquels les monarques jouent un réel rôle de médiateur au niveau local et un rôle symbolique, en tant que garants de la préservation culturelle de leur tribu ou ethnie. Le roi Misuzulu Zulu est le souverain du peuple zoulou, anciennement regroupé dans le Zoulouland, qui aujourd’hui fait partie de la province sud-africaine du KwaZulu-Natal. Parmi les royaumes traditionnels, celui des Zoulous est le plus important en termes de population. On estime à un cinquième de la population sud-africaine appartenant à l’ethnie zouloue. La fonction de roi des Zoulous s’accompagne de quelques actes officiels. C’est par exemple le roi qui est chargé d’ouvrir l’année parlementaire du parlement provincial du KwaZulu-Natal.