Le New York Times révèle que les avocats du prince héritier Mohammed ben Salman ont envoyé une demande d’immunité pour leur client, accusé notamment de tentative d’assassinat par un ancien agent saoudien du contreterrorisme. Si cette immunité lui est accordée par l’administration Trump, les poursuites concernant l’affaire Kashoggi pourraient aussi être abandonnées.
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L’immunité de Mohammed ben Salman est demandée aux États-Unis
Au mois d’août 2020, Saad ben Khalid ben Saad Allah al-Jabri, raccourci en Saad Aljabri, accusait le prince héritier d’Arabie saoudite d’avoir voulu l’assassiner, si l’on en croit le document de plus de 100 pages déposé auprès d’un tribunal de Washington. Saad Aljabri, 62 ans, est un ancien major-général de l’Armée qui fut également ministre de l’Intérieur d’Arabie saoudite. Dans sa plainte, il raconte en détail comment le prince héritier Mohammed ben Salman aurait envoyé un commando d’élite pour l’éliminer au Canada.
Selon l’ancien agent saoudien, qui a longtemps collaboré avec la CIA, peu de temps après l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, le prince héritier MBS aurait envoyé le Tiger Squat, l’escadron de la mort composé d’une cinquantaine d’officiers agissant pour le compte du prince héritier, s’en prendre à lui.
À présent, le New York Times révèle que les avocats américains du prince héritier d’Arabie saoudite ont envoyé une demande pour rappeler le statut diplomatique de MBS. Un peu plus tôt ce mois-ci, les avocats de Saad Aljabri ont reçu à leur tour un questionnaire émanant du Département d’État (l’équivalent des Affaires étrangères) concernant leur avis sur le caractère diplomatique et l’immunité dont pourrait bénéficier le prince héritier.
L’immunité de MBS pourrait empêcher les poursuites dans l’affaires Khashoggi
Le New York Times précise : « On ne sait pas si le département d’État suggère que l’immunité est accordée dans cette affaire ou si une décision sera prise avant le 20 janvier, au moment où le président Trump, qui a publiquement soutenu le prince Mohammed, quittera ses fonctions. » Les avocats du prince héritier, ceux de Saad Aljabri et l’ambassade saoudienne ont refusé de commenter l’information.
Il est pour le moment impossible de savoir exactement comment et quand l’immunité sera accordée, ni si la demande sera toujours valable sous le mandat à venir de Joe Biden. Les partisans de l’ancien agent, dont une partie de sa famille est retenue en otage en Arabie saoudite pour faire pression sur lui, craignent que l’immunité du prince héritier ait pour conséquence de mettre fin à toutes possibilités de poursuites dans l’affaire Khashoggi. En octobre dernier, c’est aux États-Unis que la fiancée du journaliste Jamal Khashoggi a porté plainte à l’encontre de MBS. Elle demande des dommages et intérêts à ceux qui auraient commandité le meurtre de son fiancé en 2018, torturé et démembré au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul.