Les chats et les royautés : quelle famille royale possède un chat ?

Les chiens sont véritablement les meilleurs amis de rois, des reines, des familles héritières et même des présidents. On remarque que peu de chefs d’État, d’hommes et de femmes de pouvoir s’affichent avec un chat. Pourtant, cet animal sacré était symboliquement très important au temps de l’Égypte antique. De Louis XV de France à l’impératrice Catherine de Russie, le chat a quelques fois intégré les plus grandes cours royales. Qu’en est-il aujourd’hui ? Quelles sont les familles royales qui présentent leur chat publiquement ?

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Les chats : symboles royaux de protection

Le chat était vénéré dans l’Égypte antique, symbole de la protection. Appelé « miou », aussi retranscrit « miw » ou « mau », le chat est devenu l’incarnation de divinités. La première est Bastet. Hérodote écrit qu’à la mort d’un chat domestiqué, les familles égyptiennes étaient en deuil et se rasaient les sourcils en signe de tristesse. Lors du Nouvel Empire (vers -1000), le culte du chat prend de l’ampleur quand le pharaon Sheshonq Ier développe la ville de Bubastis, une ville dédiée au culte de Bastet. Certains membres de la famille royale accordaient une grande importance à leur chat, comme le prince Thoutmôsis, fils aîné du pharaon Amenhotep III, qui a enterré sa chatte Ta-miou dans un sarcophage. Le culte du chat s’est peu à peu éteint, jusqu’à ce que les cultes païens soient interdits par l’édit de Thessalonique promulgué par l’empereur romain Théodose Ier en 380.

Le sarcophage du chat Ta-miou du prince Thoutmôsis (Photo : Larazoni/Flickr CC.2.0)

Par la suite, l’histoire a réservé au chat un rôle plus fonctionnel. Le chat vaquait dans les palais pour chasser les rôdeurs. Encore aujourd’hui, le 10 Downing Street réserve le titre de Souricier en chef du Cabinet au chat engagé au domicile du Premier ministre britannique pour chasser les souris. Le chat en poste depuis 2011 est Larry.

Larry est le Chef souricier, en poste depuis 2011 au 10 Downing Street (Photo : OGL v1.0)

À partir du 18e siècle, les chats ont été utilisés par la Cour impériale de Russie pour assainir les palais. L’impératrice Catherine 1e a ordonné en 1745 que des chats soient envoyés au palais d’Hiver pour dératiser les lieux. Le palais d’Hiver de Saint-Pétersbourg est aujourd’hui connu comme le musée de l’Ermitage. Al Arabyia rappelle qu’aujourd’hui les chats sont devenus aussi célèbres que le musée et qu’il y a encore environ 70 chats qui y vivent. Une petite célébration est organisée chaque année pour les chats du musée, qui a même consacré un site internet dédié à l’adoption de leurs chats, principalement de race Bleu Russe.

L’un des chats qui monte la garde devant le palais d’Hiver de Saint-Pétersbourg, qui abrite aujourd’hui le musée de l’Ermitage (Photos : Wikimedia Commons)

La famille impériale a continué à aimer les chats, comme en témoignent les photos de la grande-duchesse Olga, l’une des filles de Nicolas II, qui ne quittait pas son chat Vaska. Il existe aussi un très beau portrait d’Irina Alexandrovna de Russie photographié en exil en 1754 avec son beau chat, un Bleu Russe.

Les chats sont liés à d’autres histoires royales, comme l’établissement du royaume de Cat (ou Cait) par les Pictes, en Écosse, ou encore le roi gallois Hywel le Bon (ou Hoël) premier roi de Deheubarth, qui fit promulguer des lois interdisant de tuer les chats. Les souverains chinois de la dynastie Song, entre le 10e et le 13e siècle, accordaient aussi beaucoup d’importance aux chats, comme en témoignent les poèmes qui leur sont dédiés ou leurs représentations dans les œuvres qui décoraient leurs palais.

Enfin, les wichien-maat, chats siamois originaires de Thaïlande, auraient selon la légende attrapé un strabisme qui leur est caractéristique, après avoir trop longuement protégé les trésors royaux. Les chats ont eu de l’importance au sein de la cour du royaume d’Ayutthaya (ancien nom de la Thaïlande). En 1926, le roi Prajadhipok intégra même un chat dans son rituel de couronnement en tant que Rama VII.

Le roi Prajadhipok (Rama VII) avait inclus un chat dans sa cérémonie de couronnement en 1926. Ici, photographié avec la reine Rambai Barni et sa cour lors d’une cérémonie avec l’une de nièces du roi qui tient un chat siamois dans ses bras (à l’extrémité droite) (Photo : Domaine public)

Après l’introduction du chat à poils longs en Europe au 16e siècle, il rejoignit quelques cours. Apprécié dans les grands domaines pour chasser les rongeurs, il deviendra aussi une nuisance lui-même dans les cuisines des châteaux et autres seigneuries. Mais les chats angoras étaient tout de même, il faut le dire, majestueux et Louis XV fut l’un des premiers monarques européens à leur redonner leurs titres de noblesse. Louis XV possédait plusieurs chats mais deux se sont démarqués, Brillant et Général. La légende veut que certains chats qui vivent encore à Versailles, soient des descendants de Général, ce magnifique persan.

Son chat Brillant apparaîtrait même sur un tableau « Chat angora blanc, guettant un papillon », peint par Jean-Jacques Bachelier et exposé au musée Lambinet de Versailles. Paris Match décrit ce chat comme « un bel angora au pelage d’un blanc éclatant et aux yeux bleus ».

Les chats dans les cours royales actuelles

Dans l’histoire plus récente, la passion des chats dans les familles royales semble moins fréquente. À l’instar des présidents américains et des présidents français, les rois et les reines offrent aujourd’hui des chiens à leurs enfants. Plus affectueux mais surtout plus dociles, le chien semble avoir la cote auprès des hommes de pouvoir, dont la présence à leurs côtés rappelle l’autorité et la maîtrise. Alors que le chat, autrefois symbole de protection, est difficilement soumis à l’homme. Mais les choses peuvent changer, comme on a pu l’apprendre cette semaine, avec la venue de Willow, le nouveau chat de la Maison Blanche, adopté par Joe Biden et son épouse.

Joe Biden va-t-il changer le regard que les présidents et les monarques portent sur les félins ? Pour le moment seul un membre de la famille royale britannique a affiché publiquement sa préférence pour les chats. Il s’agit de la princesse Michael de Kent. L’épouse du cousin germain d’Elizabeth II est née baronne Marie Christine von Reibnitz, en 1945 et a épousé à Vienne le prince Michael de Kent en 1978. Marie Christine a été photographiée à plusieurs reprises avec ses chats et notamment sur une photo officielle avec ses deux enfants, en 1984.

La seule famille régnante qui affiche publiquement son amour pour les chats est la famille impériale du Japon. Sur les photos de famille partagées à l’occasion des grandes fêtes, l’empereur Naruhito, l’impératrice Masako et leur fille, la princesse Aiko, apparaissent souvent avec leur chien, Yuri. Mais la princesse Aiko ne manque pas de prendre aussi sur ses jambes son chat. Au fil du temps, la famille s’est agrandie et à présent, la princesse Aiko possède deux chats, Mii et Seven.

C’est en Asie du Sud-Est, au sultanat de Brunei qu’on a récemment pu apercevoir qu’un chat devenait la star d’un nouveau couple royal. La semaine dernière, la princesse Fadzillah, l’une des filles du sultan de Brunei, s’est mariée en grande pompe. Après 9 jours de festivités, des photos officielles ont été publiées par la Cour pour présenter le nouveau couple à la population. L’une de ces photos montre les jeunes mariés qui sont en train de former leur famille. Avant la naissance de leur premier enfant, c’est avec leur chat qu’ils ont choisi de poser sur leur photo officielle de mariage.

Si les rois, reines, princes et princesses communiquent peu à propos de leur chat éventuel, nombreux sont ceux qui accordent leur patronage ou de l’intérêt aux refuges animaliers. La duchesse de Cornouailles et la duchesse de Sussex sont marraines de refuges et ont publiquement déjà parlé du bien-être animal. Le prince Laurent de Belgique, dont la fondation a pour seul objectif le bien-être animal, est lui aussi un amoureux des animaux.

Quelques images d’archives nous laissent penser que la reine Margrethe II de Danemark, avant de devenir totalement inséparable de ses teckels, aimait elle aussi les chats lorsqu’elle était petite.

La princesse Margrethe de Danemark, future reine Margrethe II, avec un chat en 1943 (Photo : Ebba Neergaard/Dronning Ingrids Samling)
La princesse Margrethe fait un câlin à son chat (Photo : Ebba Neergaard/Dronning Ingrids Samling)

La photo de la reine Sofia d’Espagne, qui avait joué avec un chat égaré puis l’avait ramassé dans une rue de Damas, en Syrie, avait ému la presse. La reine d’Espagne sortait d’un restaurant avec son cousin, le prince Michael de Grèce et sa sœur, la princesse Irène de Grèce, quand elle a croisé ce chat qu’elle a carressé.

La reine Sofia semble apprécier ce chat croisé en Syrie (Photo : Balkis Press/Abacapress)
En 2004, la reine Sofia avait craqué pour un chat qui se baladait près d’un restaurant de Damas (Photo : Balkis Press/Abacapress)

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Nicolas Fontaine

Rédacteur en chef

Nicolas Fontaine a été concepteur-rédacteur et auteur pour de nombreuses marques et médias belges et français. Spécialiste de l'actualité des familles royales, Nicolas a fondé le site Histoires royales dont il est le rédacteur en chef. nicolas@histoiresroyales.fr