Le prince Emmanuel-Philibert de Savoie, accompagné de sa compagne Adriana Abascal, est retourné sur les terres d’origine de ses ancêtres en Savoie. Le chef de la Maison royale de Savoie a visité plusieurs lieux emblématiques de Chambéry, ancienne capitale du duché et des États de Savoie, dont sa cathédrale et son château.
Le nouveau duc de Savoie de retour à Chambéry
Le samedi 11 octobre 2025, la délégation de Savoie des ordres dynastiques de la Maison royale de Savoie avait organisé une journée pleine de découvertes pour le prince Emmanuel-Philibert de Savoie, 53 ans, petit-fils du roi Humbert II d’Italie. Si les chefs de la Maison de Savoie ont régné sur l’Italie à partir de 1861, comme leur nom l’indique, leur origine se trouve bien en Savoie. Cette visite était la première qu’effectuait le prince Emmanuel-Philibert, duc de Savoie, prince de Piémont et de Venise, depuis le décès de son père en février 2024.

La famille de Savoie tire son origine d’un certain Humbert aux mains blanches, un noble proche des souverains bourguignons, qui obtiendra des territoires dans le Viennois et ses environs. Vers l’an 1030, l’empereur Conrad II lui octroie le comté de Savoie. Les descendants d’Hubert vont considérablement agrandir le comté de Savoie par leurs acquisitions, conquêtes et héritages. Une partie du bourg de Chambéry fut achetée par le comte Thomas 1er de Savoie en 1232 au seigneur de Chambéry. La famille de La Forest faisait partie des témoins de cette transaction.

Les comtes de Savoie sont de redoutables guerriers qui ont conquis, hérité et se sont emparés de territoires de la Savoie jusqu’à Nice. Ils ont été élevés au rang de ducs en 1416. Dès 1235, une branche cadette de la famille de Savoie avait reçu en apanage la seigneurie de Piémont. Par un mariage entre deux membres de la famille de Savoie, cette seigneurie revient à la branche principale en 1418. Le Piémont sera érigé en principauté en 1424. Les territoires des Savoie sont nombreux et morcelés. Ils étaient alors appelés les États de Savoie.
Visite du château médiéval de La Grande Forest
La journée, durant laquelle le prince de Venise était accompagné de sa compagne Adriana Abascal, a commencé au château de La Grande Forest à Saint-Jean-de-Chevelu. Cette maison forte du médiéval est en cours de restauration. Il s’agit du berceau historique de la famille La Forest mais des éboulements mettent en péril l’édifice, qui bénéficie actuellement d’un plan de sauvetage.

Le prince Emmanuel-Philibert et Adriana ont été accueillis par le professeur François Demotz, secrétaire de la délégation de Savoie des ordres dynastiques, ainsi que par le comte de La Forest Divonne. La famille la Forest, autrefois proche de ducs de Savoie, est une ancienne famille de la noblesse chevaleresque savoyarde.

Le groupe a retrouvé Marc et Marie-Ange Félix, propriétaires du château de La Grande Forest, qui leur ont fait découvrir le projet de sauvetage de l’édifice. La visite s’est tenue en présence de Virginie Girod, maire de Saint-Jean-de-Chevelu, de Cédric Vial, sénateur de Savoie, de Marie-Claire Barbier, maire de Chindrieux et vice-présidente du Conseil départemental de la Savoie et de François Moiroud, maire de Yenne et conseiller départemental.
Visite auprès des élèves de la Fondation du Bocage
La deuxième visite s’est déroulée à la Fondation du Bocage à Chambéry. Cette institution, fondée en 1868 par l’abbé Camille Costa de Beauregard, est dédiée aux jeunes défavorisés. Le prince Emmanuel-Philibert et Adriana ont été guidés par Michel Dantin et Xavier de Roissart, respectivement président et directeur de la Fondation du Bocage, accompagnés par le père Patrick Gaso.


Le prince Emmanuel-Philibert a rencontré des élèves, a visité les cuisines pédagogiques et les salles de classe. Le prince de Venise et sa compagne ont visité les serres de formation à l’horticulture. « Ces instants chaleureux ont été l’occasion de nombreux échanges entre le prince et les jeunes présents pour l’accueillir », expliquent les organisateurs de la journée. Le prince Emmanuel-Philibert s’est aussi recueilli devant les reliques de Camille Costa de Beauregard, fondateur de l’institution, qui a été béatifié en mai 2025 lors d’une cérémonie organisée en la cathédrale de Chambéry.


Le prince Emmanuel-Philibert en visite au château de Chambéry
La troisième visite s’est déroulée au château de Chambéry, siège de la capitale des États de Savoie dès la fin du 13e siècle jusqu’au déménagement de la capitale vers Turin. Une partie de Chambéry avait été achetée par le comte Thomas 1er de Savoie dès 1232 et la seigneurie de Chambéry fut achetée aux propriétaires François et Béatrix de La Roche en 1293. Dès cette date, les comtes de Savoie ont établi leur siège administratif dans ce château.
Cette visite était hautement symbolique pour le prince Emmanuel-Philibert qui a découvert ces lieux dans lesquels ont vécu ses ancêtres. La visite a commencé dans la Saint-Chapelle, qui fut édifiée durant le règne d’Amédée VII. Le comte Amédée VII fut notamment antipape, sous le nom de Félix V, et fut le premier duc de Savoie, lorsque le comté de Savoie fut élevé au rang de duché en 1416.

Les ducs de Savoie et princes de Piémont ont déménagé leur capitale de Chambéry vers Turin en 1563, sentant la pression française d’un côté et la pression protestante suisse de l’autre. Les États de Savoie prospéreront éloignés de leurs territoires savoyards originels, bâtissant presque de rien la ville de Turin, qui n’était à l’origine qu’une petite bourgade, et deviendra une grande capitale grâce aux ducs de Savoie. Par le traité d’Utrecht, le duc de Savoie Victor-Amédée II obtint le royaume de Sicile en 1713. Jugé trop éloigné de ses principaux territoires, il l’échange en 1720 contre le royaume de Sardaigne.
En 1860, le roi Victor-Emmanuel II se sépare de Nice et du territoire d’origine de la Savoie, qu’il lègue à la France, en échange du soutien militaire fourni par Napoléon III. Les Savoie partent alors à la conquête de la péninsule italienne, morcelée en une myriade d’États. En 1861, Cavour et Garibaldi unifient le royaume d’Italie en un seul pays, au nom du roi Victor-Emmanuel II de Sardaigne, qui devient le premier roi d’Italie. Victor-Emmanuel II, son fils, Humbert 1er, son petit-fils, Victor-Emmanuel III et son arrière-petit-fils, Humbert II, ont été rois d’Italie. Turin fut la première capitale de l’Italie, avant de la transférer à Florence et enfin à Rome.

Christian Regat, officier de l’ordre des Saints-Maurice-et-Lazare, et Mgr Thibault Verny, archevêque de Chambéry, évêque de Maurienne et de Tarentaise, ainsi que le chanoine Didier Milani, représentant de l’évêque d’Annecy, ont guidé le prince Emmanuel-Philibert de Savoie et sa compagne. Lors de cette visite, Emmanuel-Philibert et Adriana se sont longuement recueillis devant une reproduction du Saint-Suaire. Ce linceul fut abrité en ces murs de 1502 à 1578 avant d’être transféré à Turin. La famille de Savoie est restée propriétaire du célèbre linceul durant des siècles. Ce n’est qu’en 1983 que le roi Humbert II, le grand-père du prince Emmanuel-Philibert, s’en est séparé et l’a remis au pape Jean-Paul II.

Après la Sainte-Chapelle, le prince a visité les salons d’honneurs situés dans l’aile Napoléon III du château, où il a été reçu par Renaud Beretti, maire d’Aix-les-Bains et vice-président du Conseil départemental de la Savoie. La visite des salons a été conduite par des membres de la Conservation départementale du patrimoine de Savoie sous la direction de Jérôme Durand. C’est dans l’un de ces salons que fut signé le procès-verbal de cession de la Savoie à la France le 14 juin 1860. Les murs de ces salons sont ornés de tableaux représentant des membres de la maison de Savoie, symbole de la présence pluriséculaire de cette famille en ces lieux.

Un cocktail a ensuite été donné au siège de l’Académie de Savoie, occupant une partie de l’aile médiévale du château. Fondée en 1820, l’Académie se vit conférer en 1827 le titre de Société Royale Académique de Savoie par Charles-Félix, roi de Sardaigne, prince de Piémont et duc de Savoie. Le prince Emmanuel-Philibert a été accueilli à l’Académie de Savoie par son président, Pierre Geneletti, ainsi que par son secrétaire perpétuel, Jean-Baptiste Bern, tous deux officiers de l’ordre des Saints-Maurice-et-Lazare. Le cocktail fut l’occasion d’échanges entre le prince, les membres de la délégation de Savoie des ordres dynastiques ainsi que les autorités politiques et ecclésiastiques présentes.

Concert caritatif en la cathédrale Saint-François-de-Sales de Chambéry
La journée s’est terminée à la cathédrale Saint-François-de-Sales de Chambéry, où un concert caritatif était donné par 70 musiciens de l’orchestre d’harmonie d’Aix-les-Bains, dirigé par Christophe Coronas, en présence d’environ 600 invités. L’entrée du prince Emmanuel-Philibert s’est déroulée au son de l’hymne sarde.


L’entracte fut l’occasion de plusieurs prises de paroles. Le baron Thierry d’Asnières de Veigy, vice-délégué de la délégation de Savoie des ordres dynastiques, a présenté l’histoire des ordres de la maison de Savoie et leurs charismes. À son tour, le prince a rappelé l’attachement de la maison de Savoie à Chambéry, et le rôle caritatif de ses ordres à travers le monde. Un don a ensuite été remis à chacun des bénéficiaires du concert : le château de La Grande Forest, les œuvres du diocèse d’Annecy et la Fondation du Bocage.



Un représentant de chacun des bénéficiaires des dons a pris la parole pour expliquer la vocation du projet soutenu : Marie-Ange Félix, propriétaire de La Grande Forest, le chanoine Didier Milani, représentant l’évêque d’Annecy, et Xavier de Roissart, directeur de la Fondation du Bocage. À l’issue du concert, un diplôme d’honneur a été remis par le prince aux vices-présidentes de l’orchestre d’harmonie d’Aix-les-Bains, Marine Boivin et Sabine Curtelin. La journée s’est terminée avec une rencontre entre les Chambériens et le prince Emmanuel-Philibert.