Comme le veut la règle canonique, l’archevêque de Vaduz, Mgr Haas, présente sa démission le jour de son 75e anniversaire, ce 7 août 2023. Le pape François peut l’accepter ou décider de prolonger son mandat. La Maison princière et le gouvernement liechtensteinois sont favorables à la démission de l’évêque conservateur.
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La Maison princière et le gouvernement liechtensteinois sont défavorables à la prolongation du mandat de Mgr Haas
La très catholique famille princière de Liechtenstein est connue pour ses positions conservatrices et son respect strict des traditions. Depuis peu, le prince héréditaire Alois, 55 ans, fils aîné du souverain et régent de la Principauté depuis 2004, tient des discours moins rigides, si bien qu’il se heurte dorénavant à l’archi-conservateur archevêque de Vaduz.

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Il y a quelques années encore, la principauté de Liechtenstein, 160 kilomètres carrés et 40 000 habitants, ne bénéficiait pas de son propre diocèse. Le territoire était compris dans l’archidiocèse de Coire, en Suisse, jusqu’en décembre 1997 lorsque le pape Jean-Paul II a créé le diocèse composé de seulement dix paroisses. Depuis lors, l’ancien archevêque de Coire, Wolfgang Haas dirige la vie catholique de la Principauté depuis la cathédrale Saint-Florin, église principale de Vaduz élevée au rang de cathédrale en même temps que la création du diocèse. La création de l’archidiocèse de Vaduz était également une solution trouvée par Jean-Paul II pour étouffer les scandales et les polémiques autour de Mgr Haas, qui défrayait la chronique en Suisse, où il fut remplacé par Mgr Grab.
Ce 7 août 2023, Mgr Haas célèbre ses 75 ans. La règle canonique instituée lors du Concile Vatican II dans les années 60, veut que dorénavant évêques, archevêques et cardinaux présentent leur démission au pape, le jour de leur 75e anniversaire. Dans la journée, le pape accorde habituellement le départ en retraite. Sans réponse du pape, le prélat continue son mandat jusqu’à nouvel ordre, et il peut même être prolongé. Selon l’ORF, la Maison princière et le gouvernement se réjouissent du départ de l’archevêque controversé.

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Le prince Hans-Adam II, actuel souverain qui a confié la gestion quotidienne de son pays à son fils aîné, a longtemps tenu des propos très conservateurs, notamment lorsqu’il s’exprimait sur des sujets de société. Le mariage homosexuel, par exemple, n’était pas envisageable. Son fils, Alois, certainement peu favorable à titre personnel, a toutefois fait savoir qu’il ne s’y opposerait pas si la loi venait à passer, comme le rappelle Le Temps. « Le mariage pour tous en soi ne devrait pas être un problème majeur », avait déclaré le prince héréditaire Alois à Volksblatt en 2022.
De son côté, l’archevêque Haas, proche de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre, qualifie le mariage homosexuel « d’attaque diabolique », dans sa lettre pastorale du Carême de 2023. Le quotidien catholique FSSPX rappelle aussi que l’archevêque n’avait pas souhaité déjeuner avec le maire de Schaan (deuxième ville du pays) après avoir accepté d’organiser la première gay pride du Liechtenstein dans sa ville. Le mariage pour tous n’est qu’un des sujets de société qui crée des tensions avec la Maison princière mais aussi auprès des paroissiens, au point même que les catholiques liechtensteinois « n’ont pas fait enregistrer leurs enfants dans la Principauté, mais au monastère de Mehrerau à Bregenz » lors de leur baptême, écrit l’ORT.
En interview, le prince héréditaire Alois avait déclaré que le chef de l’Église de son pays doit « rapprocher davantage les gens (…) et aimerait qu’il travaille comme constructeur de ponts dans l’Église catholique ». La décision du pape pourrait prendre du temps, en raison aussi de la particularité du diocèse, qui dépend directement du Saint-Siège. La Maison princière et le gouvernement se sont battus, à l’époque, pour que leur État obtienne son propre diocèse. La nomination de Mgr Haas n’avait toutefois pas fait l’unanimité même si le choix semblait évident. En plus d’être l’archevêque de Coire, dont dépendaient auparavant les paroisses liechtensteinoises, il est lui-même de nationalité liechtensteinoise, né dans la capitale en 1948.