Le roi Felipe porte exceptionnellement le Grand collier de Justice en or 22 carats comprenant les yeux du Roi

Le roi Felipe VI a présidé l’ouverture de l’année judiciaire ce 5 septembre 2024. Il s’agit du seul jour de l’année où le souverain porte le précieux Grand collier de Justice, un collier conçu au 19e siècle, symbolisant le pouvoir judiciaire émanant du peuple et administré en son nom par le Roi. Cet imposant collier comporte des maillons aux symboles étonnants, dont les yeux du Roi qui surveillent pour mieux conseiller.

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Le roi Felipe VI porte le Grand collier de Justice pour ouvrir l’année judiciaire

Ce 5 septembre 2024, le roi Felipe VI s’est rendu au palais de Justice de Madrid, siège de la Cour suprême pour présider la cérémonie d’ouverture de l’année judiciaire. Cette cérémonie est rendue obligatoire par l’article 181 de la Loi organique, qui précise également les points qui doivent figurer à l’ordre du jour. La cérémonie comprend un ensemble de rapports qui font état de la santé des cours et tribunaux ainsi que de l’évolution de la délinquance.

Le roi Felipe VI est accueilli à l’entrée du palais de Justice, siège de la Cour suprême, par la présidente de la Cour suprême, nouvellement assermentée, Isabel Perelló (Photo : Gtres/ABACAPRESS.COM)

Chaque année, le souverain est appelé à présider cette cérémonie, aux côtés du président de la Cour suprême, la plus haute institution judiciaire du pays. La veille de cette cérémonie Isabel Perelló avait prêté serment devant le Roi et le président du gouvernement, devant ainsi la première femme à occuper le poste de présidente de cette haute cour. Isabel Perelló assistait donc aussi à sa première cérémonie d’ouverture d’année judiciaire, portant autour du cou, le petit collier de Justice. Le petit collier de Justice est un collier porté par le président de la Cour suprême tout au long de l’année, durant les séances plénières.

Le roi Felipe VI porte le Grand collier de Justice, à côté de la nouvelle présidente de la Cour suprême, qui porte le petit collier de Justice (Photo : Casa de SM el Rey)

Le roi Felipe, quant à lui, portait le Grand collier de Justice. Ce collier a été confectionné en 1844, à la demande du sous-secrétaire du ministère de la Grâce et de la Justice, Manuel Ortiz de Zúñiga. Officiellement, la reine Isabelle II en fit cadeau au pouvoir judiciaire pour signifier son respect. Le collier est précieusement gardé dans un coffre, au ministère de la Justice, et quitte son coffre une seule fois chaque année, au début du mois de septembre, pour rejoindre le palais de Justice et le cou du souverain.

Le roi Felipe VI préside la première séance de l’année dans la salle plénière de la Cour suprême (Photo : Casa de SM el Rey)

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Le collier est en or et en émail : il comprend 18 maillons symboliques dont les yeux du Roi

C’est au Roi que revient le privilège de porte le précieux grand collier, matérialisant ainsi l’article 117 de la Constitution qui stipule que « la justice émane du peuple et elle est administrée au nom du Roi, par des juges et des magistrats qui constituent le pouvoir judiciaire ». Le collier est fait d’or 22 carats et les maillons sont émaillés. Les maillons représentent différents symboles et attributs de la justice. Lorsque le roi Felipe est arrivé ce 5 septembre au palais de Justice, il portait sa tenue la plus formelle, ainsi que ses différents insignes, dont celui de la Toison d’or autour du cou.

Le roi Felipe VI porte le Grand collier de Justice, bijou offert par la reine Isabelle II au président de la Cour suprême, lors de la séance annuelle de l’ouverture de l’année judiciaire en septembre (Photo : Angel Diaz/EFE/ABACAPRESS.COM)

Une fois installé dans la salle d’audience, le roi Felipe avait revêtu sa toge de magistrat et l’imposant Grand collier de Justice. Ce collier avait coûté 15 000 pesetas lors de sa confection. À titre de comparaison, Confi Legal rappelle que le salaire moyen d’un ouvrier était de 6 pesetas par jour, à cette époque.

Détail du Grand collier en or avec les maillons représentant les allégories de la justice, les yeux du Roi et un livre percé d’une épée. Le roi Felipe porte aussi autour du cou un ruban rouge duquel pend l’insigne de l’ordre de la Toison d’or (Photo : Angel Diaz/EFE/ABACAPRESS.COM)

Ce bijou, confectionné par le joaillier Pablo Cabrero, est composé de 18 maillons. Plusieurs maillons représentent en leur centre un livre percé d’une épée, avec l’inscription Justice et Loi. D’autres maillons représentent des attributs de la justice comme une balance, le faisceau de licteur ou encore une hache. Enfin, quatre maillons représent un œil avec un éclat de lumière. L’œil du Roi est un symbole qui représentait autrefois les membres du Conseil royal. L’œil fait référence à l’allégorie selon laquelle les conseillers du Roi sont les yeux du souverain et font ensuite rapport de ce qu’ils ont pu observer.

Dans la rotonde du palais de Justice est suspendu un immense tableau représentant le roi portant le collier. C’est en 1982, quelques années après la restauration de la monarchie en Espagne, que la Cour suprême a décidé de rappeler le rôle consitutionnel que joue le souverain au niveau judiciaire, à savoir qu’il représente le peuple dont émane le pouvoir judiciaire. Le tableau représentant Juan Carlos portant le collier a été peint par Ricardo Macarrón. Après son abdication, le tableau fut échangé par une toile représentant le roi Felipe VI avec le collier, qui a été réalisée par Hernán Cortés Moreno. Quelques dizaines d’années après la fabrication de ce collier, un petit collier en or a été créé afin qu’il soit porté au quotidien par le président de la Cour suprême lors de ses audiences ordinaires. Officiellement, le Grand collier est celui du président de la Cour suprême et il lui est présenté lors de sa prise de fonction. Un duplicata du descriptif original du collier lui est offert.

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Nicolas Fontaine

Rédacteur en chef

Nicolas Fontaine a été concepteur-rédacteur et auteur pour de nombreuses marques et médias belges et français. Spécialiste de l'actualité des familles royales, Nicolas a fondé le site Histoires royales dont il est le rédacteur en chef. nicolas@histoiresroyales.fr