Le roi Gyanendra craint pour la survie du Népal

La veille de la Journée de la démocratie, l’ancien roi Gyanendra Shah a partagé une vidéo dans laquelle il dénonce l’état actuel du Népal et son déclin de démocratie. L’ancien roi a appelé la population à l’unité pour sauver le Népal.

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L’ancien roi du Népal s’inquiète de la situation démocratique

Le 7e jour du mois de Falgun 2007, soit le 18 février 1951, le roi Tribhuvan retrouvait son trône, après une année d’exil en Inde. Le roi du Népal avait été destitué en 1950 par les Rana, la famille qui dirigeait de main de fer le pays en tant que premiers ministres héréditaires. Le retour du Roi a permis le retour à la démocratie. Cette date est célébrée au Népal comme la Journée de la démocratie.

Le roi Gyanendra Shah adresse un message vidéo aux Népalais à l’occasion de la Journée de la démocratie (Photo : capture vidéo)

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Ce 18 février, à l’occasion de la Journée de la démocratie, l’ancien roi Gyanendra Shah a adressé un message vidéo à la population. Gyanendra Shah, 77 ans, est le dernier roi du Népal, détrôné le 28 mai 2008. L’ancien roi a lui-même marqué l’histoire démocratique du pays, le 24 avril 2006. Ce jour-là, dans un message télévisé, le roi Gyanendra Shah annonçait restaurer le Pratinidhi Sabha, soit la chambre des représentants, quatre ans après sa dissolution. En 2002, le roi Gyanendra avait dissous le parlement et l’organisation d’élections avait été compromise en raison de la guerre civile. À partir de 2005, le roi régnait à nouveau en monarque absolu. Menacé de destitution, le roi Gyanendra était parvenu à un accord avec les principaux partis, grâce à la restauration de la chambre des représentants.

« L’histoire est témoin de l’unité entre le peuple et le roi dans le renforcement de la démocratie », explique le roi Gyanendra Shah dans sa vidéo publiée par son fils, le prince héritier Paras Shah, sur les réseaux sociaux. « Nous avons agi avec générosité pour le bien de la nation. Nous avons renoncé à nos postes et à notre confort pour le peuple. Le sacrifice ne porte atteinte à la dignité de personne et ne doit pas être considéré comme une faiblesse », a déclaré l’ancien roi.

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Le roi Gyanendra appelle au sursaut démocratique pour sauver le Népal

« La démocratie devrait être le système de gouvernance idéal dans le monde d’aujourd’hui . La démocratie ne doit pas se réduire à un simple débat, à un conflit ou à une opposition », a-t-il souligné. « Elle doit être un système inclusif et centré sur l’être humain. La véritable démocratie ne se résume pas à des mots, mais à des actes qui préservent l’identité et l’existence de tous les peuples. »

« L’existence même du Népal est en danger », met en garde l’ancien chef de l’État. Le roi Gyanendra parle des flux de Népalais de plus en plus nombreux à quitter le pays pour s’installer dans les pays voisins plus prospères. « L’exode des citoyens en quête de meilleures perspectives reflète l’échec du système actuel. Cela ne donne pas une belle image de la démocratie », a déclaré l’ancien roi. « La sueur des Népalais ne se répand plus sur notre propre sol mais à l’étranger. Dès sa naissance, chaque Népalais ne porte pas un millier mais des millions de dette. Nos industries et nos entreprises s’effondrent », continue le roi, qui parle aussi du déclin de l’éducation. Le roi Gyanendra constate ce discours de plus en plus fréquent « parmi la population la plus intelligente et instruite » que « rien ne puisse être accompli » en restant au Népal. « De tels sentiments n’honorent pas la démocratie. La démocratie doit instaurer l’espoir. C’est un système qui doit renforcer la confiance des gens ».

« Ceux qui prétendent que le système a changé n’ont pas réussi à améliorer la situation », a-t-il ajouté. Depuis l’abolition de la monarchie en 2008, la république n’a pas réussi à honorer ses promesses. L’économie du pays est au plus bas et les promesses démocratiques sont bafouées par la corruption aux plus hautes sphères de l’État. Réaffirmant son engagement envers le pays et son peuple, l’ancien roi a déclaré que les sacrifices consentis dans le passé étaient pour la prospérité du pays et qu’il était prêt à faire d’autres sacrifices si nécessaire. « Nous nous trouvons à un tournant critique », a déclaré l’ancien chef de l’État. « Pour sauver notre nation et préserver l’unité nationale, j’exhorte tous les citoyens à se joindre à nous pour œuvrer au progrès et à la prospérité du Népal. » Depuis quelques années, les mouvements pro-monarchistes ont gagné du terrain et récemment, Gyanendra Shah a accepté de se joindre au mouvement. En 2020 et 2021, d’importantes et violentes manifestations ont éclaté au Népal pour demander le retour à la monarchie. À cette époque, l’ancien roi préférait garder ses distances et ne soutenait pas publiquement ces actions. En novembre 2023, des émeutes ont à nouveau éclaté et depuis lors, l’ancien roi s’est rapproché du mouvement qui se structure à présent autour d’un parti.

Le Népal était l’unique monarchie hindoue au monde. Le Népal avait abandonné sa religion d’État pour devenir un État laïc en 2007, mais le retour en force aujourd’hui d’une idéologie identitaire et patriotique semble être la solution pour les Népalais, qui considèrent le Roi comme l’incarnation de ces valeurs. Dès les premières années de la jeune république, la désillusion s’est emparée de la population. Il a fallu attendre 2015, soit 7 ans après l’abolition de la monarchie pour qu’une Constitution soit adoptée.

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Nicolas Fontaine

Rédacteur en chef

Nicolas Fontaine a été concepteur-rédacteur et auteur pour de nombreuses marques et médias belges et français. Spécialiste de l'actualité des familles royales, Nicolas a fondé le site Histoires royales dont il est le rédacteur en chef. nicolas@histoiresroyales.fr