Il y a beaucoup d’idées reçues et de fausses idées concernant les origines de la famille royale belge. Entre les détracteurs qui pointent les origines germaniques de la famille et ceux qui critiquent les mariages arrangés entre royautés de familles étrangères, les suppositions vont bon train quant aux véritables origines de nos souverains ou de leurs héritiers. Voici enfin les vrais origines du roi Philippe sur les 150 ans dernières années. Vous serez peut-être étonnés de savoir que l’origine la plus présente chez le roi des Belges et l’origine… italienne et non germanique !
Rappelons tout d’abord que la Belgique ne fut fondée qu’en 1830. Il y a donc moins de 200 ans. À cette époque beaucoup de frontières étaient différentes et les notions de nationalité également. Les époques se succèdent, les frontières peuvent changer du jour au lendemain, sans que les origines ne soient bouleversées pour autant. L’origine implique également une notion de culture, d’éducation, de ressentiment personnel. Quand on parle de noblesse, il y a bien entendu une notion d’héritage qui est très importante. Les titres se transmettent de génération en génération, souvent via le père, et on a tendance à biaiser notre jugement en se référent au titre ou au nom de famille. On peut souvent lire, untel « appartient à la famille de la noblesse danoise », « untel porte un titre de noblesse suédois », induisant notre esprit en erreur sur l’origine. Effectivement, la Maison de Belgique est issue de la famille des Saxe-Cobourg et Gotha, elle-même nommée Saxe-Cobourg-Saalfeld jusqu’en 1826, et il s’agit donc d’un titre de noblesse germanique. Sauf que cette vision oublie la différence entre la généalogie dynastique et la biologie.
Nous avons tendance à accorder plus d’importance à la branche paternelle. Qui d’entre nous n’a pas voulu connaitre les origines de son nom de famille, l’étymologie de notre patronyme, la provenance géographique de ce nom ? Pourtant, la génétique des ancêtres qui nous ont donné ce patronyme ne représente qu’une infime part des gènes qui nous définissent. Biologiquement parlant, notre grand-mère maternelle est toute aussi importante que notre grand-père paternel. Sur une génération, le nom de famille ne représente que 50% de notre origine (les 50% restants étant les origines maternelles), sur deux générations 25%, sur trois générations 12,5%, si bien qu’en 10 générations, celui-ci ne représente plus qu’un seul de nos 1024 ancêtres de cette génération, soit environ 0,097% de notre patrimoine génétique.
La question des origines est toujours compliquée puisqu’il n’est possible d’établir une carte d’identité des origines qu’en choisissant volontairement une génération sur laquelle s’arrêter pour effectuer cette étude. Plus on remonte dans le temps, plus il sera possible d’affiner les pourcentages liés aux origines, mais il y a aussi un risque, celui de complètement omettre des nationalités qu’auraient pu avoir des ancêtres pendant plusieurs générations après cette génération de référence.
Très peu d’ancêtres d’origine belge dans la famille royale avec l’arrivée de Mathile
Pour notre étude, nous avons décidé de nous arrêter à l’origine des ancêtres du roi Philippe depuis le premier roi des Belges, Léopold 1er. Cela permet d’avoir une idées de l’origine de la famille royale sur plus de 150 ans. Très rapidement, le premier constat est qu’avec l’union entre le roi Philippe et la reine Mathilde, les générations futures ont renforcé leurs origines belges. Avant l’arrivée de la reine Mathilde dans la famille royale, le pourcentage d’ancêtres d’origine belge était très faible.
En effet, les origines de la reine Mathilde sont très simples à déterminer. Sur de nombreuses générations, la famille paternelle est issue à 100% de Belgique, principalement de la noblesse et bourgeoisie flamandes.
Du côté maternel, là aussi c’est très simple puisque les origines de la reine Mathilde sont totalement polonaises sur la période étudiée. La reine Mathilde est donc à 50% d’origine belge et à 50% d’origine polonaise sur plus de 100 ans. Ainsi, les 4 enfants du couple royal ont au minimum 25% d’origine belge garantie sur cette période de temps, par leur grand-père, le comte Patrick d’Udekem d’Acoz, père de la reine Mathilde.
Les origines italiennes du roi Philippe par sa mère Paola
Du côté du roi Philippe, vous le comprenez, les origines sont plus diverses puisque les grandes familles royales de l’époque interdisaient les mariages morganatiques et favorisaient donc les mariages avec des princesses étrangères pour s’assurer le moins de consanguinité possible et pour renforcer certains liens politiques entre pays alliés.
La branche la plus simple à étudier chez le roi Philippe est son côté maternel. Sa mère, la reine Paola est principalement d’origine italienne. Par contre, peu de gens le savent mais la grand-mère paternelle de Paola, Laure Mosselman du Chenoy était de nationalité belge et d’origine belge. Cependant, cette branche n’est pas à 100% belge. Pétronille-Jeanne Muts, est néerlandaise, la famille Muts étant originaire de Breda et des environs comme Woensdrecht, non loin d’Anvers en Belgique.
Du côté maternelle, l’arrière-grand-mère de Paola, Louise Perrone di San Martino était franco-italienne, sa mère Adrienne Florimond de Fay de la Tour Maubourg étant 100% française, fille d’un marquis français. Cette branche-là est belle et bien française sur de nombreuses générations. Donc, pour résumer, tordons déjà le cou à ceux qui pensaient la reine Paola 100% italienne. En dressant son profil généalogique jusqu’au début du 19e siècle, elle est en réalité à 68,75% italienne, à 18,75% belge et à 6,25% française et néerlandaise. Si on rapporte ces statistiques au roi Philippe, celui-ci est italien à 34,4%, les seuls ancêtres italiens du roi ne provenant que de sa mère Paola (du moins sur 150 ans) et pourtant, il s’agit de la nationalité d’origine la plus présente chez le roi.
Les origines belges du roi Philippe
Aussi étonnant que cela puisse paraitre, les seules origines belges du roi Philippe proviennent de sa mère italienne et pourtant, il est italien à 34,4%. Nous venons de le voir, la reine Paola avait des ancêtres belges de par sa grand-mère paternelle. Comme il n’y a aucun ancêtre belge provenant de la famille d’Albert II, la part d’ancêtres belges du roi Philippe n’est que de 9,37%. Même si ce pourcentage est faible, le roi Philippe est le premier souverain belge à avoir des ancêtres belges, grâce à sa mère italienne.
De quelles origines étaient les ancêtres des précédents souverains ?
L’origine germanique du roi Philippe est bien entendu très importante. Le plus connu de ses ancêtres germaniques est le roi Léopold 1e. Le prince Philippe, fils du roi Léopold 1e, a lui aussi épousé une princesse germanique, la princesse Marie de Hohenzollern-Sigmaren. Son fils, Albert 1e a lui aussi épousé une princesse germanique, Élisabeth de Wittelsbach, duchesse en Bavière, ce qui a pour conséquence d’augmenter considérablement le nombre d’ancêtres germaniques de la famille royale belge. Si on s’arrête aux origines de la 5e génération, le roi Philippe est à 28,13% germanique.
La troisième origine est française, à égalité avec l’origine belge. Comme nous l’avons vu, une petite partie provient de la branche lointaine maternelle de la reine Paola. Sur 5 générations, les autres ancêtres français de Philippe sont Louise-Marie d’Orléans, fille du roi Louis-Philippe et épouse du premier roi des Belges, et Joséphine de Leuchtenberg. Comme nous ne parlons pas de nationalité, cette notion pouvant être trop vague et ne correspondant en rien à des qualités génétiques, on peut considérer Joséphine de Leuchtenberg comme française. Bien que née en Italie et princesse d’Italie, elle est la fille d’Eugène de Beauharnais, lui-même fils d’Alexandre et Joséphine de Beauharnais, née Marie Josèphe Tascher de La Pagerie, future épouse de Napoléon 1e. Les deux parents de Joséphine sont donc bien français.
La cinquième origine du roi Philippe est suédoise à 6,25% à égalité avec l’origine néerlandaise. De par la reine Astrid, petite-fille d’Oscar II de Suède, le roi Philippe est l’arrière-arrière-petit-fils d’Oscar 1e de Suède mais aussi de Charles XV de Suède. Il a également deux ancêtres néerlandais, Pétronille-Jeanne Muts dont nous avons parlés plus haut et Louise d’Orange-Nassau, princesse des Pays-Bas, devenue reine de Suède en épousant le roi Charles XV.
Toujours de par Astrid, le roi Philippe a un ancêtre danois à la cinquième génération, qui est Christian IX. Par contre, du côté d’Albert II, le roi Philippe hérite d’une dernière origine, qui est portugaise. La grand-mère de Léopold III, Marie-Josèphe de Bragance était princesse de Portugal mais elle vivait en exil avec sa famille en Autriche. Son père, Michel 1e de Portugal est le fils du roi Jean VI et de Charlotte-Joachime d’Espagne. Le roi Philippe est donc également d’origine portugaise et danoise à 3,12%.
Tous les ancêtres du roi Philippe et leur origine
Les 2 parents du roi Philippe (génération 1) : Albert II de Belgique (Belgique), Paola Ruffo di Calabria (Italie)
Les 4 grands-parents du roi Philippe (génération 2) : Léopold III de Belgique (Belgique), Astrid de Suède (Suède), Fulco VIII Ruffi di Calabria (Italie), Luisa Gazelli (Italie)
Les 8 ancêtres de la 3e génération : Albert 1e de Belgique (Belgique), Elisabeth de Wittelsbach en Bavière (Germanique), Carl de Suède (Suède), Ingeborg de Danemark (Danemark), Beniamino “Fulco VII” Ruffo di Calabria (Italie), Laura Mosselman du Chenoy (Belgique), Augusto Gazelli (Italie), Maria Rignon (Italie)
Les 16 ancêtres de la 4e génération : Philippe de Belgique (Belgique), Marie de Hohenzollern-Sigmaringen (Germanique), Charles-Théodore en Bavière (Germanique), Marie-Josèphe de Bragance (Portugal), Oscar II de Suède (Suède), Sophie de Nassau (Germanique), Frédéric VIII de Danemark (Danemark), Louise de Suède (Suède), Fulco Antonio Ruffo di Calabria (Italie), Eleonora Galetti di San Cataldo (Italie), Théodore Mosselman du Chenoy (Belgique), Isabelle Coghen (Belgique), Calisto Gazelli (Italie), Fanny Cotti (Italie), Félix Rignon (Italie), Louise Perrone di San Martino (Italie)
Les 32 ancêtres de la 5e génération (2 ancêtres apparaissent deux fois, ils ne sont donc que 62) : Léopold 1er de Saxe-Cobourg et Gotha (Germanique), Louise-Marie d’Orléans (France), Charles-Antoine de Hohenzollern-Sigmaringen (Germanique), Joséphine de Bade (Germanique), Maximilien en Bavière (Germanique), Ludovica de Bavière (Germanique), Michel 1e de Portugal (Portugal), Adélaïde de Löwenstein-Wertheim-Rosenberg (Germanique), Oscar 1e de Suède (Suède), Joséphine de Beauharnais de Leuchtenberg (France), Guillaume de Nassau (Germanique), Pauline de Wurtemberg (Germanique), Christian IX de Danemark (Danemark), Louise de Hesse-Kassel (Germanique), Charles XV de Suède (Suède), Louise d’Orange-Nassau (Pays-Bas), Fulco Giordano Ruffo di Calabria (Italie), Maria Felice Alliata de Villafranca (Italie), Salvatore Galetti di San Cataldo (Italie), Concetta de Platamonte (Italie), Corneille-François Mosselman (Belgique), Pétronille-Jeanne Muts (Pays-Bas), Jacques-André Coghen (Belgique), Caroline Rittweger (Belgique, ancêtres paternels germaniques), Paolino Luigi Gazelli (Italie), Giuseppina Brucco (Italie), Carlo Cotti (Italie), Margherita Arese (Italie), Charles Perrone di San Martino (Italie), Adrienne Jenny Florimonde de Fay de la Tour Maubourg (France)