Le roi Philippe de Belgique a visité le Parlement européen ce 10 avril 2024, dans le cadre de la présidence belge du Conseil de l’Union européen. Le roi des Belges a prononcé un discours face aux eurodéputés présents dans l’hémicycle situé dans le quartier européen de Bruxelles.
Lire aussi : Le roi Philippe et la reine Mathilde au concert de lancement de la présidence belge du Conseil de l’Union européenne
Le roi Philippe visite le bâtiment Paul-Henri Spaak avec Roberta Metsola
Du 1er janvier au 30 juin 2024, la Belgique assure la présidence du Conseil de l’Union européenne. Le roi Philippe de Belgique avait assisté à un concert au mois de janvier, pour marquer le début de cette présidence. Depuis lors, le roi Philippe et la reine Mathilde ont assuré plusieurs engagements liés à cette responsabilité qui incombe à la Belgique. Plusieurs réunions et conférences ont lieu au cours desquelles des décisions cruciales seront prises concernant le futur de l’Union européenne.
Ce 10 avril 2023, le roi Philippe s’est rendu au bâtiment Paul-Henri Spaak de l’Espace Léopold, où se déroulent une partie des assemblées du Parlement européen. Le roi Philippe a été accueilli par la présidente Roberta Metsola, puis il a pris la direction de l’hémicycle, où il a prononcé le tout premier discours de son règne durant une séance plénière. Le roi a prononcé son discours dans les trois langues nationales (français, néerlandais, allemand) et en anglais.
Lire aussi : Le roi Philippe souligne l’importance de l’Europe dans son discours devant les corps constitués
Le premier discours du roi Philippe en séance plénière du Parlement européen
Le roi Philippe a commencé son discours en rappelant l’histoire du Parlement européen, qui dès le début a trouvé sa place à Bruxelles. Le roi a également parlé du contexte actuel de la présidence de la Belgique. « Je suis très heureux que des progrès législatifs importants aient été réalisés ces derniers mois sous la présidence belge, en collaboration avec votre assemblée. Dans les mois à venir, nous réfléchirons fondamentalement à l’avenir de notre Union », a déclaré le chef de l’État belge, faisant notamment référence aux différentes demandes d’adhésion en cours. « Nous continuerons à travailler avec conviction et engagement, car la foi en l’Europe est dans notre ADN. »
Le roi Philippe a souligné qu’avec son propre arbre généalogique, il s’intéresse plus que quiconque à « la superposition et l’entrelacement des cultures » qui « constituent un énorme enrichissement ». Le roi Philippe a également abordé la guerre en Ukraine et la nécessité de continuer à prendre des décisions de concert.
Concernant l’Ukraine, le roi Philippe a parlé de l’espoir, qui contrairement au rêve, est la conviction de pouvoir réaliser des choses meilleures et cela repose sur des faits, notamment une mobilisation solidaire. « En soutenant l’Ukraine en particulier, nous montrons que nous pouvons prendre ensemble des décisions fortes. La lutte en Ukraine est aussi notre lutte. Il s’agit de défendre notre sécurité et nos valeurs. Nous nous sentons également menacés. À juste titre. » Le roi Philippe a rappelé les grandes choses qui ont été possibles lorsque les États membres prenaient des décisions communes, comme la gestion de crise post Brexit ou la crise du covid.
Le roi a prononcé en allemand la partie de son discours liée au réchauffement climatique. « Nous devons également continuer à travailler ensemble dans la lutte contre les changements climatiques. En 2020, nous avons atteint les objectifs d’émissions de gaz à effet de serre. Depuis 1990, l’économie européenne a connu une croissance de 60 pour cent tandis que les émissions ont chuté de 30 pour cent. Mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant d’atteindre les objectifs de 2030 et 2050, et malheureusement les émissions mondiales augmentent. »
Le roi Philippe a ensuite utilisé le français pour parler du volet économique européen. « Nous accusons encore trop souvent un retard dans l’invention, mais surtout dans l’innovation », a déploré le souverain, qui a listé une série de secteurs dans lesquels l’Europe était à la traîne. « Œuvrons ensemble à une véritable réindustrialisation européenne, axée sur les révolutions verte et numérique, et qui représente bien plus qu’une simple transition. Une telle réindustrialisation européenne dépasse la somme de 27 politiques industrielles. Au cas où le budget européen ne permettrait pas de la réaliser, il faudra oser nous ouvrir à d’autres voies de financement. Investir nécessite une vision à long terme et un cadre réglementaire solide et propice ».
Sur le plan de la sécurité, le roi Philippe affirme que celle-ci « peut être grandement améliorée » en Europe, « en particulier en ces temps incertains où même les alliances de longue date sont mises sous pression ». Il souligne la vigilance nécessaire sur ce point, alors que l’Europe réfléchit à s’ouvrir vers les Balkans et les parties orientales du continent.
Après avoir parlé des inégalités sociales encore trop présentes, le roi Philippe s’est dit « préoccupé par la perte de foi et de confiance dans nos institutions, et par la montée en puissance de l’autocratie dans le monde. C’est la raison pour laquelle il est important pour nos institutions d’encore gagner en crédibilité par rapport à leur propre fonctionnement. »
« La démocratie n’est pas seulement garante de liberté et de justice, mais aussi de valeurs humaines comme notre capacité à nous indigner devant la souffrance des peuples confrontés à des guerres inhumaines. La crise mondiale actuelle présente donc une dimension morale. L’être humain doit demeurer la mesure de toute chose, et ne peut être la possession d’un État, ou être utilisé pour servir la gloire d’un dirigeant, d’une seule religion ou d’une seule ethnie. L’Europe se veut la patrie de l’humanité. Qu’elle soit donc le moteur d’une géopolitique de l’humanité. » Le souverain a conclu son discours sur le slogan de la présidence belge : « Notre objectif est de protéger, de renforcer et de préparer l’avenir. »