Le parquet de Luxembourg vient de publier un communiqué dans lequel il annonce ouvrir une enquête préliminaire suite à des propos tenus dans une émission de la radio RTL. Dans l’émission RTL Presseclub, diffusée le 2 février, un journaliste ayant enquêté en marge de la publication du rapport Waringo, rapporte que des anciens employés de la Cour grand-ducale lui ont rapporté des faits graves concernant leurs conditions de travail au Palais. Il a même été question de violences physiques. « Le service de police judiciaire a été requis de procéder à certains devoirs d’investigation », annonce le parquet. Des suites sont envisagées, en fonction des conclusions de l’enquête préliminaire.
Un journaliste affirme que de la violence physique est utilisée à la Cour grand-ducale
Le journaliste Pol Schock, qui a travaillé sur le dossier Waringo au sein du média d’Lëtzebuerger Land, était l’invité de Roy Grotz, rédacteur en chef de RTL, qui dirige l’émission RTL Presseclub. RTL avait invité le journaliste pour débattre du rapport Waringo, ce rapport dévoilé à la presse vendredi dernier, qui s’intéresse à la vague importante de départs du personnel du Palais grand-ducal, ces dernières années. Le rapport fait état de plusieurs dysfonctionnements dont l’implication trop importante de la grande-duchesse dans la gestion de la Cour. « Les décisions les plus importantes dans le domaine de la gestion du personnel que ce soit au niveau du recrutement, de l’affectation aux différents services ou encore au niveau du licenciement sont prises par S.A.R. la Grande-Duchesse », pouvait-on lire dans le rapport. Le rapport fait par Jeannot Waringo, ancien fonctionnaire à la retraite, mandaté par le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel, parle d’« anxiété » des employés, des « non-dits » et de la « peur du blâme ».
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Mais sur l’antenne de RTL, le journaliste Pol Schock va plus loin. Selon lui, lui qui a enquêté sur le terrain, certains employés auraient été victimes de violences physiques. « Ce qui est l’affaire du privé est privé et ce qui est public est public mais quand la violence est employée dans une famille, ça devient une affaire destinée au Parquet et je me demande pourquoi le Parquet n’a pas été impliqué », a-t-il déclaré en s’exprimant en luxembourgeois. Roy Grotz, rédacteur en chef de RTL a immédiatement rebondi sur ces propos, s’interrogeant sur le fait que de telles allégations n’étaient pas mentionnées dans le rapport : « La violence a-t-elle été employée ? ». Paul Schock a répondu : « Très clairement ! (…) Des personnes fiables disent qu’ils en ont pris dans la gueule ».
Le parquet ouvre une enquête préliminaire pour vérifier les propos rapportés à l’antenne
Les propos du journaliste n’ont pas été ignorés. Le parquet a réagi en annonçant l’ouverture d’une enquête préliminaire. Celle-ci aura principalement pour but de vérifier les propos tenus par le journaliste. Si les témoignages rapportés par le journaliste à l’antenne s’avèrent fiables, des suites sont envisagées. « À ce stade, personne n’est visé », précise Henri Eippers, porte-parole de l’administration judiciaire. « Il s’agit bien de vérifier les propos qui ont été tenus et de voir ce qu’il y a derrière ». Rappelons que le grand-duc Henri de Luxembourg est inviolable. Autrement dit, il ne doit répondre à aucune institution judiciaire. Il y a quelques années, deux employés qui avaient été renvoyés avaient fait parler d’eux. En 2015, une femme de chambre renvoyée pour harcèlement envers une subordonnée affirmait que c’était elle la victime de harcèlements. Un peu plus tard, c’est un cuisinier qui avait tenté de faire invalider le motif de son licenciement, mais il n’avait pas eu gain de cause. Entre 2014 et 2019, on compte seize démissions, onze licenciements et huit résiliations de contrat pendant la période d’essai. En tout, ce sont 89 employés à temps-plein et 17 personnes détachées qui travaillent pour la Cour.