Ce 3 octobre 2025, le grand-duc Henri de Luxembourg a mis fin à ses fonctions de chef d’État en signant son abdication au palais grand-ducal, en présence de son successeur, de la famille grand-ducale et de monarques étrangers. L’abdication du grand-duc Henri a lieu durant sa 25e année de règne.
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Le grand-duc Henri signe son acte d’abdication et se décharge de sa fonction de chef d’État
Une page de la monarchie luxembourgeoise s’est tournée ce vendredi 3 octobre 2025. Le grand-duc Henri de Luxembourg avait convié au palais grand-ducal sa famille, des représentants des autorités luxembourgeoises et les monarques du Benelux pour témoigner de son acte solennel et irréversible. Le souverain luxembourgeois a abandonné ses fonctions de chef d’État d’une simple signature apposée au bas d’un arrêté grand-ducal relatif à son abdication.


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Le grand-duc Henri a servi son pays durant 25 années. La date exacte de son 25e anniversaire de règne aurait été le 7 octobre 2025. Son père, le grand-duc Jean, avait abdiqué le 7 octobre 2000, au cours d’une cérémonie identique. L’abdication est l’acte qui officialise la décharge des fonctions et qui entraîne l’acte suivant, l’avènement sur le trône de son successeur. Le grand-duc Henri a signé son abdication à 10 heures. Son fils aîné, le grand-duc héritier Guillaume devient alors officiellement le grand-duc Guillaume. Il prêtera ensuite serment devant la Chambre des députés à 11 heures pour être investi des ses prérogatives de chef d’État.




Henri de Luxembourg propose son trône vacant à son fils Guillaume
Depuis un an déjà, le grand-duc héritier Guillaume avait été désigné lieutenant-représentant du Grand-Duc, une fonction équivalente à celle d’un régent. L’abdication est une tradition au Luxembourg, où la fonction souveraine est perçue comme un contrat et un engagement pris par le monarque d’exercer son rôle de chef d’État tant qu’il le pourra. Les souverains luxembourgeois abdiquent depuis plusieurs générations et le processus est déjà bien rodé. L’héritier du trône se voit confier le rôle de lieutenant-représentant un an ou plusieurs années avant de monter sur le trône. Cette période de transition permet à la fois à l’héritier de se familiariser avec les tâches qui seront prochainement les siennes et à la population de se faire à l’idée que le chef d’État actuel s’efface progressivement jusqu’à son abdication définitive.


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Le grand-duc Henri, qui a fêté ses 70 ans cette année, a aussi profité de célébrations de la fête nationale, au mois de juin dernier, pour organiser les festivités de son jubilé d’argent. Le grand-duc Henri avait transmis la lieutenance à son fils Guillaume, 43 ans, le 8 octobre 2024. Henri avait ensuite annoncé son intention d’abdiquer dans son discours prononcé à Noël.


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La famille grand-ducale et les monarques du Benelux sont les témoins de l’abdication
Ce 3 octobre, le roi Philippe de Belgique et le roi Willem-Alexander des Pays-Bas étaient présents au palais grand-ducal pour assister à l’abdication du troisième monarque du Benelux. Le roi des Belges est aussi le cousin germain du grand-duc Henri. Le père du roi Philippe, le roi Albert II de Belgique, est le frère de la défunte grande-duchesse Joséphine-Charlotte, la mère du grand-duc Henri. Le roi Albert II avait lui aussi assisté à Luxembourg à l’abdication de son beau-frère en 2000.


Beatrix, la mère du roi Willem-Alexander, avait elle aussi assisté à cette journée il y a 25 ans. Si le cousinage entre le monarque luxembourgeois et le monarque belge garantit leur proximité, c’est un lien historique important qui lie le monarque luxembourgeois au monarque néerlandais. Les rois des Pays-Bas ont cessé d’être en même temps grands-ducs de Luxembourg en 1890. Par un pacte familial au sein de la famille de Nassau, le prince Adolphe de la branche Weilbourg a succédé à son cousin Guillaume III sur le trône grand-ducal, à la mort de ce dernier sans descendant mâle.


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Le roi Philippe et le roi Willem-Alexander vont passer la journée complète au Luxembourg afin d’assister à la prestation de serments, aux différentes cérémonies institutionnelles et au gala en soirée. Le roi Philippe est accompagné de la reine Mathilde et de leur fille aînée la princesse Élisabeth, duchesse de Brabant. Le roi Willem-Alexander est accompagné de son épouse, la reine Máxima, et de son héritière, la princesse Catharina-Amalia.

La famille grand-ducale est présente au complet pour assister à cette journée d’abdication et d’avènement au trône. La grande-duchesse Maria Teresa a observé avec émotion son époux apposer sa signature qui signifie également un changement de vie pour le couple. Le grand-duc Henri va continuer à assurer quelques engagements publics mais il va drastiquement réduire ses activités. La grande-duchesse Maria Teresa compte encore mener ses combats pour les causes qui lui sont chères, durant le règne de son fils. Henri et Maria Teresa sont les parents de cinq grands enfants. Le prince Félix, le prince Louis, la princesse Alexandra et le prince Sébastien ont assisté à l’abdication de leur père et ils assisteront ensuite à la prestation de serment de leur frère aîné, Guillaume.
Après la signature de l’arrêté grand-ducal, le premier ministre Luc Frieden a prononcé un discours. Le discours du chef du gouvernement a conclu ce premier acte. Luc Frieden a profité de ce moment pour remercier l’ancien grand-duc pour ces années de service. « Vous avez assumé ce rôle avec un équilibre remarquable, alliant dignité et proximité, rigueur et ouverture, sens du devoir et humanité », a déclaré le premier ministre. « Ce rôle, Vous ne l’avez pas choisi. Il est le vôtre par la naissance. Mais le peuple luxembourgeois, nous tous, n’aurions pu souhaiter de meilleur souverain. »
« Un chapitre qui s’écrit également avec votre épouse, la grande-duchesse Maria Teresa. Son engagement exemplaire en faveur des causes humanitaires, au Luxembourg comme à l’étranger, fait partie intégrante de cette histoire », a également souligné Luc Frieden, avant de faire part de sa confiance quant à l’avenir. « En tant que parents, vous avez préparé au mieux votre fils aîné Guillaume à cette haute mission à la tête de notre pays, ouvrant ainsi la voie à son propre chapitre en tant que Grand-Duc. »
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L’abdication est devenue une tradition au Luxembourg
La première abdication au Luxembourg est l’abdication forcée de Guillaume 1er. Guillaume 1er était roi des Pays-Bas et grand-duc de Luxembourg. Durant son règne, la Belgique prit son indépendance, amputant son territoire de la partie nord. En 1840, il fait le choix du cœur en épousant la comtesse belge et catholique Henriette d’Oultremont de Wégimont. Guillaume est contraint d’abdiquer.

Le roi Guillaume II succède à son père sur le trône néerlandais et sur le trône luxembourgeois, puis vint Guillaume III en 1849, fils du précédent et petit-fils du premier. À la mort de Guillaume III en 1890, sa fille Wilhelmine lui succède aux Pays-Bas mais la loi salique étant d’application au Luxembourg, c’est le prince Adolphe de Nassau, un cousin de la branche Weilbourg qui monte sur le trône grand-ducal. Le grand-duc Adolphe avait été précédemment souverain du duché de Nassau, entre 1839 et 1866.

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Adolphe, le premier grand-duc de la nouvelle dynastie des Nassau-Weilbourg décède en 1905. Son fils Guillaume IV lui succède. Guillaume IV meurt en 1912 et sa fille de 17 ans, Marie-Adélaïde monte sur le trône, la loi salique ayant été abolie entretemps. Elle est la première femme à diriger le territoire luxembourgeois depuis Marie-Thérèse d’Autriche au 18e siècle. Son règne sera perturbé par la Première Guerre mondiale. Après seulement 7 ans sur le trône, elle décide d’abdiquer en 1919, en raison des pressions du peuple luxembourgeois liées à ses accointances. Elle se retirera dans un couvent de carmélites à Modène, en Italie. À cause de soucis de santé, elle rejoindra ensuite l’Allemagne où elle décédera à l’âge de 29 ans en 1924.

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En 1919, suite à l’abdication de la grande-duchesse Marie-Adélaïde, c’est sa sœur Charlotte qui lui succède. La grande-duchesse Charlotte a été confrontée à la question du maintien de la monarchie au Luxembourg. Un référendum sur la question monarchique au Luxembourg est organisé quelques mois après son accession au trône. Le peuple luxembourgeois s’est prononcé favorable au maintien de la monarchie à 77,8% mais surtout, au maintien de la grande-duchesse Charlotte, alors qu’un changement de famille dynastique faisait également partie des propositions de vote.

La grande-duchesse Charlotte abdique en 1964, à l’âge de 68 ans, après 45 ans à la tête du pays. Elle est la première souveraine à abdiquer de manière volontaire et son fils Jean lui succède. Le grand-duc Jean a abdiqué volontairement en faveur de son fils Henri en octobre 2000, à l’approche de sa 36e année de règne. Le grand-duc Jean est décédé en 2019 à 98 ans.