Ce lundi, le président italien Sergio Mattarella entame sa visite d’État en Belgique. L’Italie et la Belgique se sont rapprochés dès la fin de la guerre, suite à un protocole de main-d’œuvre. Les deux familles royales ont aussi maintenu des liens très proches, malgré l’abolition de la monarchie en Italien, le roi Albert II étant le neveu de la dernière reine d’Italie. Le roi Philippe, à moitié italien, a accueilli ce lundi le président au palais royal de Bruxelles avec les honneurs pour donner le coup d’envoi de cette visite d’État.
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Le roi Philippe accueille le président italien Sergio Mattarella en Belgique
Ce lundi 20 octobre 2025, Sergio Mattarella est devenu le cinquième président italien à effectuer une visite d’État en Belgique. L’Italie a été fondée en 1861, lors de l’unification des territoires de la péninsule en un seul royaume. À la tête de ce nouveau royaume se trouvait l’ancien roi de Sardaigne, Victor-Emmanuel II, connu dorénavant comme le premier roi d’Italie. Son petit-fils, le roi Victor-Emmanuel III a effectué sa première visite d’État en Belgique en 1922, accompagné de la reine Hélène, à l’invitation du roi Albert 1er et de la reine Elisabeth.

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La deuxième visite d’État eut lieu en 1973, à l’invitation du roi Baudouin et de la reine Fabiola. Ce fut, cette année-là, le président Giovanni Leone et son épouse Vittoria Michitto qui répondirent à l’invitation. La monarchie a été abolie en 1946 et le dernier roi Humbert II et son épouse Marie-José, ont été contraints à l’exil. En 1986, le président Cossiga et son épouse Giuseppa Sigurani ont effectué la troisième visite d’État italienne, à l’invitation du roi Baudouin. Enfin, la quatrième visite d’État a eu lieu en 2002, lorsque le président italien Carlo Azeglio Ciampi et son épouse Franca Pilla ont répondu à l’invitation du roi Albert II et de la reine Paola.
Le président Mattarella, 84 ans, a débuté sa visite d’État en assistant à la cérémonie d’accueil protocolaire et militaire que lui avait réservée le roi Philippe, 65 ans. Le président italien est accompagné de sa fille, Laura Mattarella, lors de ses déplacements à l’étranger. Le président étant veuf, sa fille assure habituellement le rôle de première dame lorsque le protocole le requiert. La reine Mathilde, 52 ans, s’est tenue à côté de Laura Mattarella lorsque les deux chefs d’État ont passé les troupes en revue, sur le tapis rouge déployé devant les grilles du palais royal de Bruxelles. Après les deux hymnes nationaux, le couple royal, le président et sa fille ont rejoint l’intérieur du palais pour la photo officielle, la signature du livre d’honneur, la présentation des délégations et l’habituelle cérémonie d’échanges de cadeaux diplomatiques.

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Une amitié belgo-italienne entre les deux pays et les deux familles royales
Une visite d’État est un voyage diplomatique qui respecte les plus hauts standards protocolaires internationaux. Il ne peut se dérouler qu’entre deux chefs d’État. Un chef d’État répond à l’invitation d’un autre chef d’État. Il ne peut y avoir qu’une seule visite d’État entre deux même chef d’État. Tout autre voyage est considéré comme une visite officielle, ce qui ne suit pas les mêmes règles protocolaires aussi strictes. Les visites d’État suivent un programme dont certaines séquences sont relativement inchangées. Elles débutent normalement par une cérémonie d’accueil, puis a lieu un moment de recueillement au pied d’un monument. La première journée est consacrée aux visites auprès des présidents de la Chambre et du Sénat, du premier ministre et enfin, en soirée, un banquet d’État est organisé par les hôtes.


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Cette visite d’État suit un programme classique. Après l’accueil protocolaire, le roi Philippe et la reine Mathilde retrouveront leurs invités italiens pour partager un déjeuner en privé, puis ils se reverront uniquement en soirée lors du banquet. Le président italien effectuera son moment de recueillement seul ainsi que ses visites auprès des autorités.

Cette visite d’État est importante pour le roi Philippe, qui souhaite célébrer l’amitié belgo-italienne. Lui-même est le roi des Belges le plus italien, d’un point de vue généalogique. Sa mère, la reine Paola, née Paola Ruffo di Calabria, est une aristocrate italienne, issue d’une très ancienne famille de la noblesse. En épousant Paola, le roi Albert II est également tombé amoureux du pays de son épouse. Le couple d’anciens souverains vit, une partie de l’année, à Rome.
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Le roi Philippe est à la fois le roi des Belges le plus italien mais aussi le roi des Belges le plus belge. Le premier roi des Belges est né prince de Saxe-Cobourg et les rois suivants ont épousé des princesses issues de familles royales germaniques ou de Suède. Les rois des Belges n’avaient donc, jusqu’à Philippe, aucun ancêtre belge. C’est par sa mère, la reine Paola, que le roi Philippe est le premier roi des Belges à avoir des ancêtres belges. La grand-mère de Paola était Laure Mosselman du Chenoy, fille du sénateur belge Théodore Mosselman du Chenoy et d’Isabelle Coghen. Isabelle Coghen était elle-même la fille du comte Jacques Coghen, ministre des Finances de Léopold 1er et vice-président du Sénat belge.
Les liens entre la famille royale belge et la famille royale italienne sont devenus extrêmement étroits lorsque la princesse Marie-José de Belgique, fille du roi Albert 1er et sœur du futur roi Léopold III, a épousé en 1930 le prince Humbert d’Italie, fils du roi Victor-Emmanuel III. Le couple a eu quatre enfants. Victor-Emmanuel III a abdiqué en mai 1946 en faveur de son fils, et Marie-José de Belgique est devenue reine d’Italie. Humbert II et Marie-José seront les derniers souverains italiens. Après l’abolition de la monarchie, le couple a vécu séparément. Tandis qu’Humbert vivait au Portugal, Marie-José a vécu en Suisse et dans sa famille en Belgique. La reine Marie-José est décédée en 2001, durant le règne de son neveu, le roi Albert II.
Entre le début du 19e siècle et la Première Guerre mondiale, plus d’une dizaine de millions de personnes vivant dans les territoires de la péninsule italienne ont immigré vers le Nord et se sont notamment installées en Belgique, pays qui a connu une forte croissance économique durant la période industrielle. L’immigration italienne a été ensuite encadrée et stimulée par la signature d’un protocole en juin 1946. Par ce protocole, l’Italie s’engageait à envoyer 2000 travailleurs italiens en Belgique pour travailler dans les mines. En échange, du charbon était envoyé en Italie. Durant le deuxième jour de la visite d’État, le président italien se rendra dans les anciennes régions minières de Belgique, pour rendre hommage à cette période.
Selon Myria, le Centre fédéral Migration, environ 44% des étrangers en Belgique étaient des Italiens, en 1961. Le pic migratoire sera atteint dans les années 70-80, avec une baisse de l’immigration italienne, suite à la fermeture et à la baisse des activités minières. En 1980, près de 300 000 Italiens vivaient Belgique. Le nombre diminue par la suite, les Italiens s’étant aussi assimilés et les générations suivantes ont obtenu la nationalité belge. Des centaines de milliers de Belges ont donc des ancêtres italiens.