Un an et demi après l’interview du prince souverain Hans-Adam II qui redoute la légalisation du mariage homosexuel en principauté de Liechtenstein, son fils et héritier, Alois, révèle ce 11 août partager la même opinion. Père et fils ne sont pas contre le mariage mais craignent l’adoption. Pour la première fois, le prince héréditaire Alois, déjà régent du Liechtenstein, admet dans une interview ne pas considérer le mariage pour tous comme « un problème majeur ».
Lire aussi : Hans-Adam II et sa lubie pour les OVNIS : le souverain du Liechtenstein finance la recherche sur les extraterrestres
Alois de Liechtenstein confirme l’avis de son père à propos du mariage homosexuel
En février 2021, à l’occasion du 76e anniversaire du prince Hans-Adam II de Liechtenstein, le souverain de la Principauté avait accordé une interview à Radio L, dans laquelle il avait confirmé sa position concernant la possibilité de signer une loi à propos du mariage homosexuel. Le souverain avait déclaré qu’en principe il n’aurait rien contre cela, tant qu’il ne s’agissait pas d’adopter des enfants. « Si les homosexuels adoptent des garçons, ce n’est pas sans problème », avait-il ajouté.
Dans la principauté de Liechtenstein, le souverain peut appliquer son veto sur n’importe quel projet de loi. Hans-Adam II ayant légué ses prérogatives à son héritier en 2004, c’est le prince héréditaire Alois qui est en droit d’apposer son veto. Interrogé sur le fait que le prince héréditaire Alois puisse éventuellement faire valoir son droit de véto sur ce sujet, son père avait répondu : « Je suppose qu’il utiliserait son veto si on arrivait à une décision majoritaire ».
Ce 11 août, le prince héréditaire Alois de Liechtenstein a répondu à une longue interview, quelques jours avant la fête nationale du 15 août. Alors qu’il se montre extrêmement discret tout au long de l’année, Alois accepte chaque année de répondre à une très longue interview sur des domaines très variés, allant de l’économie à l’éducation, en passant par la santé.
Lire aussi : Les royautés étrangères présentes aux funérailles de la princesse Marie de Liechtenstein
Une demi-avancée qui avait déjà été amorcée par Hans-Adam II
Volksblatt, l’un des deux principaux quotidiens de la Principauté de 40 000 habitants, fut particulièrement étonné par la réponse du prince, au point telle qu’elle ait été choisie pour apparaître dans le titre de l’article. « Le mariage pour tous en soi ne devrait pas être un problème majeur », cite Volksblatt en titre.
« Le mariage pour tous, de façon isolée, ne serait pas un problème majeur », explique le fils du souverain. En réalité, cette phrase jugée plutôt comme progressiste dans un pays catholique ultraconservateur, n’est pas étonnante. Le prince Hans-Adam II avait lui-même expliqué que le mariage ne lui posait pas de problème. C’est l’adoption qui en découlait qui lui faisait craindre le pire. L’article 37 de la Constitution du Liechtenstein accorde le statut d’Église nationale et donc de religion d’État à l’Église catholique romaine. L’Église catholique comme religion d’État est un point partagé avec Monaco, tout comme l’absence d’adoption du mariage pour tous. Parmi les 10 monarchies héréditaires du continent européen, seuls Monaco et le Liechtenstein n’ont pas légalisé le mariage homosexuel mais les deux pays reconnaissent une forme d’union civile.
Si cette interview semble importante c’est parce qu’actuellement, c’est déjà l’héritier du trône qui est régent, et donc aux commandes. Son avis a un poids certain puisqu’il est capable d’influencer aussi bien les organes législatifs, qu’exécutifs et judiciaires.
Le 26 septembre 2021 le peuple suisse a voté pour l’adoption du mariage pour tous, qui est entré en vigueur le 1e juillet. Le Liechtenstein observe toujours avec attention ce qu’il se passe chez sa voisine. Lors de ce référendum à l’automne dernier, les Suisses avaient voté « oui » au mariage homosexuel à 64%, y compris dans les cantons les plus conservateurs. Tous les cantons, sans exception, ont obtenu le « oui » en majorité. La plus faible majorité, de justesse à 50,82%, a été enregistrée dans le canton d’Appenzell Rhodes-Intérieures. Le Tessin est le second canton le plus faiblement favorable, avec seulement 52, 92%. Les cantons les plus favorables sont Genève, Berne, Soleure, Lucerne, Bâle-Campagne, Zurich et enfin Bâle-Ville avec 73,96% de réponses favorables.
Rappelons que depuis 2011, le partenariat civil est autorisé pour les couples homosexuels au Liechtenstein. Ce partenariat (sorte de PACS) ouvre les mêmes droits successoraux et fiscaux que ceux accordés aux couples mariés. La principale différence réside dans les droits à fonder une famille et à avoir des enfants. Une adoption à l’étranger, par un couple uni par un partenariat, ne serait pas reconnue au Liechtenstein. Les homosexuels doivent donc rester célibataires s’ils souhaitent adopter un enfant seul. Il est alors impossible pour le parent célibataire de s’unir civilement. Le partenariat civil serait impossible pour le parent ou il devrait renoncer à ses droits parentaux.