L’arbre généalogique du roi Mohammed VI jusqu’au prophète Muhammad

Le roi Mohammed VI du Maroc est un descendant du prophète Muhammad, lui-même descendant des Quraych et bibliquement un descendant d’Ismaël, fils d’Abraham. Le souverain marocain est aussi Commandeur des croyants, titre qui renforce la mission religieuse dont il est investi et qui fait écho à l’héritage divin de ses ancêtres. La dynastie alaouite, qui règne sur le Maroc depuis 1667, est aussi cousine de la dynastie saadienne et de la dynastie idrisside, les deux précédentes familles chérifiennes ayant régné sur la région depuis la fin du 8e siècle.

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Le roi Abdallah II de Jordanie et le roi Mohammed VI du Maroc, les deux souverains qui descendent du Prophète

Deux rois revendiquent aujourd’hui leur parenté avec le prophète Muhammad (aussi connu comme Mahomet) : le roi Abdallah II de Jordanie et le roi Mohammed VI du Maroc. Le roi Abdallah a publié son arbre généalogique sur le site internet officiel de la monarchie, tandis que le roi Mohammed VI a affiché son arbre généalogique sur un tableau accroché au mur de son bureau. Tous les prestigieux invités du souverain se retrouvent face à cet arbre lorsqu’ils sont en audience avec le roi du Maroc.

Le roi Mohammed VI reçoit le président français Emmanuel Macron, comme tous ses autres invités, dans son bureau où est affiché son arbre généalogique le reliant au prophète Muhammad (Photo : MAP)

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Abdallah II et Mohammed VI sont tous les deux chérifiens et techniquement tous les deux Hachémites. La famille royale de Jordanie utilise le nom des Hachémites, en référence à Hashem, l’arrière-grand-père du prophète Muhammad, tandis que la famille royale du Maroc utilise plutôt le terme chérifien, qui est utilisé pour les descendants du prophète par sa fille Fatima. Chérifien est l’adjectif utilisé au Maghreb pour désigner un descendant de Mahomet qui porte le titre honorifique de chérif. Chérif peut se traduire par seigneur, noble, prince.

Le roi Mohammed VI, descendant du Prophète, est aussi Amir Al Mouminine, commandeur des croyants (Photo : MAP)

Plus on remonte dans l’histoire plus les sources historiques sont minces et l’histoire se confond avec la tradition religieuse et coranique. Il existe toutefois des versions officielles et attestées concernant la vie des personnes qui entourent Mahomet. Contrairement aux autres fondateurs d’une religion, Muhammad avait aussi la particularité d’être à la fois un guide spirituel et un homme politique. À sa mort, il avait constitué un empire très important qui s’étendait sur une grande partie de la péninsule arabique.

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La dynastie idrisside et la dynastie saadienne sont les premières dynasties chérifiennes à régner sur le Maroc

Mahomet, de son nom complet Abū al-Qāsim Muḥammad ibn ʿAbd Allāh ibn ʿAbd al-Muṭṭalib ibn Hāshim, est né selon la tradition en 570 à La Mecque. Il appartient à la tribu de Quraych, une famille de notables ayant eu de l’importance par le passé. Le chef de famille était notamment en charge de garder le Ka’aba, le sanctuaire des idoles déjà vénéré par les populations polythéistes. Les Quraych portent ce nom en référence à Fihr ibn Malik, surnommé Quraych. Fihr ibn Malik revendiquait descendre d’Ismaël, fils d’Abraham et d’Agar, une servante égyptienne. Ils sont donc les ancêtres des Arabes, contrairement aux Juifs, qui eux descendent traditionnellement d’Isaac, demi-frère d’Ismaël, fils d’Abraham et de Sarah. Bibliquement, Abraham est un descendant de Noé, lui-même descendant de Seth, fils d’Adam.

D’Abraham à Fihr ibn Malik, surnommé Quraych, selon la tradition coranique (Image : Histoires Royales)

Mahomet reçut les révélations de l’archange Gabriel en 610. Il se confie d’abord à son entourage proche, son épouse, le cousin de son épouse, puis peu à peu à d’autres proches qui, au fur et à mesure se convertissent. Au bout de cinq ans, ils sont une centaine de convertis. En 619, à la mort de son épouse Khadija, qui le soutenait financièrement, et à la mort de son oncle Abu Talib, qui était le chef de la famille Quraych, il perd ses principaux soutiens, l’un financier l’autre politique. Il va réussir à obtenir le soutien de notables comme Abu Bakr et Umar, dont il va épouser les filles. Ils deviendront donc ses beaux-pères.

Peu à peu la conversion prend de l’ampleur et les marchands de La Mecque qui profitaient du commerce des pèlerinages voient d’un mauvais œil cette nouvelle religion. Chassé aussi par son clan des Qurayches, qui étaient les garants de la Ka’aba qu’il venait menacer avec sa religion monothéiste, Mahomet trouve refuge à Médine. Ce voyage de La Mecque à Médine, le 16 juillet 622, est appelé l’Hégire. Il deviendra le premier jour de l’an 1 du calendrier musulman. Le mouvement devient politique lorsqu’il devient un chef unificateur légitimé par la constitution de Médine. L’État théocratique qu’il fonde a pour communauté l’Oumma, que tout le monde est convié à rejoindre par la conversion, peu importante son origine tribale ou religieuse.

Les empires au Moyen-Orient et au Maghreb au moment où Mahomet part de La Mecque pour rejoindre Médine (Image : Histoires Royales/Reproduction interdite)

Quand Mahomet meurt vers l’âge de 60 ans, en 632, il dirige un territoire qui s’étend sur une partie de la péninsule arabique. Son héritage est donc l’objet de convoitise et bien vite, une guerre de succession est déclenchée. Aujourd’hui encore, les différents héritiers sont la source initiale des différents courants de l’islam.

Les descendants du Prophète créent des califats à sa mort. La famille royale du Maroc descend d’Hassan, fils de Fatima et Ali. La dynastie alaouite tire son nom d’Ali (Image : Histoires Royales)

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La fille de Muhammad, Fatima, avait épousé son cousin Ali, fils d’Abu Talib, l’oncle du Prophète. Selon les Sunnites, l’héritage de Mahomet se fait à travers le lien spirituel et de confiance qu’il avait établi avec certains proches et fidèles. Le nouveau chef, en charge de faire perdurer l’héritage de Mahomet mais aussi de régner sur son territoire porte le titre de calife, qui veut simplement dire «successeur» en arabe. Le califat va s’étendre sur le Moyen-Orient et le nord de l’Afrique au cours des siècles suivants.

Le territoire sous le contrôle de Mahomet à sa mort. Ce territoire sera hérité par les califes qui continueront son expansion (Image : Histoires Royales/Reproduction interdite)

Au 8e siècle, Idris, un descendant du Prophète, se soulève avec son frère contre la domination des califes abassides dans le Hedjaz (péninsule arabique). Les deux frères doivent fuir en traversant la mer Rouge et Idris rejoint le Maghreb. Par son esprit rassembleur il deviendra le premier chérif d’un État marocain en 788. Il est le fondateur de la dynastie idrissienne. Ses descendants, vont régner en tant que sultans du Maroc jusqu’en 937. Les derniers sultans partiront en exil en Andalousie.

Les Idrissides se sont installés au Maroc et ont fondé le premier État marocain en 788. Il régneront jusqu’en 937 (Image : Histoires Royales)

À partir de l’an 1000 et jusqu’au milieu du 16e siècle, plusieurs dynasties berbères vont régner sur le Maroc. En 1544, Muhammad Ach-Chaikh, de la dynastie saadienne, lui aussi descendant du prophète Muhammad devient l’émir de Marrakech. Il renverse le souverain de la dynastie wattasside qui régnait sur le Maroc, devenant sultan du Maroc en 1549. Ses descendants régneront en tant que sultans du Maroc jusqu’en 1659. Au même moment, émerge une autre dynastie cousine, celle des Alaouites.

Les trois dynasties chérifiennes ayant régné sur le Maroc (en vert) (Image : Histoires Royales)

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Les Alaouites : une troisième dynastie chérifienne règne sur le Maroc

Les Alaouites sont des cousins des Saadiens, ayant régné jusqu’en 1659 sur le Maroc. Comme eux, ils descendent du prophète Muhammad et sont donc originaires de la péninsule arabique. Le nom fait référence à Ali, le gendre du Prophète. Al-Hassan al-Dakhil quitte la ville de Yanbu (actuellement en Arabie saoudite) au 13e siècle et rejoint le Tafilalet, au Maghreb. En tant que descendant du Prophète, les habitants du Tafilalet le nomment imam et il exercera une influence, notamment par la baraka qu’il apporte aux cultures. L’un de ses descendants, Charif, deviendra chérif du Tafilalet et exercera son pouvoir tel un prince en 1631. Le chérif Mohammed succédera à son père en tant que prince du Tafilalet et il sera lui-même succédé par son frère, Rachid. Le chérif Rachid entamera une grande opération militaire et politique pour unifier les territoires marocains entre 1664 et 1669. Il devient alors sultan du Maroc en 1667.

Le roi Mohammed VI est le petit fils du sultan Mohammed V, qui a pris le titre de roi du Maroc en 1957 (Image : MAP)

Le sultan Rachid est le premier souverain du Maroc unifié, depuis l’assassinat du sultan Abbas de la dynastie saadienne. Ismaïl succédera à son frère, puis les nombreux fils et ensuite les descendants de Rachid perpétueront la dynastie. À partir de 1912, l’Empire chérifien passe sous protectorat de la France. Lorsque la France mit fin à son protectorat en 1955, le sultan Mohammed V entame de grandes réformes institutionnelles. Il devient le premier roi du Maroc en 1957. Il est le grand-père du roi Mohammed VI. Selon l’article 41 de la Constitution marocaine, le roi porte aussi le titre d’Amir Al Mouminine, traduit en français par Commandeur des croyants. À ce titre, il « vieille au respect de l’Islam » et il préside le Conseil supérieur des ouléma, soit un conseil de théologiens musulmans. Ce conseil est le seul habilité à prononcer les consultations religieuses (fatwas) qui doivent être agréées.

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Nicolas Fontaine

Rédacteur en chef

Nicolas Fontaine a été concepteur-rédacteur et auteur pour de nombreuses marques et médias belges et français. Spécialiste de l'actualité des familles royales, Nicolas a fondé le site Histoires royales dont il est le rédacteur en chef. nicolas@histoiresroyales.fr