« Corsage » : un nouveau regard sur la vie de Sissi bien décidée à se libérer de son corset

Après avoir été incarnée, entre autres, par Romy Schneider, Cristiana Capotondi, Arielle Dombasle et plus récemment, par Dominique Devenport dans la série « Sissi » diffusée sur TF1 et Devrim Lingnau dans la série « The Empress » sortie il y a peu sur Netflix, la célèbre impératrice rebelle va de nouveau faire parler d’elle et prendre cette fois les traits de l’actrice Vicky Krieps dans une nouvelle adaptation cinématographique. Il s’agit du film Corsage, réalisé par Marie Kreutzer, cinéaste autrichienne, et présenté en mai dernier au Festival de Cannes dans la section « Un certain regard ».

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Un nouveau film mettant en scène la vie d’Elisabeth, impératrice d’Autriche, voit le jour

L’histoire du film Corsage se déroule en 1877. Sissi a alors 40 ans et est loin de la jeune fille propulsée soudainement à la cour de Vienne. On y découvre une impératrice soucieuse de son image, inquiète de vieillir et obsédée par la minceur, demandant à sa femme de chambre de serrer chaque fois davantage son corset et de mesurer son tour de taille.

Le film Corsage sort le 14 décembre en salles (Photo : DR)

Elle est engoncée dans un rôle d’impératrice qui ne lui correspond pas, où le devoir de représentation est un fardeau et la seule responsabilité que lui laisse son époux, l’autoritaire Franz-Joseph, incarné par l’acteur Florian Teichtmeister. Pour tenter de s’en affranchir, elle n’hésite pas à fumer, se coupe les cheveux, prend des cours d’escrime, part en voyage en compagnie de son cousin Louis II de Bavière (Manuel Rubey), qui lui fera le reproche : « Tu cèdes à tous tes caprices, sans te soucier de ton rôle ». Elle entame des liaisons extraconjugales avec son écuyer Bay Middleton (Colin Morgan) et le comte Gyula Andrassy (Tamas Lengyel). Sissi a 40 ans et est bien décidée à se libérer de son corset.

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Sissi dans les yeux de Marie Kreutzer

Dans une interview accordée au magazine The Upcoming, la réalisatrice Marie Kreutzer parle notamment de sa propre vision de Sissi, partageant avec elle le même pays, l’Autriche. Si elle n’a pas grandi avec la célèbre incarnation de Sissi par Romy Schneider, Marie Kreutzer la connaît pourtant bien. « Je n’ai pas grandi avec les films, parce que je n’ai pas été autorisée à regarder énormément la télé. J’ai vu les films beaucoup plus tard. Mais bien sûr je les connais et je connais le cliché parce qu’à chaque fois que vous passez devant une boutique de souvenirs en Autriche, vous voyez Mozart et vous voyez Sissi, donc nous la connaissons tous ».

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Marie Kreutzer a indiqué que l’idée de faire un film sur l’impératrice venait de l’actrice Vicky Krieps elle-même. « Elle m’a demandé il y a quelques années si nous voulions faire un film sur Sissi. Nous avons fait un autre film ensemble, elle m’a demandé après et j’ai tout simplement ri. Je pensais que c’était une plaisanterie, parce que, comme je l’ai dit, en Autriche c’est juste un cliché de boutiques de souvenirs. Mais ça m’est resté et à un moment donné j’ai commencé à lire sur elle et je me suis dit ”Voyons s’il y a quelque chose dans le matériel qui m’intéresse” ».

L’impératrice Elisabeth de Marie Kreutzer se libère de son corsage (Photo : capture d’écran vidéo YouTube)

La réalisatrice a poursuivi en indiquant que ce qui l’intéressait le plus, c’était la complexité de la personnalité de l’impératrice, rebelle et en avance sur son temps.
Dans cette nouvelle adaptation, si la vedette est bien entendu Sissi, son corset a également un rôle important. « Tout le travail qu’elle faisait sur son corps occupe une place importante dans toutes les biographies que vous avez d’elle. C’était quelque chose qui m’intriguait beaucoup parce que ce n’était pas habituel à cette époque. Je me suis demandé pourquoi ? J’ai pensé que, pour une personne qui n’a aucun contrôle sur rien, parce que des gens sont toujours en train de vous dire quoi faire, la seule chose que vous pouvez contrôler c’est votre corps. »

La distance s’installe entre Sissi et son époux (Photo : capture d’écran vidéo YouTube)

Si le film se veut réaliste sur certains points, sur d’autres, Marie Kreutzer a tenu à inclure des éléments plus modernes, à commencer par la musique. « En fait, les chansons étaient dans le script parce que c’était ce que j’écoutais pendant que j’écrivais. J’écoute beaucoup de musiques quand j’écris et je ne voulais pas que ce soit une musique de film historique classique.»

Autre élément anachronique notable, une serpillière et un seau venus tout droit de notre monde contemporain et qui se sont retrouvés là par un coup du sort comme l’explique Marie Kreutzer. « Nous étions en train de refaire la scène, parce que c’était un plan Steadicam (système stabilisateur de prise de vues portatif), et vous devez toujours la faire plusieurs fois, pas avec les acteurs, mais avec quelqu’un en train de marcher. Et puis des personnes du département artistique étaient encore en train de nettoyer. La serpillière et le seau étaient là et quelqu’un voulait les enlever et j’ai dit “Non, non, j’adore ça” » Cet exemple illustre parfaitement son point de vue concernant la réalisation d’un film. En effet, comme elle l’a avoué en conclusion de l’interview : « Quand les gens me demandent “Est-ce que c’est comme vous vouliez que ce soit ou comme vous aviez prévu que ce soit ?” Je réponds toujours “Ce n’est jamais comme j’avais prévu que ce soit, mais c’est le but. J’aime ça” ».

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Sport et régime alimentaire stricte, la triste réalité de Sissi

Mariée à l’âge de 16 ans à son cousin, l’empereur François-Joseph d’Autriche, Élisabeth fait ainsi son entrée à la cour de Vienne, sans y être véritablement préparée. Soumise à une étiquette rigide, scrutée à chaque apparition officielle, pour la jeune impératrice, c’est le début de la descente aux enfers. Celle-ci s’accentuera à la naissance de ses enfants, lorsque sa belle-mère, la jugeant trop jeune pour assurer leur éducation, les prendra en charge.

Après la mort de sa fille aînée à l’âge de 2 ans, Sissi ne tardera pas à montrer des signes de ce que l’on appelait à l’époque une maladie psychosomatique, et se réfugiera dans sa famille au château de Possenhofen, la résidence d’été qu’elle adorait. De retour à Vienne, les signes s’accentuent : la jeune impératrice commence alors à devenir véritablement obsédée par son apparence, elle qui doit subir les regards constants que l’on porte sur elle à chacune de ses représentations officielles. Elle mange peu et se nourrit parfois uniquement de verres de lait, de jus de viande, adopte le jeûne intermittent et se pèse 3 fois par jour, notant son poids à chaque fois.

Château de Possenhofen, où Sissi passait ses étés lorsqu’elle était enfant et où elle se réfugiera au début de sa maladie (Photo pour Histoires Royales)

Elle mesure 1,72m et ne pèsera que 50 kilos jusqu’à la fin de sa vie. Pour souligner sa taille fine, elle adopte des ceintures et se fera régulièrement coudre ses robes directement sur elle. Hyperactive, Sissi fera du sport à outrance, pratiquant l’équitation, son sport favori, jusqu’à l’épuisement total afin d’occuper son esprit. Elle sera également une adepte de gymnastique et fera installer des barres asymétriques ainsi que des anneaux dans ses appartements du palais de Hofburg, la résidence officielle du couple impérial à Vienne.

Elle accordera également beaucoup d’importance à sa longue chevelure qui lui tombait jusqu’aux chevilles et passera plus d’une heure chaque matin à les faire coiffer et tresser. À l’approche de ses 40 ans, Sissi refusera catégoriquement de se faire photographier ou peindre à des fins officielles, les peintres et photographes devant alors utiliser d’anciennes représentations de l’impératrice. Elle n’hésitera pas non plus à se cacher derrière une ombrelle ou un éventail, afin d’éviter les regards.

L’Île aux roses où Sissi aimait retrouver son cousin Louis II de Bavière (Photo pour Histoires Royales)

Pour calmer ses nerfs, elle partira très souvent en voyage, parfois en compagnie de son cousin Louis II de Bavière, qu’elle retrouvait sur l’Île aux roses, sur les rives du lac de Starnberg. Une Sissi bien loin de la jeune fille souriante incarnée par Romy Schneider…

La sortie du film est prévue pour le 14 décembre prochain. Une chose est sûre : 124 après sa mort, l’impératrice Élisabeth d’Autriche n’a pas fini de nous fasciner.

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Isaure Dovilliers

Isaure Dovilliers est passionnée des familles royales, du Gotha et des têtes couronnées depuis son enfance. Isaure contribue à apporter l'actualité des royautés du monde entier sur Histoires Royales;