Le premier roi des Belges était loin de vivre et même de pouvoir comprendre la misère dans laquelle vivait son peuple. La réalité du quotidien des Belges pouvait difficilement remonter jusqu’à lui, alors que les seuls représentants du peuple qu’il côtoyait étaient des membres du clergé et des bourgeois conservateurs. Pourtant, des prémices d’avancées sociales seront à noter, dès le début de son règne. L’éducation et le travail des enfants seront les premières préoccupations sociales à être (timidement) considérées en Belgique.
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Le travail des enfants dès l’âge de 6 ans
L’Unionisme belge, débuté avant la révolution, prendra fin en 1847. Avant cette date, l’union, rendue possible grâce à des compromis entre les rivaux catholiques et libéraux, qui prônait les libertés politiques, faisait passer au second plan les préoccupations sociales dans la jeune Belgique. L’essor de l’industrie au 19e siècle obligera pourtant les dirigeants à s’intéresser aux conditions de vie misérables du peuple. Hommes, femmes et enfants partaient travailler et exerçaient les mêmes horaires de travail, peu importe leur âge. Le nombre d’enfants mis au travail est important. En 1846, le recensement de l’industrie dénombre que sur 315 000 ouvriers, plus de 66 000 ont moins de 16 ans. À cela, il faut ajouter tous les enfants travaillant à domicile et dans l’agriculture. Dès l’âge de 6 ans, ils peuvent travailler.
Les quelques questions d’ordre social sont pour la plupart du temps laissées à l’Église, qui par sa charité et à travers ses actions philanthropiques viennent en aide à la population. Quant aux dirigeants, ils préfèrent continuer à suivre l’avis des industriels qui assuraient le fonctionnement d’un circuit économique bon marché, grâce au travail des enfants. Toute réforme du travail des enfants est rejetée « sous prétexte que ce serait ruineux pour l’industrie, attentatoire aux droits du père de famille, plus intéressé à la conservation de son enfant, plus apte à juger de ses forces que quiconque », explique la Ligue des droits des enfants.
En 1838 tout de même, le roi Léopold 1e se montre paternaliste en déclarant dans son discours du Trône qu’il faut améliorer les conditions des établissements qui prennent soin des aveugles, sourds-muets et autres personnes inaptes au travail. En septembre 1842, Léopold signe une loi qui laisse présager un avenir meilleur pour les enfants. Cette Loi organique sur l’école primaire exige qu’il y ait « dans chaque commune du royaume au moins une école primaire, établie dans un local convenable. » L’article 5 exige que « les enfants pauvres reçoivent l’instruction gratuitement. »
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La loi de Léopold 1e concernant le travail des enfants n’aboutira pas
Chez les voisins français, le 22 mars 1841 est signée par le roi Louis-Philippe 1e, beau-père du roi Léopold 1e, la première loi sur le travail des enfants. Cette loi est révolutionnaire puisqu’il s’agit de la première entorse au principe de non-intervention de l’État dans les relations entre patrons et salariés, qui prévalait jusque là au nom de la liberté économique. Léopold 1e tente la même expérience en Belgique.
Malheureusement, comme le rappelle La Ligue, « la majorité du monde politique se montre pendant longtemps, soit peu concerné par les problèmes sociaux des ouvriers, soit franchement hostile à toute idée de réglementation dans le domaine économique ». Par conséquent, le projet de loi d’octobre 1942 de Léopold échouera. Il faudra attendre la loi du 31 décembre 1889, sous Léopold II pour soit interdit le travail des enfants de moins de 12 ans et que celui-ci des enfants de plus de 12 ans soit limité à 12 heures par jour.