Depuis le 14 mai 2017, Emmanuel Macron est président de la République français et ex officio, co-prince d’Andorre. Comme tous les présidents français avant lui, il est le chef d’État andorran à parts égales avec le co-prince épiscopal. Le co-prince Emmanuel Macron se distingue de ses prédécesseurs par son portrait officiel. Il est le seul président français à avoir un portrait spécifique à son rôle de chef d’État de la principauté d’Andorre.
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Emmanuel Macron et son portrait de co-prince d’Andorre
En septembre 2019, le co-prince Emmanuel Macron faisait la tournée des sept paroisses de la principauté d’Andorre, sous le cris de la foule qui scandait : « Vive le prince ! ». Après avoir visité le pays, il a présidé le Conseil général face aux parlementaires qui portaient le fameux bicorne. En tant que chef d’État andorran, le co-prince veut renforcer les liens entre la France et Andorre, déplorant au passage la baisse du taux d’apprentissage du français, au profit du catalan et de l’espagnol. Européen convaincu, comme d’autres co-princes français avant lui, il a pour souhait d’uniformiser certaines normes de la Principauté.
Avant lui, Nicolas Sarkozy, avait fait du chantage, pensant pouvoir démissionner de son titre de co-prince si Andorre ne modifiait pas sa fiscalité. Finalement, Andorre a quitté la liste des paradis fiscaux, levé le secret bancaire et introduit un taux de TVA et une faible imposition aux sociétés.
Emmanuel Macron, comme les autres présidents avant lui, assure la direction de la co-suzeraineté entre le co-prince français et le co-prince épiscopal en programmant des entrevues avec son homologue, l’archevêque-évêque d’Urgell, Joan-Enric Vives i Sicília. Ne pouvant pas toujours se déplacer jusqu’en Andorre, Emmanuel Macron organise régulièrement des rendez-vous et des réunions à l’Élysée pour assurer ses fonctions.
Là où Emmanuel Macron se distingue des autres, est qu’il est le premier co-prince français à s’être donné la peine d’avoir son propre portrait, distinct de son portrait officiel de président de la République française. Sur ce portrait, il pose à côté du drapeau bleu jaune rouge d’Andorre et porte le collier de co-prince.
La principauté d’Andorre est un territoire composé de 7 paroisses, qui est reconnu depuis l’an 780. Le principe de paréage entre la France (comté de Foix) et l’Espagne (évêché d’Urgell) a été mis en place en 1278. Aujourd’hui, le pays de 77 000 habitants est une co-monarchie parlementaire. L’assemblée parlementaire est appelée le Conseil général et est composée de 28 députés. Avec ses 468 km2, Andorre est plus grande que Malte.
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Quels sont les pouvoirs d’Emmanuel Macron en tant que coprince ?
C’est l’article 43 de la Constitution d’Andorre, qui confère « à titre personnel et exclusif » à l’évêque d’Urgell et au président de la République française le titre de coprinces, une « institution issue des Paréages et de leur évolution historique ». Après avoir juré d’exercer leurs fonctions conformément à la Constitution, « leurs pouvoirs sont égaux et procèdent de la présente Constitution ».
L’article suivant indique que « les Coprinces sont le symbole et les garants de la permanence et de la continuité de l’Andorre ainsi que de son indépendance et du maintien du traditionnel esprit de parité et d’équilibre dans les relations avec les États voisins. » Ils représentent aussi le pays à l’international.
Comme dans les autres monarchies européennes – Andorre et le Vatican sont souvent les deux monarchies oubliées du continent – le coprince a un pouvoir relatif, qui n’est valable qu’avec le contreseing ministériel. Néanmoins, la liste des compétences partagées avec le gouvernement est conséquente. De plus, à titre personnel, le droit de grâce est une prérogative conférée aux coprinces. Enfin, les coprinces ont un pouvoir au niveau judiciaire, puisqu’ils nomment les membres du Conseil supérieur de la justice ainsi que les membres du Tribunal constitutionnel.
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Pourquoi Emmanuel Macron est co-prince d’Andorre ?
L’archévêque d’Urgell et le président français sont aujourd’hui respectivement coprince épiscopal et coprince français, par la volonté de poursuivre un compromis qui a débuté au 13e siècle.
Avant encore, en 988, les vallées andorranes devinrent la propriété de l’évêque d’Urgell. L’évêque céda le territoire au 11e siècle aux seigneurs Caboët, une seigneurie qui sera plus tard héritée par un mariage avec la famille du comte de Foix. L’évêque d’Urgell, insatisfait de la propriété revendiquée par le comte de Foix, impose sa suzeraineté.
En 1278, un accord est trouvé suite à l’intervention du roi d’Aragon, qui trouve la solution du compromis en instaurant un paréage. Autrement dit, une co-suzeraineté partagée entre l’évêque d’Urgell et le comte de Foix.
Comment Andorre est-elle devenue co-suzeraine de la France ? Par un jeu d’héritages. En 1441, la reine Blanche 1e de Navarre décède. Son époux lui succède à la tête du royaume, jusqu’en 1479. Leur fille, Éléonore 1e succède pendant 24 jours à son père et meurt à son tour. Éléonore avait épousé Gaston IV, comte de Foix. Le fils ainé d’Éléonore et Gaston étant déjà mort en 1472, c’est leur petit-fils, François-Fébus qui devint le roi de Navarre. Il était déjà comte de Foix à la mort de son père. À partir de cette date, le titre de comte de Foix appartiendra au roi de Navarre, et par conséquent, le roi de Navarre sera aussi co-prince d’Andorre.
La suite est évidemment connue. Le roi Henri III de Navarre devint l’héritier de France lorsque le roi Henri III de France le confirma à ce titre. Le roi de France n’avait pas d’enfant et son frère, François d’Anjou, est mort sans héritier. La couronne de France revint donc au roi de Navarre, plus proche descendant mâle Bourbon, qui fut connu comme Henri IV, à la mort de son cousin, Henri III, en 1589. C’est ainsi que le roi de France devint également co-prince d’Andorre. Par la suite, la constitution d’Andorre reconnaitra le chef d’État français comme le co-prince d’Andorre et non l’héritier dynastique des rois de France. Par conséquent, Andorre accepte aujourd’hui la République français et reconnait son chef d’État comme le sien.
C’est Charles de Gaule qui en 1967 fut le premier président français à se rendre à Andorre-la-Vieille pour assurer une visite dans la Principauté. Depuis lors, tous les présidents, sauf Pompidou, nous rappelle Village Justice, ont honoré cette visite.
Source : The Times