Hans-Adam II de Liechtenstein aurait pu régner sur l’Alaska

La petite principauté de Liechtenstein, nichée dans les Alpes entre la Suisse et l’Autriche, aurait pu avoir un contour totalement différent si le souverain avait accepté une offre particulière de la Russie au 19e siècle. L’Alaska fut proposé au prince de Liechtenstein mais à l’époque, la famille princière ne fut guère séduite par la proposition. Le prince Hans-Adam II aurait pu régner aujourd’hui sur un gigantesque territoire trois fois plus grand que la France…

Lire aussi : Cinq princes de Liechtenstein retournent en Tchéquie pour honorer leurs terres ancestrales du duché d’Opava

L’empereur Alexandre II avait d’abord proposé l’Alaska au prince de Liechtenstein

La principauté de Liechtenstein, dernière monarchie intacte du Saint-Empire germanique, est un petit territoire de 160 kilomètres carrés situés entre la Suisse et l’Autriche. La famille de Liechtenstein est la famille régnante la plus riche du continent européen mais sa fortune et son pouvoir auraient pu être encore décuplés…

Le prince Hans-Adam II règne sur le Liechtenstein depuis 1989. Aurait-il pu régner sur un territoire gigantesque à l’autre bout du monde ? (Photo : ddp images/PPE/Nieboer/ABACAPRESS.COM)

Lire aussi : Les origines des princes de Liechtenstein : d’un château autrichien à la dernière monarchie du Saint-Empire

À partir de 1720, l’explorateur danois Vitus Béring, travaillant pour le compte du tsar Pierre II de Russie, entreprend des explorations en Alaska. L’Alaska est proclamé russe en 1741. Cet immense territoire aux conditions de vie extrêmement rudes, où vivent des peuples autochtones, est alors simplement appelé l’Amérique russe. Au 19e siècle, le tsar Alexandre II veut renflouer ses caisses et surtout, éviter que son territoire américain passe aux mains des Britanniques. Il entreprend alors des tractations pour vendre l’Alaska mais les intéressés se font rares.

Carte de l’Alaska réalisée en 1869, juste après le rachat du territoire à la Russie, montrant la délimitation de la nouvelle frontière des États-Unis en rose, avec les possessions britanniques d’un côté (vert) et avec la Sibérie russe (jaune) de l’autre côté du détroit de Béring (Photo : Antiqua Print Gallery / Alamy / Abacapress)

En 2015, le journal allemand Welt publiait un article dans lequel il rapportait une tentative de vente de l’Alaska au prince Jean II de Liechtenstein. En 1867, l’empereur Alexandre II se serait tourné vers la famille du prince de Liechtenstein, sachant que cette dernière avait les moyens financiers pour faire une telle acquisition. Le tsar était également un ami proche du prince François de Liechtenstein. « Selon l’opinion de l’époque, cette superficie d’environ 1,6 million de kilomètres carrés n’avait aucune valeur, à l’exception des animaux à fourrure », pouvait-on lire dans Welt. Le prince de Liechtenstein a donc refusé l’offre.

Lire aussi : Fiançailles de la princesse Léopoldine de Liechtenstein

Le prince Hans-Adam II confirme la proposition faite à ses ancêtres

Cette offre tient-elle du mythe ou de la réalité ? Quelles sont les preuves réelles qu’une telle proposition a bien eu lieu ? Pendant des années, les historiens ont tenté de trouver des documents et des archives à ce sujet. En novembre 2018, la chaîne de télévision suisse SRF avait consacré un reportage à cette histoire insolite, provoquant alors quelques remous dans la Principauté et obligeant le souverain à parler. Le prince Hans-Adam II, dont la parole est extrêmement rare, avait exceptionnellement envoyé une lettre au journal local Vaterland pour confirmer cette information. « Ce n’est absolument pas une rumeur ! », affirmait le souverain.

Le prince Hans-Adam II a confirmé que l’achat de l’Alaska était un sujet « qui a été discuté à maintes reprises » au sein de la famille princière. Il explique que son aïeul « était très riche et la Russie avait besoin d’argent, notamment pour développer la vaste Sibérie. » Selon le chef d’État actuel, les avis étaient partagés au sein de la famille princière à l’époque. Certains « étaient d’avis qu’étant donné la grande distance et le climat hostile, le développement de l’Alaska aurait été très difficile », d’autres auraient tout de même été séduits par la propisition. Finalement, l’offre a été refusée. Le prince Hans-Adam II, à la tête de la fortune familiale estimée à plusieurs milliards d’euros, regrette effectivement cette décision car « d’importants gisements d’or y ont été découverts plus tard ».

Le chèque de 2 700 000 dollars émis par le Trésor américain pour acheter l’Alaska à la Russie (Photo : Pictures From History, CPA Media Pte Ltd / Alamy / Abacapress)

Lire aussi : Fiançailles de la princesse Marie Caroline de Liechtenstein

On le sait, la Russie a fini par vendre l’Alaska aux États-Unis en 1867, qui ont acquis ce territoire pour la somme de 2 700 000 dollars. Concernant le manque de documents autour de cette proposition, le prince Hans-Adam a son idée. « Une des raisons pourrait être qu’il n’y a eu qu’une offre orale de la part du tsar et donc aucun document n’a été rédigé de notre côté », explique le souverain. De nombreuses archives ont aussi été détruites à Moscou, lors de la période soviétiques. L’empereur Alexandre II entretenait une véritable relation d’amitié avec le prince François, frère du souverain Jean II de Liechtenstein. Les négociations ont donc pu passer par le prince François. Le prince François deviendra lui-même le souverain de Liechtenstein, en succédant à son frère en 1929.

L’Alaska a finalement obtenu le statut de 49e État des États-Unis d’Amérique en janvier 1959. Avec sa supérficie équivalent à plus de trois fois celle de la France métropolitaine, l’Alaska est de loin le plus grand État américain. On y compte seulement 730 000 habitants, dont un tiers vit dans la ville d’Anchorage. La Sibérie et l’Alaska sont séparés par le détroit de Bering. Au milieu de ce détroit se trouvent les deux petites îles de Diomède, dont l’une est administrativement en Sibérie et l’autre en Alaska. La ligne de changement de date passe virtuellement entre les deux îles séparées de 3 kilomètres ainsi que la frontière entre la Russie et les États-Unis.

Quant au Liechtenstein, son territoire actuel n’a été acquis par la famille princière qu’en 1699, lorsque le prince Antoine-Florian acheta d’abord le petit comté de Schellenberg, puis il acheta en 1712, la parcelle voisine, le comté de Vaduz. L’empereur Charles VI accepta d’unifier les deux comtés que possédait le prince en 1719 pour en faire un territoire souverain et lui permettre ainsi d’obtenir le droit de vote à la Diète. Jusqu’alors, les princes de Liechtenstein étaient une noble famille de grands propriétaires fonciers en Bohème, en Moravie et en Autriche mais aucune de leur possession n’était souveraine.

Avatar photo
Nicolas Fontaine

Rédacteur en chef

Nicolas Fontaine a été concepteur-rédacteur et auteur pour de nombreuses marques et médias belges et français. Spécialiste de l'actualité des familles royales, Nicolas a fondé le site Histoires royales dont il est le rédacteur en chef. nicolas@histoiresroyales.fr