Le prince Eduard d’Anhalt en colère contre les princes adoptés à l’âge adulte dans sa famille

Le prince Eduard d’Anhalt, chef de la Maison d’Ascanie et prétendant au trône de l’ancien duché d’Anhalt, en a gros sur le cœur. Le noble allemand est en guerre contre une partie de sa famille, sa sœur et son beau-frère en tête. En plus de cette querelle d’héritage, le chef de la dynastie s’en prend aussi aux « nouveaux princes », ces hommes qui ont été adoptés à l’âge adulte par des membres de sa famille.

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Le duc d’Anhalt continue sa guerre contre sa sœur et son beau-frère

Le prince Ernest-Joachim d’Anhalt fut le dernier duc souverain d’Anhalt de septembre à novembre 1918, à seulement 17 ans. Durant son court règne, c’est son oncle qui assura la régence. À la fin de la Première Guerre mondiale, l’Empire allemand est démantelé et la monarchie est abolie sur tout le territoire, forçant tous les souverains allemands à abdiquer.

Ernest-Joachim et sa seconde épouse, Editha Marwitz von Stephani, auront trois filles et deux fils, nés entre 1930 et 1941. Le dernier duc d’Anhalt est arrêté par les Soviétiques à la fin de la Seconde Guerre mondiale et décédera dans le camp de Buchenwald en 1947. Son fils aîné, Friederich, lui succède à la tête de la dynastie. Friedrich décède à son tour en 1963, sans enfants, succédé par son frère cadet, Eduard.

Le prince Eduard, connu en Allemagne pour être un commentateur des royautés et un visage familier des émissions sur la noblesse, est en conflit avec sa sœur, la princesse Edda. Eduard et Edda sont les derniers survivants de la fratrie de cinq enfants. Trente-six ans après le décès de leur mère, la hache de guerre n’est pas encore enterrée entre le prince et la princesse. La princesse Edda et son époux, le roi du café, Albert Darboven, ont été désignés comme les seuls héritiers d’Editha Marwitz von Stephani, en 1986.

Aujourd’hui encore, le duc d’Anhalt dénonce la manipulation de sa sœur et de son beau-frère. Il détaille dans un livre comment sa mère a signé son dernier testament sur son lit de mort, aidée par d’autres mains pour tenir le stylo. « Je suis tellement désolée pour ce que je t’ai fait », aurait déclaré la vieille dame sur son lit de mort à son fils, comme le rapporte le duc d’Anhalt à Bunte. « Je ne savais pas de quoi il s’agissait, (…) ce n’est qu’à la lecture du testament que j’ai découvert ce qui avait tant tourmenté ma défunte mère sur son lit de mort ».

Le duc d’Anhalt avoue avoir toujours eu une relation difficile avec sa mère mais il ne comprend pas pourquoi il a été totalement déshérité, « bien qu'[il soit] le dernier descendant mâle de la famille ». Par conséquent « selon notre règlement interne, j’aurais été l’héritier principal », explique-t-il à Bunte. L’homme d’affaires Albert Darboven a toujours démenti les accusations de son beau-frère. Le duc d’Anhalt persiste à donner cette version dans son livre et parle d’un rachat conséquent effectué par la société de son beau-frère, peu de temps après l’époque où il aurait reçu l’héritage de sa mère. La princesse Edda avait aussi une procuration générale sur tous les comptes de sa mère avant sa disparition.

Avant la guerre, la famille d’Anhalt possédait plusieurs domaines, dont le grand palais résidentiel de Dessau, le palais familial de Ballenstedt, au sud de Magdebourg où est né le prince Eduard, et 22 000 hectares de terres. Après la guerre, la famille fut expropriée, le père d’Eduard est mort en captivité, son épouse s’est enfuie dans un monastère de Lüneburg avec leurs enfants, puis à Garmisch-Partenkirchen en Bavière. Depuis toujours, le prétendant au trône se bat pour obtenir une indemnisation de l’État, indemnisation qu’il juge insuffisante car elle lui a simplement permis de régler ses frais juridiques.

Eduard d’Anhalt et son ancêtre, Albert l’Ours, qui a permis à la famille d’Ascanie de régner sur des territoires importants en Saxe-Anhalt (Photo : Matthias Bein/DPA/ABACAPRESS.COM-Zentralbild/ZB)

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L’héritier du trône d’Anhalt dénonce les adoptions d’adultes dans sa famille

Il y a également un autre problème qui tracasse le noble allemand de 80 ans. Le prince Eduard est très en colère contre les adoptions qui ont lieu dans sa famille. En Allemagne depuis l’abolition de la monarchie, les titres nobiliaires sont « confondus » avec le patronyme. Par exemple, « Prinz Eduard von Anhalt » sous l’Empire allemand, est devenu « Eduard Prinz von Anhalt ». Grâce à l’adoption légale, il est possible d’obtenir le patronyme de son nouveau parent. Dans le cas de la famille d’Anhalt, le patronyme allemand à l’État civil est « Prinz von Anhalt ». Par conséquent, la mention de « prince » apparaît légalement sur toutes les pièces d’identité.

L’histoire la plus connue est celle de la tante du prince Eduard, sœur du dernier duc régnant, la princesse Marie-Auguste d’Anhalt, surnommée Magussi. À l’âge de 81 ans, sans le sou et vivant dans un HLM, l’ex-épouse du prince Joachim de Prusse au destin tragique, a adopté l’ancien propriétaire de saunas Hans-Robert Lichtenberg, en échange d’une rente. Depuis lors, il porte le nom de Frédéric Prinz von Anhalt. Le faux prince est connu pour avoir épousé Zsa Zsa Gabor.

« Il y a maintenant une soixantaine d’adultes adoptés qui portent désormais notre nom, Anhalt. J’ai toujours considéré cela comme une honte pour notre vénérable famille », s’indigne le prétendant au trône d’Anhalt. Il s’agit d’un phénomène assez fréquent dans les familles de la noblesse allemande. Des nobles désargentés acceptent d’adopter des adultes contre de l’argent, afin que ceux-ci puissent légalement porter leur nom.

« Beaucoup de gens, en Saxe-Anhalt en particulier, ne comprennent pas comment la République fédérale peut autoriser que le nom de leur patrie historique puisse être si mal utilisé ! », affirme le duc Eduard. Le duc rappelle aussi que son beau-frère et ennemi juré, Albert Darboven, a lui-même été adopté par un grand-oncle. Albert est né sous le nom d’Albert Hopusch et a été adopté pour devenir l’héritier de l’entreprise familiale de café. « Ce qui est presque drôle dans ce drame familial, c’est que ma sœur est mariée à un homme adopté dont le grand-père était autrefois le cocher de ma famille », peut-on lire dans l’autobiographie du prince.

Pour être totalement complet, on peut aussi rappeler au prince Eduard que sa propre mère est née Editha “Edda” Marwitz. Selon Mitteldeutsche Zeitung, Edda aura payé la somme de 10 000 marks à Bertha von Stephani pour être adoptée à l’âge adulte et prendre son noble patronyme.

Le prince Eduard et son ex-épouse, Corinne Krönlein, ont eu trois filles : Katharina, Eilika et Felicitas. Étant le dernier survivant mâle de la famille, le chef de la dynastie a modifié les règles de succession en abolissant la loi salique. En Allemagne, très peu d’anciennes familles régnantes ont passé le cap d’abolir la loi salique dans les règles de succession dynastique, contrairement à d’autres anciennes familles royales européennes où ce changement de règles est plus fréquent. Sa fille aînée, Katharina, porte donc le titre de princesse héréditaire.

La Maison d’Ascanie est l’une des plus anciennes familles de la noblesse allemande, dont on a des traces incontestées jusqu’au 11e siècle. Originaire de la région d’Ostphalie en Saxe, elle est surtout connue sous le nom d’Anhalt, prenant le nom d’une des branches de la famille, nom tiré de leur territoire principal, le duché d’Anhalt. Le duché d’Anhalt, tel qu’il fut avant l’abolition de la monarchie en 1918, avait une superficie de plus de 2300 km2 et sa population était d’environ 350 000 habitants.

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Nicolas Fontaine

Rédacteur en chef

Nicolas Fontaine a été concepteur-rédacteur et auteur pour de nombreuses marques et médias belges et français. Spécialiste de l'actualité des familles royales, Nicolas a fondé le site Histoires royales dont il est le rédacteur en chef. nicolas@histoiresroyales.fr