Ce 19 septembre 2022, les chefs d’État du monde entier étaient réunis à Londres pour assister aux funérailles de la reine Elizabeth II. Des représentants politiques, des dignitaires étrangers et des membres de la famille royale britannique, même éloignés, étaient présents à l’abbaye de Westminster. Le prince Laurent de Belgique, frère du roi Philippe, pousse un coup de gueule concernant ses restrictions de voyage et est écœuré par l’organisation des funérailles.
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Le prince Laurent critique les « soi-disant proches ou adorateurs » de la reine Elizabeth II
L’organisation des funérailles de la reine Elizabeth II a été un véritable casse-tête diplomatique. Les consignes générales étaient d’accueillir le chef d’État de chaque pays du monde, qui pouvait être accompagné par une personne, souvent l’époux ou l’épouse. Les royaumes du Commonwealth ont envoyé leur premier ministre, ainsi que leur gouverneur général, eux-mêmes parfois accompagnés. Parmi les monarques, on a pu voir aussi quelques exceptions, comme la famille royale grecque. La reine Anne-Marie était accompagnée de son fils aîné, le prince héritier Paul, lui-même accompagné de son épouse, la princesse héritière Marie-Chantal.
En Espagne, le roi Felipe VI et la reine Letizia étaient accompagnés par les anciens souverains, le roi Juan Carlos et la reine Sofia. La souplesse concernant les invités royaux est à passer sous le coup de dérogations accordées en raison de la proximité entre les familles royales. Certaines anciennes familles royales, principalement celles des Balkans, étaient représentées au même titre que les familles royales régnantes.
Du côté de la Belgique, c’est le roi Philippe et la reine Mathilde qui représentaient le royaume. Le roi Albert II et la reine Paola, les anciens souverains belges n’avaient pas fait le déplacement. On ne sait pas si une invitation leur a été envoyée mais il est probable qu’on leur ait proposé de venir. Aux Pays-Bas, l’ancienne souveraine Beatrix avait fait le déplacement, tous comme les souverains émérites d’Espagne. Le roi Albert II éprouve des difficultés de se mouvoir, ce qui explique certainement son absence.
Le prince Laurent de Belgique a réagi dans la DH à propos de l’organisation de ces funérailles. « Il y a tellement de personnes quelconques qui s’y rendent… Je n’ai rien à voir avec eux, je n’avais simplement pas ma place. Beaucoup de personnes avaient plus de légitimité que tous ces soi-disant proches ou adorateurs. D’ailleurs, je n’ai pas besoin d’un enterrement pour aller voir les gens ».
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Le prince Laurent aurait dû demander une autorisation au gouvernement belge pour se rendre aux funérailles
Le frère du roi des Belges est offusqué par ceux qui ont poussé des coudes pour s’y rendre mais aussi par les restrictions de voyage qui l’auraient de toute façon empêché d’y aller spontanément s’il y avait été convié. Dans la loi de 2013, qui régit un ensemble de règles que doivent respecter les membres de la famille royale qui bénéficient d’une dotation, il y a des consignes de bonne conduite. Au chapitre 4, ces règles de bonne conduite mentionnent que les voyages à l’étranger doivent être communiqués et validés par le ministère des Affaires étrangères, sous peine de se voir retirer leur dotation royale. La règle diffère si le voyage à lieu dans ou en dehors de l’Union européenne et le caractère du séjour.
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Les voyages privés au sein de l’Union européenne sont autorisés sans restriction. Par contre, tout voyage à l’étranger, « qui peut revêtir une signification politique et, en particulier, s’il comporte un contact avec les hautes autorités de l’État concerné », doit être signifié au ministère des Affaires étrangères, et ce, même si le voyage a lieu dans l’Union européenne.
Si le voyage est prévu en dehors de l’Union européenne (ce qui est donc le cas pour le Royaume-Uni ou la Suisse, par exemple), une demande doit être faite, que le déplacement « soit public ou privé ». Le gouvernement se donne 8 jours pour donner sa réponse. « On parle d’État démocratique et je ne peux pas aller voir ma famille sans une permission, c’est scandaleux. Je n’ai donc pas demandé de dérogation », s’indigne le prince Laurent.
« Je trouve cela surréaliste. Si je dois aller voir un cousin chef d’État, je dois demander une autorisation également. Pareil pour aller voir mon cousin germain au Luxembourg ou ma marraine qui habite à Lausanne. Je dois demander un accord pour me rendre en Suisse, c’est dingue ! » La marraine du prince Laurent est Sophie de Bavière, fille du prince héritier Rupprecht de Bavière et de la princesse Antonia de Luxembourg. Sophie de Bavière a épousé le 12e duc d’Arenberg. Ils vivent en Suisse, et sont donc en dehors de l’Union européenne. Quant au cousin germain du prince Laurent, il s’agit du grand-duc Henri de Luxembourg. En tant chef d’État, le prince Laurent ne peut donc pas le rencontrer dans son pays, même s’il s’agit d’un déplacement privé et même si le Luxembourg est bien dans l’Union européenne.