Il n’est pas fréquent de trouver une princesse au milieu des décombres. C’est pourtant dans les décors fantomatiques des bâtiments abandonnés depuis la fin de l’ère communiste que la princesse Sofia a trouvé son inspiration, un appareil photo à la main. La princesse Sofia de Roumanie, photographe professionnelle, a dévoilé le fruit de son dernier travail surprenant, ce dimanche 29 octobre, lors du vernissage de son exposition à Bucarest. Margareta, Radu, Elena et Maria de Roumanie ont assisté à l’ouverture de l’exposition.
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La princesse Sofia de Roumanie dévoile son projet photographique d’urbex
Du 31 octobre au 12 novembre 2023, la galerie Galateca de Bucarest présente le travail photographique surprenant de la princesse Sofia de Roumanie. L’exposition est intitulée « De la pierre et d’acier – Un voyage dans le monde de l’Urbex ». La quatrième des cinq filles du roi Michel 1er offre ainsi le troisième volet de son travail consacré à la mise en lumière du patrimoine historique, culturel, rural et environnemental de la Roumanie. Les deux premiers s’intéressaient aux monastères roumains et aux paysages ruraux. La troisième exposition invite les visiteurs sur un terrain où aucune princesse n’est attendue : les bâtiments abandonnés.


La princesse Sofia, qui fêtait son 66e anniversaire ce dimanche 29 octobre, a présenté son travail à ses nombreux invités qui avaient fait le voyage jusqu’à Bucarest pour découvrir le monde de l’urbex. La princesse s’est familiarisée avec cette pratique aventureuse. L’urbex (contraction d’exploration urbaine) consiste à visiter des lieux abandonnés et souvent inaccessibles au public. Ces dernières années, une certaine tendance à l’urbex rouge est née chez les passionnés. L’urbex rouge est l’exploration de lieux liés au passé communiste.

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Des lieux de vie qui sombraient dans l’oubli, immortalisés à jamais à travers l’objectif de la princesse Sofia
« Il existe une multitude de bâtiments abandonnés partout dans notre pays », a déclaré la princesse Sofia dans le discours prononcé au vernissage de son exposition. Tous ces paysages abandonnés « sont des fenêtres sur notre passé. Ils ont contribué à façonner ce que nous sommes en tant que peuple. Ils ont façonné des régions entières, des économies, la vie de nombreuses personnes, ainsi que le paysage physique de la Roumanie. »

« En tant que photographe, j’ai trouvé que ces espaces silencieux étaient remplis d’une beauté séduisante qui émanait du chaos visuel et du délabrement qui m’entouraient. À l’exception d’un souffle de vent occasionnel chuchotant à travers une vitre cassée, du goutte-à-goutte irrégulier d’un trou béant dans le toit et des aboiements lointains de chiens errants, le silence régnait. » À travers ses photographies, la princesse Sofia redonne aussi vie à certains objets abandonnés. Les clichés capturent des moments d’intimité comme ceux de familles qui ont quitté leur foyer.



Pour mieux appréhender les lieux pris en photo, la princesse est aussi allée à la rencontre de la population locale. « Les témoignages que nous avons recueillis auprès de certaines de ces personnes nous ont permis d’apprécier ces lieux sous un autre angle. De la décadence et de la désolation, ils sont redevenus dynamiques et actifs en écoutant les histoires vivantes que les habitants partageaient avec nous », explique la princesse Sofia.
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Margareta, Radu, Elena et Maria de Roumanie au vernissage de l’exposition de la princesse Sofia
Sa Majesté Margareta, Gardienne de la Couronne de Roumanie, tenait à soutenir sa sœur cadette dans ses projets et était fortement intéressée par la découverte de ce patrimoine méconnu de Roumanie. Margareta a assisté au vernissage avec son époux, le prince consort Radu. La princesse Elena, sœur puînée de Margareta, était également présente pour découvrir le travail de sa sœur. Enfin, la princesse Maria, dernière des cinq filles du roi Michel 1er, s’est elle aussi plongée dans les photographies de sa sœur, ce dimanche.

La princesse Sofia a également mentionné son père, le roi Michel 1er, en guise de conclusion de son discours : « L’énergie déployée pour commémorer et promouvoir ces lieux reflète l’importance de la valeur culturelle et historique pour l’avenir », a souligné la princesse. « Comme mon père le disait : “Nous ne pouvons pas avoir d’avenir sans respecter notre passé” ».

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La princesse Sofia a étudié les beaux-arts à l’Université de Caroline du Nord, à Ashevillle, ainsi que le graphisme et la photographie au Corcoran College of Art and Design de Washington. En 2018, elle a reçu le Kotinos International Award for Excellence in Photographic Art.

L’exposition, montée avec l’aide d’Irina Cristea, s’accompagne de la sortie d’un livre. Le livre co-écrit avec Jean Milligan, est bilingue en anglais et en roumain. Il est publié par Editura Curtea Veche, dont la fondatrice, Irén Arsene, assurait la présentation ce dimanche. L’album reprend les incroyables photographies qui mettent en lumière la beauté de la précarité et devient un véritable antidote à l’oubli. Grâce à ces photos, ces lieux ne disparaîtront jamais, alors qu’ils sont voués à la démolition ou à une décrépitude absolue.


Des collaborateurs de la Maison royale, des personnalités de la société civile, des membres du corps diplomatique, des invités de la princesse Sofia qui avaient fait le voyage des quatre coins de l’Europe et des journalistes ont assisté à cette soirée exceptionnelle durant laquelle la princesse a également dédicacé quelques livres.