Anchan Preelert ne reverra certainement jamais la lumière du jour. Cette sexagénaire va passer les 43 prochaines années de sa vie derrière les barreaux pour avoir partagé des messages insultants envers le roi et la monarchie thaïlandaise. Initialement condamnée à 87 ans de prison, sa peine à été réduite de moitié après s’être confessée à l’issue du procès. Sa sentence pour crime de lèse-majesté est la plus sévère jamais prononcée en Thaïlande.
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Elle avait échappé au tribunal militaire
Alors que les autorités thaïlandaises arrêtent de plus en plus de manifestants et que le pays tente de censurer les dissidents au régime qui trouvent une certaine liberté sur Internet, la justice a décidé d’appliquer une peine exemplaire à Anchan Preelert, une citoyenne de 65 ans, qui était accusée de crime de lèse-majesté. Insulter le roi de Thaïlande, sa famille ou la monarchie peut avoir de graves conséquences.
Anchan Preelert a insulté le roi entre 2014 et 2015, en partageant 23 vidéos sur YouTube et 3 sur Facebook. Ce contenu n’était pas le sien, puisqu’il s’agissait de discours tenus par un militant pro-démocratie. Les faits se sont déroulés pendant la période du coup d’État de 2014, lorsque la junte militaire s’est emparée du pouvoir. Violemment arrêtée chez elle après avoir partagé les 29 vidéos, elle a dans un premier temps été menée devant un tribunal militaire, avant que l’affaire ne soit reportée devant un tribunal civil une fois que le régime ait été légitimé par des élections.
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Elle écope de 87 ans de prison pour ses crimes de lèse-majesté
Comme 169 autres personnes qui ont été arrêtées pour crime de lèse-majesté durant cette période de coup d’État, la condamnation d’Anchan Preelert n’avait pas encore été prononcée. Le crime de lèse-majesté était jusqu’ici punissable de 3 ans à 15 ans de prison pour chaque violation. Ayant partagé 29 vidéos, elle risquait la peine minimale pour chacune des violations, soit un total de 87 ans. Après avoir plaidé coupable et reconnu ses torts, le tribunal a accepté de réduire sa peine de moitié, soit 43 ans et six mois de prison.
Le Bangkok Post nous apprend que le précédent record d’emprisonnement pour un crime de lèse-majesté en Thaïlande était de 70 ans pour un homme qui avait posté dix photos insultantes sur les réseaux sociaux en 2015. Le tribunal militaire lui avait également permis de réduire sa peine de moitié après ses confessions.
Amnesty International a vivement fustigé la condamnation et alerté les instances internationales. Les autorités thaïlandaises veulent faire de cette condamnation un exemple, alors qu’actuellement des mouvements de protestations se soulèvent dans le pays. La condamnée a déjà fait savoir qu’elle faisait appel et la Cour d’Appel a déjà accepté sa demande. Elle dispose de deux juridictions hiérarchiquement supérieures pour espérer voir sa sentence réduite.
Source : Reuters