Procession du cercueil d’Elizabeth II qui traverse Édimbourg au pas, suivi par ses enfants, jusqu’à la cathédrale Saint-Gilles

Ce 12 septembre 2022, la dépouille de la reine Elizabeth II a quitté le palais de Holyrood pour rejoindre la cathédrale Saint-Gilles d’Édimbourg. Son cercueil reposera dans la cathédrale pendant 24 heures. Le public pourra lui rendre un dernier hommage dès ce soir. La procession du cercueil à travers les rues d’Édimbourg est suivie à pied par les membres de la famille royale.

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Le roi Charles III suit le cercueil de sa mère au pas

La journée du 12 septembre fut bien chargée pour le nouveau roi Charles. En matinée, il s’est adressé pour la première fois devant les parlementaires des deux chambres réunies au palais de Westminster, à Londres. Il s’est ensuite envolé pour rejoindre l’Écosse.

Arrivés en Écosse le roi Charles III et la reine consort Camilla ont été accueillis au palais de Holyrood, la résidence officielle et le lieu de travail du souverain britannique lorsqu’il séjourne en Écosse. Lorsque le souverain s’installe au palais, la cérémonie des clés a lieu au début de son séjour. Elle symbolise la remise des clés de la ville d’Édimbourg.

Le roi Charles III reçoit les clés d’Edimbourg pour la première fois, au quatrième jour de son règne (Photo : Peter Byrne/PA Wire/ABACAPRESS.COM)

Le lord-prévôt déclare : « Nous souhaitons la bienvenue à Votre Majesté dans la capitale de votre royaume ancien et héréditaire d’Écosse et offrons pour votre gracieuse acceptation les clés de la bonne ville d’Édimbourg ». Conformément à la tradition, le roi les remet ensuite aux élus d’Édimbourg pour qu’ils les gardent en lieu sûr. « Je rends ces clefs, étant parfaitement convaincu qu’elles ne peuvent pas être placées entre de meilleures mains que celles du Lord Provost et des conseillers de ma bonne ville d’Edimbourg », répond le roi. Il s’agissait de la première cérémonie des clés pour Charles en tant que roi.

Depuis hier, le cercueil de la reine Elizabeth II, recouvert de son étendard, repose dans la salle du Trône du palais de Holyrood, un château dont les premières fondations remontent à 1128. À l’époque il ne s’agissait pas d’un château mais d’un monastère, commandité par le roi David 1e d’Écosse pour y installer des moines de l’ordre de saint Augustin. Il avait fait construire l’abbaye à l’endroit où il vit apparaître un cerf portant une croix lumineuse entre ses bois. Au cours des 15e et 16e siècle, des résidences royales sont peu à peu construites autour de l’abbaye. Le château a été brûlé par Cromwell en 1650 et reconstruit dans sa forme actuelle à partir de 1671.

Le palais de Holyrood a une histoire particulière avec les rois Charles. Le couronnement écossais de Charles Ier, roi d’Angleterre et d’Ecosse, s’est déroulé dans ce palais en 1633, selon un rite anglican, ce qui a mené à une guerre civile, en pleine terre presbytérienne. Il sera exécuté et le palais endommagé. À la restauration de la monarchie, c’est le roi Charles II qui lance la rénovation du château. Plus récemment, en juin 1965, le prince Charles, désormais roi Charles III, a effectué son premier engagement public dans ce palais, lorsqu’à 16 ans, il a organisé une rencontre avec des centaines d’étudiants.

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Une procession d’une demi-heure le long du Royal Mile

Le cercueil a quitté le palais de Holyrood où il a été veillé toutes ces dernières heures par la Compagnie royale des Archers. Le cercueil a été posé dans un corbillard, pour rejoindre la cathédrale Saint-Gilles, qui fait face au palais, au bout de la longue artère de High Street, aussi appelé le Royal Mile. Les deux bâtiments sont séparés d’environ 1 km. Le roi Charles III, la princesse Anne, le prince Andrew et le prince Edward suivaient le corbillard. L’époux de la princesse Anne fermait la marche.

Le corbillard traverse lentement le Royal Mile, suivi par les enfants de la reine qui marchent au pas (Photo : Andrew Milligan/PA Photos/ABACAPRESS.COM)

À la cathédrale Saint-Gilles, un office religieux d’actions de grâce a été célébré en présence des membres de la famille royale. La couronne d’Écosse, portée par le 16e duc de Hamilton et Brandon, premier des pairs du royaume d’Écosse, a été posée sur le cercueil. La couronne d’Écosse, couronne des Stuart, est la seule couronne britannique à avoir échappé à la fonte par Cromwell. Elle est donc la plus vieille couronne royale du pays.

Le duc de Hamilton dépose la couronne sur le cercueil de la reine Elizabeth II (Photo : capture d’écran vidéo)

Depuis le début du 18e siècle, le duc de Hamilton est désigné comme le Gardien de la Couronne et la fonction est héréditaire. Le port d’une couronne pour le roi d’Écosse remonterait au moins jusqu’à Robert Bruce, lors de son couronnement à Scone en 1306. La couronne passe à Robert II, petit-fils fils de Robert Bruce, premier roi de la dynastie Stuart, en 1371. La couronne prend la forme actuelle durant le règne de Jacques V.

La couronne des Stuart posée sur le cercueil de la reine Elizabeth II (Photo : capture d’écran vidéo)

La couronne a été conçue par l’orfèvre John Mosman, qui a fondu l’ancienne couronne après avoir ôté les pierres précieuses. Il crée alors une nouvelle couronne de style Renaissance. On y voit des fleurons et des fleurs de lys, qui rappellent l’alliance entre les rois d’Écosse et de France. Les pierres précieuses qui ornent la couronne sont 22 grenats et améthystes et 68 perles fines écossaises. Au sommet de la couronne se trouve un petit globe terrestre en or, émaillé de bleu, qui viendrait de France. La fille de Jacques V, Marie Stuart, lui succède deux ans après la confection de la couronne la portera lors de son sacre.

À l’abolition de la monarchie, Cromwell tente de s’emparer de la couronne, cachée au château de Dunnottar, réputé pour être impénétrable. Lorsqu’il entre dans la forteresse, il la met à sac mais ne trouve pas la couronne. Il existe plusieurs histoires concernant sa protection. À la restauration de la monarchie, la veuve d’un pasteur près de Dunnottar déterre la couronne qui était enfouie près de son église.

Les premières fondations de la cathédrale datent de 1120. Incendiée en 1385, elle est renconstruite au cours du 15e siècle. En 1559, l’église devient protestante et elle devient le siège du nouveau diocèse d’Édimbourg en 1633, sous le règne de Charles 1e. Elle est aussi le siège de l’ordre du Chardon, l’ordre le plus important d’Écosse et le second dans l’ordre de préséance au Royaume-Uni, après l’ordre de la Jarretière.

Après l’office, la famille royale a quitté la cathédrale et le roi Charles a continué ses obligations. Il a notamment rencontré pour la première fois la Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, au palais de Holyrood. Ensuite, il se rendra au parlement écossais pour rencontrer sa présidente, Alison Johnstone afin de recevoir la motion de condoléances des députés. La reine consort sera présente. La cérémonie sera suivie par une réception en présence des parlementaires.

Enfin, une veillée sera mise en place à la cathédrale Saint-Gilles, durant laquelle des membres de la famille se recueilleront. Il s’agit d’une cérémonie connue comme la veillée des princes. Les membres de la famille montent la garde autour du cercueil. Traditionnellement, seuls les hommes se tiennent à côté de la dépouille. Pour la première fois une femme, la princesse Anne, prendra part à la veillée des princes. La dernière veillée des princes remonte à 2002, avant les funérailles de la reine mère.

Pendant la veillée, la cathédrale est ouverte au public et ce pendant 24 heures, afin que les Écossais puissent se recueillir devant le cercueil. Ce mardi, le cercueil prendra l’avion et rentrera en Angleterre à bord d’un avion de la Royal Air Force. La dépouille reposera durant la nuit dans la Bow Room du palais de Buckingham puis elle rejoindra le palais de Westminster lors d’une nouvelle procession.

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Nicolas Fontaine

Rédacteur en chef

Nicolas Fontaine a été concepteur-rédacteur et auteur pour de nombreuses marques et médias belges et français. Spécialiste de l'actualité des familles royales, Nicolas a fondé le site Histoires royales dont il est le rédacteur en chef. nicolas@histoiresroyales.fr