Le roi Felipe a assisté à l’investiture du nouveau président colombien dimanche dernier. Les images parvenues jusqu’en Espagne n’ont pas satisfait certains députés, qui dénoncent le manque de respect du roi d’Espagne envers les emblèmes nationaux étrangers. Le roi Felipe VI ne s’est pas levé au passage de l’épée de Simon Bolivar, créant une polémique futile. Bien qu’ayant respecté le protocole, certains dénoncent son refus de montrer son respect face à un objet symbolisant l’indépendance des anciennes colonies espagnoles.
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Pourquoi le roi Felipe ne s’est pas levé au passage de l’épée de Simón Bolívar ?
Le roi Felipe a assisté à plus de 70 cérémonies d’investiture présidentielle en Amérique latine, en tant que roi d’Espagne et déjà en tant que prince des Asturies, en remplacement de son père, depuis 1996. Il connaît parfaitement le protocole et la façon de procéder. Chaque cérémonie est différente, parfois dans un stade de football, parfois dans l’enceinte du parlement, parfois sur une place publique. Le roi Felipe sait parfaitement comment se tenir et sa présence sur place a pour but de renforcer les liens historiques et culturels qui lient l’Espagne à ses anciennes colonies.
Ce dimanche 7 août 2022, le roi Felipe a interrompu ses vacances à Majorque pour se rendre, le temps d’une journée, à Bogota. Le roi Felipe a assisté à la passation de pouvoir entre le président sortant, Iván Duque, et le nouveau président, Gustavo Petro. Le nouveau président, ancien maire de Bogota, est le tout premier président colombien de gauche. Durant la cérémonie, une caisse en verre contenant une épée ayant appartenu à Simon Bolivar a été installée sur le podium, à côté du nouveau président. Le roi Felipe, comme d’autres chefs d’État étrangers qui assistaient à la cérémonie depuis une tribune, ne s’est pas levé au passage de l’épée. L’image a été diffusée à la télévision.
Simon Bolivar, surnommé El Libertador, est l’acteur principal de la prise d’indépendance de plusieurs pays d’Amérique du Sud. Entre 1813 et 1830, il sera le premier président de Colombie, du Venezuela et du Pérou. Seize après la fin de la période coloniale dans le Haut-Pérou, ce nouvel État met enfin en place sa nouvelle république, lui donnait le nom de Bolivie, en l’honneur de Bolivar, qui sera d’ailleurs le tout premier président du pays en 1825.
Le roi Felipe a suivi le protocole et l’épée ne faisait pas partie du scénario initial
L’épée du libérateur était celle de Simon Bolivar, qui avait pris la décision de ne plus jamais la dégainer, une fois l’indépendance trouvée. L’épée a été volée dans un musée en 1974 par le mouvement de guérilla M-19, puis rendue au gouvernement en 1990. Le nouveau président Petro fut membre du groupe M-19.
À la dernière minute, Gustavo Petro a demandé à inclure le passage de l’épée lors de sa cérémonie d’investiture. Elle n’était pas prévue au programme. La loi colombienne du 12 de 1984 indique que les seuls symboles nationaux sont « le drapeau, les armoiries et l’hymne national ». Le nouveau président souhaite promulguer un nouveau décret pour y ajouter l’épée de Bolivar.
🇨🇴El Rey se ha dirigido a la Casa de Nariño para asistir a la continuación de los actos con motivo de la transmisión del mando presidencial al presidente electo de la República de Colombia, Gustavo Petro.
— Casa de S.M. el Rey (@CasaReal) August 8, 2022
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Podemos en profite pour s’en prendre au roi d’Espagne
El Mundo vient à la rescousse du roi Felipe, expliquant qu’il respecte à la lettre le protocole et le déroulement prévu pour la cérémonie, qu’il a consciencieusement étudié avant d’assister à l’acte. Le roi Felipe a agi comme il devait le faire, « non seulement, en raison de son parcours et de son expérience, mais aussi parce que l’équipe du Roi reçoit un manuel de transmission de commandement avant de prendre ses fonctions, qui explique comment se déroulera la cérémonie ». Dans le manuel explicatif, il ne faisait nulle part mention de l’épée, puisque ce passage a été ajouté en dernière minute.
Pourtant, le parti politique Podemos a une fois de plus sauté sur l’occasion pour s’en prendre au roi Felipe. La cheffe du parti, la députée Ione Belarra, a demandé au roi Felipe de s’excuser tandis que le porte-parole du parti, Pablo Echenique, en a profité pour appeler à l’abolition de la monarchie.
« Le roi ne peut pas faire ce qu’il veut. Ses actions doivent être approuvées par le gouvernement. C’est pourquoi nous allons demander au ministère des Affaires étrangères si les actions irrespectueuses de Felipe VI en Colombie ont été approuvées ou non », écrit le politicien d’extrême gauche sur Twitter. « J’espère que bientôt l’Espagne sera représentée par un président… élu par les citoyens. »
El Mundo s’en prend à son tour à Podemos, expliquant que « malgré la recherche de controverse là où elle n’existe pas, le roi respecte toujours les symboles des autres États. » Le quotidien ajoute que c’est plutôt le roi Felipe qui est régulièrement victime d’un manque de respect envers les symboles constitutionnels espagnols lorsque « Podemos, parti du gouvernement érigé en défenseur des symboles étrangers non constitutionnels », décide de « ne pas les respecter ».