Le diadème Cartier habsbourgeois serait-il enfin devenu une possession de la reine Letizia ? L’épouse du souverain espagnol portait ce 16 novembre, à l’occasion du banquet d’État en l’honneur du président italien, le diadème habituellement porté par la reine Sofia. Ce magnifique diadème serti de diamants et surmonté de grosses perles est un bijou appartenant à la famille royale espagnole depuis la fin du 19e siècle. La reine Letizia n’avait porté ce diadème qu’une seule fois jusqu’à ce jour.
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La reine Letizia porte le diadème Cartier en l’honneur de Sergio Mattarella
La reine Letizia a choisi de porter un bijou qui a longtemps été porté sur les têtes de reines et des infantes d’Espagne. C’est en novembre 2018, à l’occasion du banquet d’État organisé pour le président chinois que Letizia était coiffée pour la première fois de cet imposant diadème, jusqu’ici uniquement porté par la famille de sang de Juan Carlos et par Sofia.
À l’occasion du banquet d’État en l’honneur du président italien Sergio Mattarella, arrivé au bras de sa fille, Laura, la reine Letizia portait à nouveau ce diadème. Peut-on imaginer que le diadème a définitivement rejoint la cassette personnelle de la reine Letizia ou l’a-t-elle demandé en prêt à sa belle-mère ? On ne sait pas exactement qui est l’actuel propriétaire du diadème. Jusqu’à présent, il semblerait qu’il appartenait au roi émérite Juan Carlos. Felipe l’a-t-il racheté à son père ? Juan Carlos et son épouse le prêtent-il à l’épouse de leur fils ?
La reine Letizia portait une longue robe noire et sobre, rappelons que le roi Felipe a choisi d’instaurer un règne d’austérité, qui faisait ressortir ses imposants bijoux. À son écharpe verte au liseré rouge, de l’ordre du Mérite de la République italienne, elle avait agrafé à la taille l’insigne de l’ordre dont elle est dame grand-croix. Comme le veut la tradition diplomatique lors des banquets d’État, les convives et les hôtes portent les plus hautes distinctions reçues dans l’autre pays. Le président italien portait donc en retour ses insignes de l’ordre d’Isabelle la Catholique.
Contrairement aux autres monarchies européennes, la plupart des bijoux de la famille royale espagnole ne sont pas réunis au sein d’une collection royale, mais appartiennent bien à titre personnel à des membres de la famille. Ainsi, diadèmes, broches, bracelets, colliers et boucles d’oreilles sont hérités, légués, vendus, rachetés ou prêtés d’une génération à une autre.
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Le diadème Cartier russe ou le diadème Cartier habsbourgeois ou encore le diadème à boucles de la reine Sofia…
Le diadème Cartier habsbourgeois porte plusieurs noms. On le qualifie parfois de diadème russe à cause de sa hauteur qui rappelle les traditionnelles coiffes kokochniks en Russie. Ce diadème est aussi parfois appelé le diadème à boucles de la reine Sofia, celui-ci étant la dernière à le porter régulièrement. Nous préférons l’appeler le diadème Cartier habsbourgeois car cette dénomination rappelle à la fois le nom du joaillier qui l’a créé mais rend aussi hommage à la dynastie autrichienne qui régna pendant plusieurs siècles sur les territoires ibériques.
Le diadème en platine, serti de diamants et surmonté de perles, a été confectionné par le joaillier français Cartier à la fin du 19e siècle pour la reine Marie-Christine. Née archiduchesse Marie-Christine d’Autriche en 1858, la future reine d’Espagne est doublement liée à la dynastie des Habsbourg-Lorraine. Son père était Charles-Ferdinand de Habsbourg, issu de la branche des ducs de Teschen. Quant à sa mère, Élisabeth de Habsbourg, elle était la petite-fille de l’empereur Léopold II d’Autriche.
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Un diadème créé pour la reine Marie-Christine
Le 29 novembre 1879, Marie-Christine épouse le roi Alphonse XII d’Espagne, déjà monté sur le trône à 17 ans cinq ans auparavant. Alphonse XII était déjà veuf et venait de voir mourir sa nouvelle fiancée, sœur de sa défunte épouse. Cette union entre un roi Bourbon et une archiduchesse d’Autriche permet ici de rappeler les liens forts de l’Espagne envers ces deux familles. Les Habsbourg ont régné sur les territoires espagnols depuis Philippe 1e le Beau, père de Charles Quint, en 1504, jusqu’à Charles II, dont la mort en 1700 a entraîné la Guerre de succession. C’est le roi français Louis XIV qui à l’issue de la guerre, permit à son petit-fils, Philippe, de monter sur le trône espagnol. La famille royale espagnole actuelle descend de cette branche des Bourbon.
Marie-Christine est d’autant plus importante dans l’histoire espagnole, qu’à la mort de son époux à 27 ans en 1888, elle est enceinte de leur troisième enfant. Durant les derniers mois de sa grossesse, et jusqu’à la naissance de son premier fils, elle tiendra les rênes du royaume. Elle continuera à assurer la régence lors des premières années de règne d’Alphonse XIII. Celui-ci héritera du diadème Cartier de sa mère, à sa mort en 1929.
Alphonse XIII donna à son tour le diadème à son troisième fils, Juan, à l’occasion de son mariage avec Maria Mercedes de Bourbon-Siciles en 1935. À cette date, la monarchie est déjà abolie en Espagne. Par différents malheurs familiaux, c’est Juan, titré comte de Barcelone, qui devint l’ainé de la fratrie et devint le prétendant au trône à la mort d’Alphonse XIII en 1941. Le dictateur Franco prendra sous son aile Juan Carlos, fils du comte et de la comtesse de Barcelone et en fera son héritier. La monarchie sera réinstaurée à la mort de Franco et Juan Carlos deviendra roi d’Espagne en 1975.
Durant la période franquiste, Maria Mercedes, comtesse de Barcelone garda précieusement le diadème Cartier. Elle le portait lors des grands événements du Gotha et le prêta notamment une fois dans les années 70 à sa belle-fille, Sofia, épouse de son fils Juan Carlos, lors d’une visite à Téhéran.
Maria Mercedes a aussi prêté ce diadème à sa fille, l’infante Pilar, qui l’a porté à son mariage en 1967. Lorsque la monarchie fut rétablie en 1975, la comtesse de Barcelone accepta de laisser le diadème, qui revenait plus naturellement à la reine légitime, à sa belle-fille. La fille de Pilar, Simoneta, porta aussi le diadème à son mariage en 1990, ce qui laisse penser que Maria Mercedes en était toujours la propriétaire officielle.
Maria Mercedes est décédée en 2000. On ne sait pas exactement si c’est l’une de ses filles, Margarita ou Pilar, ou bien même son fils, Juan Carlos, qui a hérité du bijou. Celui-ci n’étant pas inscrit dans une collection royale, il se pourrait même qu’il s’agisse d’un héritage à se partager entre ses trois enfants. Juan Carlos a-t-il fini par le racheter à ses deux sœurs ? Celles-ci ont-elles accepté de lui céder ou de lui prêter à l’occasion ?
Toujours est-il que c’est seulement en 2006, lors d’un banquet d’État en Norvège, que la reine Sofia a porté le diadème pour la première fois depuis la mort de sa belle-mère. Six ans se sont écoulés, ce qui laisse penser que des questions de succession se sont posés autour du bijou Cartier. Depuis lors, le diadème n’était porté que par la reine Sofia. Elle ne l’a plus porté à partir de l’abdication de son époux, en 2014. Il a fallu attendre 2018 pour le voir porté par la reine Letizia. Une fois de plus, on ne sait pas qui est le véritable propriétaire du diadème mais une chose est sûre, c’est qu’il sera toujours porté par l’épouse du souverain et parfois prêté pour de grandes occasions. On peut un jour espérer voir ce diadème sur la tête de la future reine Leonor.