C’est une première au Japon, la princesse Aiko de Toshi, fille unique de l’empereur Naruhito, ne recevra pas un diadème personnel à sa majorité. La princesse Aiko fêtera ses 20 ans, âge de la majorité au Japon, début décembre. À cette occasion, il est de tradition que les princesses reçoivent leur diadème personnel, qu’elles porteront lors de chaque événement. Mesures économiques obligent, en période de crise, aucun diadème n’a été confectionné pour la princesse Aiko. Elle héritera du diadème autrefois porté par sa tante.
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La princesse Aiko recevra son diadème attitré à sa majorité
Il est de tradition dans la famille impériale du Japon d’offrir un diadème à chaque princesse, le jour de sa majorité. Elle porte alors ce jour-là pour la première fois, son diadème, sa parure assortie et une robe de gala blanche. Il s’agit de la tenue habituelle que la princesse portera ensuite à chacun des événements officiels qui exigent une tenue de gala, comme lors des banquets d’État, par exemple.
Au Japon, les tiares sont toutes serties de diamants. Elles sont confectionnées et offertes grâce à des fonds publics récoltés à l’occasion du 20e anniversaire de la princesse concernée. Le diadème étant financé par des fonds publics, celui-ci appartient à l’État et doit impérativement revenir dans les coffres de la famille, au moment du décès ou lorsque la princesse quitte la famille impériale, habituellement lors de son mariage.
Au début de l’année 2021, la presse nippone avait remarqué qu’il manquait une ligne au nouveau budget alloué à l’Agence de la Maison impériale. L’anniversaire des 20 ans de la princesse Aiko est un événement important. Si elle ne peut pas accéder au trône du Chrysanthème, la loi salique étant toujours d’application au Japon, sa majorité signifie qu’elle pourra dorénavant assurer des engagements officiels pour la Maison impériale.
En début d’année, TV Tokyo s’était interrogée du manque de budget prévu en 2021 pour la confection d’un nouveau diadème pour la princesse Aiko. «Nous ne l’avons pas inclus en raison de la situation avec le coronavirus», avait répondu un porte-parole de l’Agence impériale. Jusqu’ici, on pensait alors que les bijoux (habituellement un diadème et une parure composée d’un collier et des boucles d’oreilles, parfois aussi une broche) seraient financés en puisant dans une autre ligne du budget, comme par exemple dans le portefeuille mis à disposition de l’empereur pour les dépenses personnelles de son ménage.
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La fille de l’empereur Naruhito héritera du diadème de sa tante Sayako
Ce 16 novembre, l’Agence impériale a révélé le programme officiel de l’anniversaire de la princesse Aiko. Outre l’organisation des différents événements, on y apprend aussi que la princesse héritera du diadème de sa tante. La fille unique de l’empereur émérite Akihito a perdu son statut de princesse lors de son mariage en 2005. L’ancienne princesse Sayako, titrée princesse de Nori, est dorénavant connue comme Sayako Kuroda, du nom de son époux.
À son mariage, la princesse Sayako a été rayée des registres de la famille impériale et a dû rendre sa parure financée par l’État. Selon les calculs de TV Tokyo, il y aurait actuellement sept diadèmes qui reposent dans les coffres. Ces diadèmes appartenaient à une princesse décédée ou à une princesse mariée.
Le diadème de l’ancienne princesse Sayako, princesse de Nori, est un peu particulier. Son origine est incertaine. Le diadème qu’elle a reçu à ses 20 ans, le 18 avril 1989, serait (peut-être) déjà un héritage ou alors une réplique d’un ancien diadème. Le diadème aux motifs végétaux, très délicat et avec un gros diamant central, ressemble très fortement à un ancien diadème porté par la princesse Masako de Nashimoto.
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Une réplique du diadème de la princesse héritière Bangja de Corée ?
La princesse Masako (1901-1989), était la fille ainée du prince Nashimoto Morimasa, un membre d’une branche cadette de la famille impériale. Par sa mère, elle était la petite-fille du marquis Naohiro Nabeshima. Elle était par ailleurs la cousine germaine de l’impératrice Kojun et donc une cousine par alliance de l’empereur Hirohito.
En 1920, la princesse Masako a épousé le futur prince héritier Euimin de Corée, l’un des fils de l’empereur Gojong de Corée. Après l’annexion de la Corée par le Japon, la famille impériale coréenne était sous le contrôle nippon. La princesse Masako sera connue à son mariage comme la princesse Bangja.
Au vu du peu de documentation de l’époque sur le sujet, on ne sait pas si la princesse Masako a reçu son diadème pour ses 20 ans en 1921 ou pour son mariage, en 1920. Il se pourrait aussi qu’elle ait reçu ce diadème dans un autre contexte. En 1926, meurt Sunjong (ou Yunghui), le dernier empereur de Corée. Sunjong était le frère ainé du prince Euimin. Sunjong n’ayant pas de descendants, Euimin était déjà désigné comme l’héritier de son frère. Le règne de Sunjong avait pris fin en 1910 lors de l’annexion de la Corée par le Japon. En devenant le prétendant au trône de Corée et chef de la famille, il se peut que l’épouse d’Euimin ait reçu un diadème à cette occasion.
Le diadème de la princesse Masako (Yi Bangja) a été exposé par le joaillier Mikimoto en 2007. Dans cette exposition, la date de confection indiquée est 1923. Si la date est correcte, elle ne l’aurait donc pas reçu pour ses 20 ans ni pour son mariage. On ne sait pas de source sure non plus si le diadème de l’épouse du prince héritier Euimin est celui porté par la princesse Sayako. Il pourrait s’agir d’une réplique avec quelques légères modifications.
La parure reçue par la princesse Sayako a ceci de particulier qu’il ne suit pas la mode de la parure miroir. Ces dernières décennies, les parures (diadème et collier) formaient une sorte d’image miroir. Le collier porté autour du cou était presque l’image renversée du diadème porté sur la tête. Ce n’est pas le cas du diadème et du collier portés par Sayako.
Pour avoir une idée du prix d’une telle parure, il faut se référer aux dépenses réalisées pour la confection des derniers diadèmes. Pour la parure du 20e anniversaire de la princesse Kako, en 2004, c’est le joaillier Mikimoto qui avait remporté l’appel d’offre du gouvernement. Pour le diadème de la princesse Mako, qu’elle vient de rendre il y a quelques jours lors de son mariage, c’est le joaillier Wako qui avait remporté l’appel d’offre. Chacune des parures des filles du prince héritier s’élevait à 30 millions de yens, soit environ 230 000 euros actuels. Un montant largement supérieur aux précédentes parures, si on en croit ce site japonais spécialisé, qui indique un prix de 15 millions de yens pour le diadème de la princesse Ayako et environ le même prix pour le diadème de la princesse Noriko.